Piltdown est un village du sud de l'Angleterre qui se rendit célèbre au début du vingtième siècle par la découverte d'ossements intrigants. Ils furent identifiés comme provenant d'un être non répertorié, et qui pourrait être le fameux chaînon manquant ? ou tertiary man ? entre le singe et l'Homme que les paléontologistes attendaient tant.
En fait, au même endroit avaient été découverts un crâne d'homme et une mâchoire de singe qui furent alors attribués à la même créature, qui sera baptisée l'homme de Piltdown. Néanmoins, au fil du temps, cette découverte se révèle être l'une des plus importantes fraudes scientifiques de l'Histoire.
C'est à cette fraude que nous nous intéressons dans ce dossier, où nous évoquerons tout d'abord les faits historiques, en rappelant le contexte particulier, avec la volonté de presque tous les paléontologistes de trouver ce chaînon manquant dans l'évolution de l'Homme, puis les acteurs de la fraude et nous détaillerons enfin la chronologie de cette découverte. Nous verrons ensuite tout ce qui touche à la fraude en elle-même, de ses détracteurs de la première heure, qui n'ont jamais cru à l'existence de cet homme tertiaire mais qui n'avaient pas assez de preuves pour faire valoir leur thèse, à la façon dont elle est progressivement mise à jour. Et bien que l'Homme de Piltdown ne soit pas un cas isolé, comme William Broad et Nicholas Wade l'expliquent dans La Souris Truquée, nous allons tenter d'expliquer pour quelles raisons cette fraude a eu lieu, pourquoi elle a pris une telle ampleur et pourquoi la thèse de Piltdown avait été acceptée par tous.
Enfin, nous nous pencherons sur le véritable intérêt de ce dossier, c'est-à-dire l'enquête qui aurait dû désigner le coupable... Nous étudierons différentes thèses, en nous attardant principalement sur les cinq personnes qui étaient les mieux placées pour tout manigancer : Charles Dawson, le père Teilhard de Chardin, Sir Arthur Keith, William Sollas et Lewis Abbott.
[...] Une alliance des deux partenaires semble donc être une hypothèse a écartée. Une autre lecture des faits peut être faite : Abbott se considérant comme le confident et le mentor de Dawson. Il se considérait comme celui qui avait mit Dawson sur la piste des découvertes et donc de la reconnaissance, et comme l'homme qui a confirmé l'importance sans pareil de la découverte. Apparemment, Dawson ne se montrait pas assez reconnaissant envers Abbott, ce dernier affirmant : Dawson se comporte vraiment mal à mon égard au regard de toute cette affaire, alors que mon principal assistant a lui-même fait remarqué en ne voyant aucune référence à mon nom dans le rapport : il est sur que sans Lewis Abbott, l'homme de Piltdown n'aurait jamais vu le jour. [...]
[...] Louis F. Salzmann (anglais, 33ans) : Archéologue et historien, membre du Conseil de la Société archéologique du Sussex à Lewes puis éditeur de la revue de cette même société. Il déteste manifestement Dawson, d'où sûrement le mutisme total dans lequel s'enferma la revue, bien que la découverte ait été faite par l'un des leurs. Quelques suspects envisagés : - bien sûr tous les acteurs principaux de l'affaire et leurs défenseurs, - William J. Sollas, professeur de géologie à Oxford, - William Ruskin Butterfield, conservateur du musée de Hastings, - Samuel Allinson Woodhead, principal du collège agricole d'Uckfield, - et même le "père" de Sherlock Holmes, Sir Arthur Conan Doyle 3. [...]
[...] En fait, au même endroit avaient été découverts un crâne d'homme et une mâchoire de singe qui furent alors attribués à la même créature, qui sera baptisée l'homme de Piltdown. Néanmoins, au fil du temps, cette découverte se révèle être l'une des plus importantes fraudes scientifiques de l'Histoire. C'est à cette fraude que nous nous intéressons dans ce dossier, où nous évoquerons tout d'abord les faits historiques, en rappelant le contexte particulier, avec la volonté de presque tous les paléontologistes de trouver ce chaînon manquant dans l'évolution de l'Homme, puis les acteurs de la fraude et nous détaillerons enfin la chronologie de cette découverte. [...]
[...] Tout d'abord, elle montre que Dawson était déjà en possession de dents d'éléphant et d'hippopotame venant officiellement de Piltdown. Les analyses des taux de radioactivité et de fluor tendaient à rapprocher les dents d'éléphant avec le gisement du lac Ichkeul et celles d'hippopotame avec les grottes de Ghar Dalam, deux lieux présent entre Le Caire et la France, trajet effectué par Teilhard, mais elles ne sont pas mentionnées dans ses lettres, très précises sur ses découvertes, d'Egypte, d'Hastings ou de Paris. [...]
[...] En réalité, le mystérieux auteur de l'article du British Medical Journal n'était autre que Sir Arthur Keith lui-même. Révélée par Ian Langham et Franck Spencer, cette découverte était fondée sur l'existence de deux journaux tenus par Keith dès 1908, l'un hebdomadaire et l'autre quotidien. Dans son journal hebdomadaire pour l'année 1912, Keith avait noté que le 16 décembre il avait écrit l'article pour le British Medical Journal sur la réunion de la Société géologique de Londres devant se tenir deux jours après à Burlington House. [...]
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