Né à Paris le 11 novembre 1845, de parents bonapartistes exerçant dans l'enseignement, Jules Bazile prend le nom de sa mère, Guesde, à l'âge de vingt-deux ans, pour que ses écrits journalistiques ne compromettent pas son père. C'est un élève brillant, lecteur de George Sand, Emmanuel Kant et Victor Hugo notamment, il est bachelier à 16 ans, mais faute de moyens il ne peut pas poursuivre ses études et choisit de rentrer dans la fonction publique. À partir de 1867, ce républicain athée devient journaliste, écrivant dans des journaux d'opposition au Second Empire, comme La situation ou Le progrès libéral. Adversaire de la guerre contre la Prusse puis partisan de la Commune, il est contraint à l'exil, franchissant la frontière suisse le 15 juin 1871. Réfugié à Genève, il devient socialiste de tendance anarchiste, il se rend ensuite à Rome en avril 1872, puis à Milan, où il se marie avec Mathilde Constantin. En 1876, Jules Guesde rentre en France grâce à la levée de sa condamnation pour délit de presse prononcée après sa fuite, le 22 juin 1871.
Il reprend sa carrière de journaliste, lançant le 18 novembre 1877 L'Égalité, un journal républicain et « avant tout socialiste », où il commence à diffuser les idées marxistes, comme celle de fonder un parti ouvrier indépendant. C'est ce qu'il fait en septembre 1882, en créant le Parti ouvrier. Le 20 août 1893, il est élu député dès le premier tour à Roubaix, un centre industriel textile important. Battu après son premier mandat, il est à nouveau élu député de 1906 jusqu'à sa mort.
[...] En 1896, ce sont près d'une douzaine de villes qui deviennent socialistes, comme Lille, Calais, Dijon ou Sète. Le POF bénéficie d'une forte implantation en Champagne, dans le Midi et le Sud-Ouest. Les guesdistes et les néo-blanquistes d'Edouard Vaillant forment en septembre 1902 à Commentry un nouveau parti, le Parti socialiste de France, qui semble faire écho au Parti socialiste français de Jean Jaurès. Ce dernier et Jules Guesde sont deux rivaux au sein du socialisme français, celui-ci refusant le ministérialisme, dénonçant la compromission avec l'État bourgeois, ce qui en fait un opposant de Jean Jaurès. [...]
[...] En 1893, pour renforcer leur dimension patriotique et pour des raisons électoralistes, les guesdistes fondent le Parti ouvrier de France (POF). Il est considéré comme le premier parti politique moderne. C'est un parti structuré, ses congrès sont fréquents, il dispose d'un organe, Le socialiste. Il est très lié avec le syndicalisme ouvrier et est à l'initiative de la manifestation internationale du Premier Mai. Il connaît en outre un essor électoral : les villes de Roubaix, Narbonne et Marseille sont conquises lors des élections municipales de mai 1892. [...]
[...] Jules Guesde et ses partisans, qui reprennent le terme de guesdistes pourtant employé par leurs adversaires, participent activement à la pénétration du marxisme au sein de la classe ouvrière française. Jules Guesde est d'abord républicain, hostile au Second Empire. Il s'oppose à la guerre contre la Prusse, dénonçant l'arbitraire sous toutes ses formes de Napoléon III. Pendant son exil ce partisan de la Commune se rapproche des idées du révolutionnaire et libertaire Bakounine, qui est très hostile à Karl Marx. Il s'éloigne ensuite de l'anarchisme sans pour autant se rapprocher du marxisme. [...]
[...] Il ne saisit que les gros traits de l'analyse du philosophe et économiste allemand. Il est hostile à la nationalisation des compagnies de chemin de fer et des mines, qui conduirait à doubler l'État-gendarme d'un État-patron ce qui est en contradiction avec la pensée de Karl Marx qui prévoit dans le Manifeste du parti communiste (1848) la nationalisation des moyens de production et d'échange. L'organisateur du premier parti de classe en France. Fidèle à la pensée marxiste lorsqu'il défend la mise en place d'un parti propre à la classe ouvrière, Jules Guesde œuvre durant toute sa vie à instaurer ce parti ouvrier indépendant et révolutionnaire. [...]
[...] Malgré des conditions de vie misérables et une santé fragile, Jules Guesde consacre toute son existence au combat politique. C'est un orateur éloquent, assurant pas moins de réunions publiques de 1892 à 1890. Outre la volonté de bâtir un parti ouvrier marxiste, son thème de propagande privilégié est de défendre la grande revendication syndicale des huit heures de travail par jour. Cette réduction de la durée du travail permettrait de diminuer le nombre de chômeurs utilisés par le patronat pour faire pression à la baisse sur les salaires et émanciperait l'homme qui disposerait de huit heures de sommeil et de huit heures de loisir chaque jour. [...]
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