«Accepter le fardeau de l'homme blanc et des dures guerres d'apaisement, c'est remplir la bouche béante de famine et décréter la fin de toute maladie». Voilà que les mots prononcés par le poète anglais publié en 1899, considéré comme un «prophète de l'impérialisme» par George Orwell, résonnent plus que jamais dans le discours prêché par Jules Ferry paru, pour sa part, le 30 mars 1885. Les dates sont d'une importance de taille ici et nous verrons pourquoi plus bas.
D'entrée, nous venons de constater que le texte que nous avons à décrypter est donc un discours. Un discours proclamé devant la Chambre des députés, qui représentait sous la IIIe République française, l'une des deux chambres du Parlement, l'autre étant le Sénat. Dès lors de qui s'agit-il? qui est Jules Ferry?
[...] Dans la mesure où il entre dans la cour et dans le jeu des relations internationales, il préfigure le regain des tensions entre les puissances hégémoniques européennes que le XXè siècle fera exploser Bibliographie Agulhon, Maurice, André Nouschi, Antoine Olivesi et Ralph Schor La France de 1848 à nos jours. Paris: Armand Colin. Berstein, Serge et Pierre Milza Histoire du XIXè siècle. Paris: Hatier Easterly, William Le fardeau de l'homme blanc, l'échec des politiques occidentales d'aide au pays pauvre. Paris: Éditions Markus Haller. Féchet, Hélène Histoire de la France au XIXè siècle. Paris: Ellipses. Girardet, Raoul L'idée coloniale en France. [...]
[...] qui est Jules Ferry? Devenu de nos jours une référence quasi consensuelle de droite comme de gauche, Luc Ferry s'inscrit dans un tournant de l'histoire de France, celui de la IIIè République Né à Saint-Dié dans les Vosges en 1832, il devient député en 1869, fonction qu'il occupera jusqu'en 1889. Parallèlement à cela, il sera le chef du gouvernement, à savoir président du Conseil de 1880 à 1881 déjà et de 1883 à 1885 ensuite Ardant républicain, opposant à l'Empire de Napoléon III, Jules ferry est rédacteur au Temps, et attaque la gestion financière des préfets et les abus du régime. [...]
[...] C'est un francs-maçon et un positiviste. D'ailleurs, Jean-Michel Gaillard dit de lui que «lorsque Jules Ferry s'interroge sur le moyen de soustraire le peuple à l'influence des prêtres, mais aussi à celle des révolutionnaires pour fonder durablement la République, il trouve chez Auguste Comte une inspiration essentielle «Ordre et Progrès» qui est, autant que «Liberté, Égalité, Fraternité» la devise de la troisième République des années 1880»6. Ferry accomplit une oeuvre militante, il veut bâtir sur l'école gratuite et obligatoire, une France républicaine et laïque7. [...]
[...] Sedan a laissé des traces et cela se lit encore en 1885. Selon la formule d'usage, France se recueille» encore16. Jusqu'au moment où Jules Ferry commence à justifier ses politiques coloniales à l'égard du Maghreb, de l'Océan Pacifique et Indien et de l'Afrique noire, les thèmes abordés sont ceux du passé. Le problème est que nous sommes le 30 mars 1885 lorsqu'il prononce son discours, c'est-à-dire le jour même où il va être renversé du poste de président du Conseil17. [...]
[...] Ainsi, comment ne pas citer cette phrase de Jules Ferry qui résume parfaitement l'objet de ce discours : «Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des 3 races inférieures . Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures»14. Ici l'auteur s'inscrit dans un courant idéologique colonialiste, composé entre autres par les britanniques Joseph Chamberlain et R. Kipling, où la colonisation trouve ses causes dans la morale15. L'argumentaire suit une logique implacable d'où un plan en trois parties se dégagent. La première met en exergue le souvenir du passé. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture