Au XIIIème siècle, afin de répondre aux nouvelles exigences spirituelles de populations tentées par les doctrines cathares ou vaudoises, St Dominique avait créé l'ordre des frères prêcheurs, ou dominicains, nouvel ordre mendiant qui se donnait pour mission d'évangéliser par le prêche et par l'exemple d'une vie fondée sur l'idéal de pauvreté. Cet ordre traversa les siècles pour finalement être, comme les autres ordres religieux, supprimé de France en 1792. Mais, sous la restauration puis sous la monarchie de Juillet, le rétablissement d'une royauté plus favorable à la religion donna à l'Eglise l'espoir de se réveiller en France. Cela dit, les ordres religieux se voient toujours suspectés, en particulier les congrégations masculines, et les questions de la légalité de leur restauration ne sont pas évidentes. C'est dans ce contexte que le jeune Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861) mûrit son projet de restaurer en France l'ordre dominicain.
[...] Son parcours est jalonné d'étapes qu'on retrouve pour certaines dans le texte : au tout début (l.1- il évoque les premiers temps du projet lancé trois ans auparavant. A cette époque, à Rome, après avoir revêtu l'habit dominicain, Lacordaire proposait de le réintroduire en France, et publiait le fameux Mémoire évoqué l.3-5. Sans se nommer, Lacordaire rappelle donc cette première étape de 1839. Puis, l. 7-10, toujours sans se nommer, Lacordaire évoque les nombreux voyages en France qu'il a fait pour chercher des appuis et défendre la restauration de l'ordre. [...]
[...] On sait qu'alors que la lettre qu'on a sous les yeux est rédigée, Lacordaire dans le même temps prévoit de nombreux voyages : Bordeaux, Turin, Lyon, Mâcon Il rappelle également sa première apparition vêtue de l'habit blanc et noir en chaire de Notre-Dame, acte symbolique important, en février 1841. Ceux qui écoutèrent ce sermon reconnaissaient implicitement la restauration de l'ordre, ce que reprocha Isambert à Martin du Nord. Puis, l. 10-11, Lacordaire mentionne une Vie de St Dominique qui aurait rencontré un grand succès : il s'agit de sa propre publication, tirée à 1500 exemplaires, celle-là même dont il espérait tirer de bons droits d'auteurs. Une opinion publique favorable ? A ces implications, Lacordaire évoque une opinion publique favorable, accueillante. (l. 13-14). [...]
[...] Lacordaire, dans la partie coupée du texte, demande à Montalembert de faire partie du patronage de l'œuvre, c'est à dire d'être l'un des trésoriers. Puis, il lui demande son avis sur le discours qu'il a écrit pour justifier sa requête aux français. C'est ce discours qui nous occupe, car à travers lui il est intéressant de saisir quels sont les différents enjeux du rétablissement de l'ordre, son impact sur l'opinion et cela en relation avec le contexte politique et religieux prégnant en 1841. [...]
[...] C'est dans ce contexte que le jeune Henri-Dominique Lacordaire (1802-1861) mûrit son projet de restaurer en France l'ordre dominicain. Libéral, éduqué à une époque en proie à l'anticléricalisme, il se convertit au catholicisme et devient le défenseur de l'idée d'un catholicisme adapté à son temps, et il est en particulier adepte de l'idée d'un catholicisme social, idée qui se répand alors dans la société. Il prêche avec de grands succès au collège Stanislas, puis se voit confié le prêche de la chaire de Notre-Dame à Paris. [...]
[...] La différence se trouve dans le fait qu'elle n'est plus portée par un gouvernement ou la hiérarchie de l'Eglise : c'est la ferveur populaire qui en est à l'origine, conséquence des réseaux clandestins qui seuls ont pu faire perdurer la religion. Dans les faits, ce sont les congrégations féminines qui ont la prééminence (l. Lacordaire évoque les sœurs de la Charité, qui sont très populaires. La multiplication des ordres religieux (l. 68-69), est parallèle à de nouvelles formes sacramentelles, de la liturgie ou de l'art sacré. [...]
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