Le Monde, procès Papon, mémoire de la collaboration, Thomas Wieder, régime de Vichy, collaboration, crime contre l'humanité, solution finale, génocide juif, résistancialisme, Charles de Gaulle, réhabilitation historique, opinion publique
Le document proposé est un article paru dans le journal "Le Monde" en 2007 et écrit par Thomas Wieder. Cet article est une rétrospective sur le procès Papon qui prit fin en 1998, accusant Maurice Papon de complicité de crime contre l'humanité pour avoir contribué à l'arrestation de 1600 juifs sous le régime de Vichy. Ce procès fut à l'époque très controversé et souleva de nombreux débats. En quoi le procès Papon est-il révélateur d'une nouvelle mémoire sur la collaboration du régime de Vichy en France ? Nous traiterons d'abord de l'évolution sur le point de vue des Français sur la collaboration durant la période Vichy, puis le cas du procès de Maurice Papon, élément révélateur sur la nouvelle mémoire de cette période.
[...] Durant celle-ci, une grande partie de la population s'adonna à la collaboration qu'elle soit passive ou active. À la fin de la guerre eut lieu le phénomène de l'épuration : l'épuration spontanée par la population sans procès (fusillés les collaborateurs, femmes tondues soupçonnées d'avoir eu des relations avec des Allemands . ) et l'épuration légale (procès et exécutions). Après cette période passée, la priorité du gouvernement est de faire oublier le régime de Vichy en glorifiant et mettant sur le devant de la scène la France résistante. [...]
[...] De plus, il règne aussi la crainte de ne pas juger les crimes personnels de Maurice Papon, mais de les étendre aux crimes de tout "un régime, voire d'une époque", et d'ainsi se "venger" sur un seul homme qui n'est qu' "un agent d'exécution". Conclusion Pour conclure, la mémoire sur la collaboration du régime de Vichy a évolué au fil des années, elle est passée d'effacée, de cachée et de censurée par les politiques, a été montrée et prise en compte dans l'Histoire de la France. Le procès Papon est un exemple permettant de se rendre compte du changement opéré sur la mémoire de cette période. [...]
[...] Les politiques éprouvent de plus en plus de mal à maintenir la mémoire "officielle" et sélective sur le régime de Vichy, due en partie à la mort du général de Gaulle (prédicateur du résistancialisme), mais aussi la critique du peuple face à certaines décisions par exemple la grâce de Paul Touvier, la décision de supprimer la célébration de la fin de la Seconde Guerre mondiale le 8 mai par le président Valery Giscard D'Estaing, ou du négationnisme naissant. Pas à pas, les langues se délient et les tabous tombent, dans le milieu de la presse et du cinéma, par exemple le film "Lacombe Lucien" qui contribue à montrer la vraie France du régime de Vichy (beaucoup de collaboration et peu de résistance). Parallèlement, la mémoire juive se met en place et les témoignages affluent. [...]
[...] Le procès de Maurice Papon comme exemple du genre Le procès de Maurice Papon qui se termina à la fin des années 90 est une des conséquences directes du changement de l'opinion publique sur la collaboration au cours des décennies précédentes. En effet, ce procès qui dura "94 journées d'audience" suscita un vif intérêt parmi les Français, Papon étant l'un des derniers vichystes vivants à pouvoir être jugé, il fut pris comme le "symbole d'une politique de collaboration". Comme vu dans la partie précédente, la période du procès est une période de prise de conscience sur la réelle place des collaborateurs, le peuple français veut ainsi rattraper le temps perdu et rendre justice à ces années de silence et de manipulation politique en permettant "l'épuration [qui] n'a pas été faite". [...]
[...] L'histoire prend un nouveau tournant en reconnaissant la collaboration vichyste. Dans les années 80-90, l'organisation de grands procès (Klaus Barbie, Maurice Papon . ) est une autre des conséquences de ce réveil des mémoires. Tandis que le président Jacques Chirac reconnait en 1995 officiellement les crimes de l'état français durant le régime de Vichy, et enterre définitivement l'époque de la mémoire censurée. L'opinion publique est quasiment unanime en reconnaissant l'existence d'une grande collaboration sous Vichy (à part quelques individus récidivistes : les négationnistes ou le "syndrome de Vichy"). [...]
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