Contrairement aux autres Français, les Juifs n'ont pas vécu la Libération sous le signe de l'euphorie. Du fait de la douleur, physique et morale, individuelle et communautaire, doublée d'un profond traumatisme, l'heure est d'abord à la réadaptation et à la réinsertion au sein de la société française.
Il convient de bien comprendre ce qui définit un juif : ce sont des personnes confessant le judaïsme, se réclamant du peuple juif ou de la culture juive. Qui est juif demeure une question controversée : les réponses peuvent considérablement varier selon qu'elles viennent de religieux plus ou moins rigoristes, de philosophes, de laïcs ou même d'antisémites, ainsi qu'en attestèrent les lois pétainistes, qui établirent une définition du juif. Le judaïsme désigne la religion juive, et la judéité désigne l'ensemble des caractères religieux, sociologiques et culturels qui constituent l'identité juive ; le sionisme désigne l'idéologie propre aux partisans de l'établissement des Juifs en Israël.
A la différence des identités catholique ou musulmane, qui sont exclusivement des communautés de foi, la problématique juive se comprend à la fois au travers d'une communauté de foi et de sang. En plus de partager une religion, les Juifs constituent un peuple, ce qui les singularise des grandes autres familles monothéistes.
En 1945, après le maigre retour des déportés (environ 2500 sur 76000), la communauté juive de France est exsangue. Elle compte, selon les estimations, de 150 000 à 200 000 personnes, dont 100 000 vivant dans la capitale. Environ un juif sur cinq a trouvé la mort. Mais cette communauté reste nombreuse par rapport au reste de l'Europe occidentale : la communauté juive de Belgique a été détruite à 45 %, celle des Pays-Bas à 80%. Ainsi, la communauté juive de France devient, après la Seconde Guerre mondiale, la première communauté juive de l'Europe continentale, URSS exceptée.
Cette importante saignée au sein de cette communauté entraine des conséquences nombreuses. On peut s'interroger sur la nature des bouleversements et des crises traversées par la communauté juive de 1945 à nos jours, et sur la façon dont ils sont vécus par l'ensemble des juifs de France. De plus, nous allons tenter de comprendre comment est vécu le rapport à la religion par ce peuple, qui est une part inhérente à la condition juive.
Ainsi, dans quelle mesure les juifs, outre le statut religieux inhérent à leur condition, ont-ils réussi à se créer un statut social spécifique, par le biais d'une insertion progressive dans la société française?
[...] Le négationnisme veut délivrer un message fondamental : les juifs ont menti afin de culpabiliser l'Occident et permettre la création de leur État. Pour parer à toutes ces formes de rejet à l'encontre des juifs, diverses lois sont instaurées, notamment celle du 30 juillet 1972, qui condamne l'antisémitisme ainsi que toutes les formes de racisme, loi qui est renforcée en 1990 par la loi Gayssot. [Cette loi établit un délit de négation des crimes contre l'humanité. Sur le fondement de cette législation, certains auteurs d'écrits révisionnistes sont condamnés, de même que le dirigeant politique Jean-Marie Le Pen, qui avait déclaré que les chambres à gaz étaient un point de détail de l'histoire.] Aujourd'hui, on note surtout l'utilisation massive d'internet pour la diffusion des messages antisémites. [...]
[...] III] Des problèmes spécifiques L'occultation de la Shoah Une recrudescence de l'antisémitisme Bibliographie - WINOCK Michel, La France et les Juifs. De 1789 à nos jours, Le Seuil - BENBASSA Esther, Histoire des juifs de France, Points - ETIENNE Bruno (dir.), BITTON Michèle, PANAFIT Lionel, Etre juif en France aujourd'hui, Hachette - IGOUNET Valérie, Histoire du négationnisme en France, Le Seuil - BENSOUSSAN Georges, Histoire de la Shoah, P.U.F - POIRIER Véronique, Ashkénazes et Séfarades, une étude comparée de leurs relations en France et Israël (années 1950-1990), Les éditions du Cerf - LEVEILLE Pierre, Après la Shoah, Dijon, Mémoire de maîtrise Sitographie http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=LMS&ID_NUMPUBLIE=LMS_197&ID_ARTIC LE=LMS_197_0029 SINEY-LANGE Charlotte, Grandes et petites misères du grand exode des Juifs nord-africains vers la France, Le Mouvement Social Nº197, avril 2001. [...]
[...] En juillet 1967, L'Arche, le mensuel du Fonds social juif unifié, tire un premier bilan de l'impact de la guerre des Six Jours sur la judaïcité française. Il compare l'événement à une lame de fond qui a secoué notre communauté et atteint jusqu'aux couches les plus assimilées socialement ou politiquement Selon Raymond Aron, un sentiment irrésistible de solidarité» se développe au sein de la communauté juive française. En effet la troisième guerre israélo-arabe et ses conséquences immédiates en France notamment le revirement officiel de la politique française au Proche-Orient en juin ou encore la déclaration gaullienne qui qualifie le peuple juif comme étant sûr de lui-même et dominateur en novembre a donné naissance à un nouveau franco-judaïsme. [...]
[...] Jean-Claude Picard l'a remplacé en tant que président de 1993 à 2000 dates à laquelle le COJASOR a fusionné avec le CASIP, le Comité d'Action Sociale Israélite de Paris, fondé en 1809 sous le nom de CASIP (Comité d'Action Sociale Israélite de Paris) et renommé en 1963, qui dès sa création œuvra dans la lutte contre la pauvreté au sein de la communauté juive de Paris.] Par le biais de ces institutions les juifs de France cherchent à trouver une place dans la société française. Elle aussi en pleine recomposition. Mais cette communauté juive va connaître un renouveau important, du fait de l'indépendance successive des territoires français en Afrique du Nord. L'afflux des juifs d'Afrique du Nord L'indépendance de la Tunisie et du Maroc en 1956, puis, en 1962 celle de l'Algérie provoquent des départs massifs. [...]
[...] Ainsi la perception de la Shoah comme étant différente des autres crimes de guerre n'est pas contemporaine des évènements. Il a fallu attendre environ une trentaine d'années pour que les juifs obtiennent une reconnaissance de l'épreuve qu'ils avaient traversée et notamment avec le célèbre discours de Jacques Chirac qui le 16 juillet 1995 reconnaît la responsabilité de la France dans la déportation des juifs du Vélodrome d'Hiver. Mais cette reconnaissance de la mémoire n'a pas empêché à un nouvel antisémitisme d'éclore au sein de la société française. [...]
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