Les Juifs n'ont jamais cessé, depuis deux mille ans d'histoire d'être des acteurs essentiels en Méditerranée. Mais l'espace méditerranéen a aussi déterminé l'évolution du peuple juif. La communauté juive est d'autant plus liée à la Méditerranée qu'elles partagent une caractéristique qui fonde leur identité. Il s'agit de la pluralité, de la diversité qui se reflète à la fois dans cet espace et à travers ce peuple.
Fernand Braudel dans son ouvrage intitulé "La Méditerranée", s'interroge sur ce qu'est la Méditerranée. Selon lui, elle est "mille choses à la fois. Non pas un paysage, mais d'innombrables paysages. Non pas une mer, mais une succession de mers. Non pas une civilisation, mais des civilisations entassées les unes sur les autres". Elle est un très ancien carrefour entre les hommes, les cultures, les cultes et les idéologies. Or les Juifs témoignent de cette culture plurielle au sein de cet espace si riche. Il semble délicat d'affirmer l'existence d'une véritable identité juive si ce n'est qu'elle se fonde sur la religion. Certes ce fondement confessionnel est déterminant, mais au vu de la diversité des communautés juives dans chaque région de la Méditerranée, l'affirmation d'une identité culturelle, politique voire, au XXe siècle, nationale propre aux Juifs parait illusoire.
[...] Par le biais du commerce et des finances ils sont très influents sur les pouvoirs locaux et multiplient les demandes auprès des puissances européennes pour améliorer la condition des Juifs en Algérie. Quant aux "toshavim", ils forment la masse, majoritairement pauvre, du judaïsme algérien. Ils sont d'origine diverserses, nourris d'une culture arabo-berbère et intégrés aux systèmes de croyances musulmanes. On a donc deux visions de l'intégration des Juifs sur la Rive-Sud. L'une est héritière de la Rive-Nord où les Juifs participent de manière considérable aux révolutions industrielles et à la modernisation des puissances européennes par le biais de la finance. [...]
[...] La notion d'intégration est cruciale dans l'histoire de la communauté juive en Méditerranée. La population juive est confrontée à des cultures, des cultes, des idéologies et des peuples extrêmement variés. Pourtant, dans chaque communauté juive sur le pourtour méditerranéen il ya une volonté, plus ou moins manifeste, de s'intégrer. Ce mode de comportement est le fondement même du cosmopolitisme méditerranéen. La culture politique des Juifs combinait l'attente messianique d'un futur qui envisageait leur libération avec un apolitisme né de la prudence vis-à-vis des dirigeants politiques des régions d'accueil. [...]
[...] Des violences sont les résultats de cette confrontation entre deux nationalismes sur la Rive-Sud. En aout 1932, à Sfax, en Tunisie où le mouvement sioniste est le plus actif au début du XXème siècle, des incidents éclatent après des manifestations juives qui protestaient contre l'annulation d'une conférence sioniste. La presse arabe attaque violemment les Juifs en les accusant de vouloir dépouiller les musulmans pour aider leurs frères en Palestine. Mais le sionisme est aussi un facteur de division au sein même de la communauté juive. [...]
[...] Ces confrontations scellent le sort du cosmopolitisme méditerranéen. Tout d'abord, cette création engendre une rupture totale entre les juifs et les musulmans en Méditerranée. Dès le lendemain de la proclamation de l'Etat juif, l'Egypte annonce qu'elle commence sa pénétration en terre d'Israël. En effet, les Arabes se sont organisés. Les nationalismes arabes s'unissent autour d'un seul point d'ancrage: l'antisionisme. L'État d'Israël est considéré comme une entité exogène au monde arabe rendant son existence illégitime. La création de la Ligue Arabe le 22 mars 1945 au Caire est fondée sur cette volonté de contrer la création d'un Etat Juif ainsi que sur le désir de pallier l'absence de la force d'un Royaume Arabe que les Européens avaient promis. [...]
[...] Cependant la pression arabe est assez forte et oblige le Foreign Office à restreindre l'immigration juive. Cela aboutira au Livre blanc de 1939. Cette attitude est une des raisons qui provoquent la rupture entre les Anglais et la communauté juive. Car la radicalisation du sionisme et l'élaboration d'une véritable force de frappe juive, notamment le Haganah ou l'Irgoun, poussent les Anglais à la répression. L'exécution de Chelomoh ben Youssef poussera l'Irgoun, en janvier 1944, à déclarer la guerre à l'Empire britannique en vue de créer un Etat juif indépendant. [...]
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