Dans l'immédiat après guerre, la vision du le système concentrationnaire était principalement bipolaire, les victimes étant clairement identifiées en opposition aux bourreaux. Pourtant une distinction bien plus subtile doit être établie et faite des hommes, certes détenus mais qui se mirent au service des SS. Cette distinction est mise en évidence par la hiérarchie des détenus qui est calquée sur celle de l'administration SS. Ainsi, au Lagerkommandant, correspond le Lageralteste, le doyen du camp. De même, au Blockführer correspond le doyen de chaque block, (le Blockaltester) qui nomme le doyen de chambrée (Stubenaltester) et les secrétaires du block (Schreibstube). En dessous de cette première catégorie dans la hiérarchie détenue, se trouvent le Stubenaltester, le doyen de la chambrée et qui dispose d'une autorité sur le Pfleger (l'infirmier), le Stubendienst (le détenu responsable de la chambre) et le Stubenarzt, le médecin de la chambrée. A cette hiérarchie type, s'ajoute celle qui est réservée à la responsabilité des kommandos de travail et qui donc apporte quelques modifications à la première hiérarchie.
Les kapos se trouvent dans cette seconde hiérarchie, qui en réalité complète la première, et représentent le dernier échelon de toute la hiérarchie des détenus. Par définition, la hiérarchie des détenus se situe en dessous de la hiérarchie administrative SS, ainsi les kapos sont ils bien le dernier grade entre l'autorité et les détenus sans aucune fonction disciplinaire ou d'organisation, ils surveillent le travail des déportés, maintiennent la discipline… En somme, ils régissent la vie quotidienne des détenus.
La délégation de pouvoir et la construction puis le fonctionnement du camp par les détenus eux-mêmes ne sont pas des concepts créés par le système concentrationnaire nazi mais viennent principalement de l'armée. Ce concept a été repris par le premier chef de l'IKL, Théodor Eicke qui a développé cette idée de la terreur à Dachau.
[...] Les kapos dans le système concentrationnaire de la Seconde Guerre Mondiale : Objets ou sujets de l'Histoire ? Dans l'immédiat après guerre, la vision du le système concentrationnaire était principalement bipolaire, les victimes étant clairement identifiées en opposition aux bourreaux. Pourtant une distinction bien plus subtile doit être établie et faite des hommes, certes détenus mais qui se mirent au service des SS. Cette distinction est mise en évidence par la hiérarchie des détenus qui est calquée sur celle de l'administration SS. [...]
[...] Au fur et à mesure du récit, Charles Liblau détaille la cruauté de ce kapo et écrit : J'avais honte pour lui, je me sentais en quelque sorte coresponsable de ses agissements. La boue dans laquelle il baignait semblait m'éclabousser A une seule reprise, l'auteur revient sur le fait que ce kapo était juif, il conclut son récit, après avoir raconté la rencontre avec le père du kapo après la guerre, en écrivant : sa mort ne constituait pas une perte ni pour la communauté ni pour l'humanité. [...]
[...] Pour certains, kapo viendrait de l'abréviation de Kamaradenschaftpolizei. Cette étymologie est proposée par Olga Wormser-Migot qui reprend ici une explication donnée par le colonel- commandant du Stalag XB, Marcel Albert qui organisa les secours aux déportés en 1945 mais qui auparavant était prisonnier. On peut donc penser que cette étymologie lui aurait été donnée par les autres détenus. Olga Wormser-Migot ne récuse pas cette hypothèse, mais cela signifierait que ce mot aurait été créé plus précisément par les détenus communistes ce qui expliquerait l'idée de kamarade L'explication touche toutefois certaines limites dans la mesure où Himmler, entre autres, utilise ce terme dans son discours en juin 1944, mais surtout que les kapos n'attirant pas la sympathie, il apparaît étonnant de les appeler kamarade à moins que ce fut une manière détournée des détenus de se moquer et donc de se venger des kapos communistes. [...]
[...] Les hommes du kommando connaissent souvent la vie de leur kapo et des relations peuvent s'établir entre les détenus ordinaires et le kapo, que ces relations soient des relations de haine ou de respect. Il existe en effet des kapos pour lesquels les détenus avaient une certaine estime. On a des témoignages de détenus qui étaient redevables à leur kapo d'être très stricts lors des inspections de poux, quand bien même celles-ci étaient redoutées, dans la mesure où elles protégeaient les détenus de nombreuses maladies comme le typhus. [...]
[...] Pollak, L'expérience concentrationnaire, Paris, Métailié M. Dambuyant, Remarques sur le moi dans la déportation, Journal de pyschologie normale et pathologique, avril-juin 1946, p.185 Wormser-Migot, Le sytème concentrationnaire nazi 1933-1945, Paris, PUF C. Liblau, Les Kapos d'Auschwitz, Paris, éd Syllepse P. Lévi, Les naufragés et les rescapés, Quarante ans après Auschwitz, Paris, Arcades Gallimard O. Wormser-Migot, Le sytème concentrationnaire nazi 1933-1945, Paris, PUF p Discours d'Himmler le à Sonthofen, Ifz, MA 315, fol sq ; cité d'après Pingel, Häftlinge, p sq et Bradley F. [...]
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