On le voit à travers ses écrits mais également ses actions. Dans ses Carnets de Drôle de guerre il écrit : « Je voulais écrire, cela n'était pas la question, cela ne fût jamais en question, seulement, à côté de ces travaux proprement littéraires, il y avait « le reste », c'est-à-dire tout : l'amour, l'amitié, la politique, les rapports avec soi-même, que sais je ? ». Sartre le dit très tôt, il y a la politique. On voit en lui généralement un intellectuel engagé, mais qu'en est-il réellement ? Y a-t-il un message sartrien ? Le bilan parait accablant. On l'a accusé d'avoir été passif sous l'occupation, compromis avec le totalitarisme, démagogique avec la jeunesse gauchiste. Il sut pourtant, quelquefois faire preuve de lucidité et de courage. La figure de Sartre concentre de manière saisissante à la fois les aspects essentiels d'un temps d'oscillation, d'hésitation et de décision qui traduisent simultanément le propre parcours de son siècle.
Nous allons voir dans une première partie si Sartre s'est réellement engagé par l'écriture, pendant la guerre, au lendemain de celle-ci ou pour défendre le communisme, puis, il est passé à une véritable action politique, notamment sur la question de l'anticolonialisme et lors des années gauchistes, les dernières de sa vie. Il faut savoir que nous ne nous intéresserons pas au Sartre philosophe puisque notre propos et de voir si Sartre est vraiment engagé et de quelles façons.
[...] Selon lui, l'écrivain engagé sait que la parole est action : il sait que dévoiler c'est changer et qu'on ne peut dévoiler qu'en projetant de changer [ ] Il sait que les mots sont des pistolets chargés Sartre va alors écrire pour son époque. Nous affirmons hautement ; Nous prétendons ; Nous nions ; Nous adhérons ; C'est sur ce rythme sans mollesse, par la voix de Sartre, que défilent dans le premier numéro des Temps modernes programme et définitions : changer à la fois la condition sociale de l'homme et la conception qu'il a de lui-même ; rendre la littérature à ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être, une fonction sociale. Faire des Temps modernes une littérature engagée. [...]
[...] On voit que Sartre mène cette fois-ci une véritable action politique. Durant ses années gauchistes, il apporte son soutien aux mots d'ordre extrémistes avec les maoïstes de la Gauche prolétarienne. Au moment où les groupes maoïstes voient leurs publications saisies et leurs directeurs arrêtés sur ordre du ministre de l'Intérieur, certains de leurs dirigeants s'adressent à Sartre pour utiliser son nom et son prestige comme bouclier. En avril 1970, le philosophe accepte de devenir le directeur de La Cause du peuple, journal du groupe maoïste. [...]
[...] D'abord, il va faire une série de voyages. Ce glissement progressif vers le statut d'intellectuels intouchable prend alors une dimension nouvelle au cours des très nombreux voyages qu'il a l'occasion d'effectuer ces années- là. Reçu désormais par les chefs d'Etat, il devient un véritable ambassadeur d'une autre France et de la conscience morale internationale. Le couple Sartre-Beauvoir se rend notamment à Cuba, en mars 1960, à La Havane et s'entretient avec Fidèle Castro. Ainsi, il se rend au Brésil, à Cuba, au Japon, en URSS, en Egypte, en Argentine, en Chine. [...]
[...] On remarque donc que l'engagement de Sartre est de plus en plus présent. En 1947, Sartre s'attaque au gaullisme et au RPF, qu'il considère comme un mouvement fasciste. L'année suivante, la guerre froide, qui va marquer un tournant dans la pensée de Sartre, amène les Temps modernes à condamner l'impérialisme américain. Mais dans le même temps, il affirme un pacifisme neutraliste. Avec Merleau-Ponty, vrai tête politique de la revue et d'autres intellectuels, il va même jusqu'à publier un manifeste en faveur d'une Europe socialiste et neutre. [...]
[...] Adhérant au Mouvement de la paix, Sartre se rend en novembre 1952 à Vienne pour le Congrès mondial de la paix, téléguidé par l'URSS. Sa présence donne au Congrès un lustre inespéré pour ses organisateurs. Son alliance avec les communistes prend une autre forme dans la capitale autrichienne : il y fait interdire la reprise des Mains sales qui y était prévue. Moins que son discours à la tribune, c'est sa présence fait date : les communistes peuvent se réjouirent d'avoir acquis à leur cause le philosophe et l'écrivain le plus célèbre du monde. [...]
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