« Il n'y a pas de neutralité possible entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal, entre la santé et la maladie, entre l'ordre et le désordre, entre la France et l'anti-France. » C'est ainsi que dès l'été 1940, le Maréchal Pétain (dont les pleins pouvoirs ont été votés à la quasi-unanimité le 10 juillet) résume les nouveaux objectifs du régime, faisant ainsi une interprétation générale de la défaite qui se traduira par toute une série de mesures répressives à l'égard de cette anti-France.
En effet, Pétain, « héros de Verdun », prend la tête d'un pays à la dérive dont il est perçu comme le seul capable d'empêcher la mise en esclavage de la France par l'occupant allemand.
C'est ainsi que dès les premiers mois du régime de Vichy vont être mises en place toute une série de mesures répressives à l'égard des Juifs : les statuts juifs, qui vont peu à peu permettre de les évincer de l'administration française mais également de la vie politique, économique, et de nombreuses fonctions au sein de la société même. Comme nous le verrons, bien que ces mesures aient été mises en place par la volonté française, la pression allemande a été considérable quant à la persécution des Juifs.
Il ne s'agira pas ici de s'attarder sur la mise en place de la Solution finale des Juifs de France par Vichy avec les conséquences terribles que celle-ci a engendrées, mais bien d'analyser la discrimination légale des Juifs mise en place par l'Etat.
Il convient donc ici de se demander comment l'Etat a légalement écarté les Juifs de la société française et comment les appareils administratifs et le pouvoir judiciaire ont relayé les lois portant statut des Juifs.
[...] Pour autant il ne fallait pas confondre selon lui les vieilles familles juives installées avant la révolution ou arrivées au XIXe siècle et ayant défendu la France, celles-ci étant assimilées, des familles arrivées après 1914 et qui ne pouvaient en aucune façon être considérées comme françaises. En cela, l'idéologie raciste nazie diffère de la vision française de l'antisémitisme d'Etat. En effet, si l'antisémitisme français se veut politico-religieux, l'antisémitisme hitlérien et nazi repose sur deux conceptions que l'on ne retrouve pas alors en France : le racisme et l'eugénisme. Le Juif n'est plus seulement un ennemi de l'Etat, il souille la pureté de la race allemande d'où la mise en place du génocide afin de mener une épuration ethnique. [...]
[...] Sur les Juifs français (dont de vieille souche française) seront déportés et reviendront. Certes d'autres éléments ont mené à ces atrocités : opinion publique, méconnaissance des faits Néanmoins, la logique s'est établie grâce à la mise en place d'un système législatif très rigoureux, très strict et très bien relayé. Tout a été mené dans le cadre du droit et la conscience de la gravité de cette situation ne s'est révélée que trop tardivement dans les consciences. Annexes Annexe 1 : Loi portant statut des Juifs Source : Journal officiel octobre 1940, p Nous, Maréchal de France, chef de l'État français, Le conseil des ministres entendu, Décrétons : Article l". [...]
[...] NOVICK Peter, L'épuration française 1944-1949 Editions Balland pages. PESCHANSKI Denis, Vichy 1940-1944, Contrôle et exclusion Editions Complexe pages. Webographie www.revuelabyrinthe.org : article de Philippe Fabre sur L'identité légale des Juifs sous Vichy www.fdn.fr Xavier Vallat, préface à Gabriel Malglaive, Juif ou Français ? Aperçus sur la question juive, s.1. CPRN L'éducation nationale Revue des deux mondes août 1940. François et Renée Bédarida, La Persécution des Juifs dans La France des années noires, Tome Éditions du Seuil section Une question juive en France ? p Note manuscrite, s. [...]
[...] C'est le premier type d'antisémitisme qui s'inscrira dans ce que nous appelons l'antisémitisme d'Etat. Pour expliquer la défaite, les milieux politiques dirigeants n'hésitent pas à accuser les Juifs comme l'un des principaux responsables. L'argumentaire antisémite vient alors appuyer cette vision des choses. En effet, le Juif est l'éternel errant, références bibliques et papales en atteste, c'est donc également un étranger qui cherche à contrôler l'économie, mais aussi les consciences[7]. Ainsi le ministre Darlan, bientôt ministre du Conseil, résumé son analyse de la défaite dans une Note du 9 octobre 1940 : Notre politique intérieure, menée dans la coulisse puis ouvertement par les Juifs et les francs-maçons subissant l'influence britannique, déformée par une politique étrangère intéressée à notre affaiblissement, qu'elle soit allemande ou russe, a conduit notre pays à un avilissement moral sans exemple dans notre histoire [ L'expérience, chèrement acquise, nous montre où est notre devoir. [...]
[...] Ce qui est en jeu, écrit-il en substance, c'est le respect de quelques grands principes traditionnels du droit dont l'expérience a prouvé la sagesse et la valeur sociale en particulier l'interprétation restrictive des lois pénales, d'exception et de déchéance Le pouvoir judiciaire aurait pu lutter contre l'application de statuts juifs, mais la logique bureaucratique et l'enfermement dans une routine judiciaire n'ont fait que relayer les décisions législatives. Conclusion La promulgation des statuts des Juifs sous Vichy a donc répondu à un système complexe entre antisémitisme d'Etat, pression allemande, collaborationnisme zélé, relais administratifs et judiciaires. [...]
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