Jean Jaurès : le socialiste immortel

Thèmes abordés

Jean Jaurès Biographie Idéologie Socialisme Parti Socialiste SFIO FN François Mitterrand Nicolas Sarkozy Mélenchon Discours Orateur Pacifiste IIIe République

Résumé du document

Cet exposé d'une vingtaine de pages présente en premier lieu une biographie détaillée de Jean Jaurès et une contextualisation historique de la vie de ce grand orateur socialiste de la Troisième République. Au delà de la biographie, nous présentons ensuite la manière dont Jaurès était perçu par ses contemporains, en nous basant sur des documents d'époque qui vont de la caricature au croquis, en passant par les titres de journaux et les photographies. Enfin, dans un troisième temps, nous nous penchons sur les réutilisations idéologiques qui ont été faites de ce grand orateur ; le lecteur sera -peut-être- surpris de s'apercevoir que Jaurès a été employé tant par Jean-Luc Mélenchon et Mitterrand que par Nicolas Sarkozy et le Front National. Parce qu'il constitue bien plus qu'une simple biographie détaillée, ce document permettra à chacun de mieux connaître Jean Jaurès.

Ci-dessous, l'introduction :

Etudiant brillant reçu premier à l'ENS, orateur talentueux, homme politique admiré, théoricien socialiste, pacifiste convaincu, député, philosophe, écrivain, historien, journaliste fondateur de l'Humanité, Jean Jaurès a indéniablement été l'une des grandes figures publiques de son temps. Assassiné en 1914 par le nationaliste Raoul Villain, son héritage a été — et continue d'être — revendiqué par de nombreux hommes politiques, de Léon Blum à Jean-Luc Mélenchon en passant par François Mitterrand, mais aussi par des factions politiques entières, notamment le Parti Socialiste. Figure célèbre de la vie politique française de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, Jean Jaurès incarne les valeurs du socialisme historique : internationalisme, liberté, pacifisme, partage des richesses et égalité entre les hommes. Célèbre, l'homme est pourtant méconnu : beaucoup ignorent par exemple le travail philosophique de celui qui fut l'un des grands penseurs de son temps.
Qui était Jean Jaurès ? C'est à cette question que nous allons d'abord tenter de répondre, en effectuant un retour sur la biographie de ce grand orateur de la IIIe République. Ceci posé, nous tenterons de définir comment Jaurès était perçu par ses contemporains avant d'étudier les détournements idéologiques et les tentatives de captation d'héritage qui ont été faits depuis sa mort.

Extraits

[...] La famille y cultive 6 hectares de terres. C'est là que Jean Jaurès grandit, au milieu de la campagne tarnaise, participant aux travaux des champs et fréquentant les cours de l'abbé Rémy Séjal, durant lesquels il apprend le latin et le goût de la lecture. Dès 1869, il intègre le collège de Castres, où lui et son frère Louis se rendent chaque matin à pied. Ses excellents résultats dans toutes les matières il est systématiquement premier de sa classe et ses qualités en versification latine et en rhétorique se font remarquer : en 1875, l'inspecteur général Nicolas-Félix Deltour le repère et use de son pouvoir pour que Jaurès obtienne une bourse pour un lycée parisien préparant à l'Ecole Normale Supérieure. [...]

[...] De partout, les hommages affluent : ainsi, Viviani (socialiste), président du Conseil, écrit : Je me découvre personnellement et au nom de mes collègues devant la tombe si tôt ouverte du républicain socialiste qui a lutté pour de si nobles causes L'assassinat donne lieu à de nombreuses lithographies. Les obsèques de Jaurès ont lieu le 4 août. Une foule immense suit le cortège mortuaire. La veille, l'Allemagne avait déclaré la guerre à la France. Jaurès après sa mort : entre utilisations idéologiques et captations d'un héritage. Jean Jaurès a marqué l'Histoire de son empreinte. [...]

[...] Léon Trotski (1917) En 1917, Léon Trotski, qui avait, par le passé, assisté à plusieurs discours de Jaurès, écrit un article élogieux su ce prototype de l'homme supérieur Il y décrit un orateur fantastique qui renversait les rochers, tonnait, ébranlait, mais ne s'étourdissait jamais lui-même ( saisissait admirablement l'écho qu'il provoquait dans l'assemblée, parait les objections, balayant quelquefois impitoyablement, tel un ouragan, toute résistance sur son chemin, parfois écartant les obstacles avec magnanimité et douceur comme un maître, un frère aîné Ici, nulle revendication de Trostki : seulement un hommage ému à l'orateur admiré, et peut-être aussi, l'envie d'honorer un modèle. L'année suivante, une statue de Jaurès sera érigée à Moscou[11]. Le Cartel des Gauches : Jaurès au Panthéon (1924) Le 15 juin 1924, Edouard Herriot (radical) devient président du Conseil après la victoire du Cartel des Gauches aux législatives du mois de mai. L'une de ses premières décisions symboliques sera de transférer les cendres de Jaurès au Panthéon. C'est chose faite le 23 novembre 1924. [...]

[...] A la fin du mois, le soir du 31 juillet, il est assassiné par Raoul Villain au café du Croissant. Le lendemain, l'Allemagne déclare la guerre à la Russie, puis, le 3 août, à la France. La grève générale proposée par Jaurès dans ce cas de figure n'aura pas lieu ; son fils Louis Paul mourra au combat, le 3 juin 1918, à quelques mois de l'armistice. Jaurès par ses contemporains Jaurès a marqué son époque : célèbre de son vivant, il suscite l'admiration de ses partisans (et parfois même de ses adversaires) mais doit subir la haine des nationalistes, des monarchistes et des bonapartistes ; il est également parfois critiqué sur sa gauche, notamment par les guesdistes révolutionnaires. [...]

[...] La première d'entre-elles se trouve à Carmaux : elle est inaugurée en 1923. La plus récente est sans doute celle inaugurée par le député Divers Gauche Georges Frêche à Montpellier, en 2010[15]. En 1977, Jacques Brel interprète une chanson intitulée Jaurès, dans laquelle il évoque la vie difficile des ouvriers de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Faisant parler ces hommes et ces femmes, Brel demande : Oui not'Monsieur, oui not'bon maire, pourquoi ont-il tué Jaurès ? [...]