Jean Jaurès, démocratie, socialisme, France du XIXe siècle, Révolution française, Marx, Engels, anarchisme, communisme libertaire, général Boulanger, affaire Dreyfus, socialisme antidémocratique, Jules Ferry, grève de Carmaux, capitalisme, Édouard Vaillant, loi des trois ans, Léon Daudet
Dans un discours prononcé le 11 octobre 1905 à Limoges, le socialiste Jean Jaurès énonce : "Que signifie la démocratie sinon la souveraineté de tous, s'exerçant par le droit égal de chacun". Il est ici question de cet homme, et plus précisément de son rapport à la démocratie dont il exprime ici sa définition. De cette dernière se rapproche celle d'Hérodote qui est le premier à définir ce régime politique comme étant associé au gouvernement de tous. Cette définition antique laisse place durant l'époque moderne à l'intégration d'une nouvelle composante : le libéralisme. L'Homme se veut désormais libre et la démocratie représente alors le porte-étendard de cette volonté.
Mais la démocratie se nourrit aussi durant la Révolution française d'un autre concept : celui de l'égalité dans un contexte où les Français se trouvaient fragmentés dans une société d'ordre hiérarchisée. De fait avec la Révolution française, les hommes ne sont pas simplement libres, mais aussi égaux en droits. Ces deux notions nous paraissent acquises et parfois indissociables. Or dès cette époque de troubles que représente la Révolution française, l'égalité notamment portée dans son extrémisme le plus poussé par Robespierre et la liberté indissociable des Girondins ont été rivales.
[...] Or chez Jaurès, la composante humaniste est essentielle dans son œuvre. De fait en étant l'un des seuls socialistes à défendre Dreyfus, il jouit d'une aura nationale. L'engagement de Jaurès peut aussi s'expliquer par une volonté démocratique, dans son sens égalitaire. Dreyfus a aussi droit à une défense. Par ailleurs pour Jaurès, le véritable ennemi dans cette affaire est l'institution militaire elle- même, jugeant celle-ci de bras armé du capital. Il n'oublie pas ses fondements socialistes. Au contraire, ils les réaffirment dans cette lutte. [...]
[...] En effet, ce dernier retient la condition bourgeoise de Dreyfus. Pour quelles raisons un socialiste défendrait-il un bourgeois ? Jaurès, lui, voit en Dreyfus, un homme dépouillé et maltraité comme le sont les prolétaires. Il retient la qualité humaine de Dreyfus. Il s'agit pour Jaurès dans le cadre du combat révolutionnaire de « garder des entrailles humaines », et comme il le dit : « nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfuir hors de l'humanité. [...]
[...] Il souhaite le désarmement de tous les États. Il est évident que pour lui la guerre serait une catastrophe pour le prolétariat qui en serait la première victime. Plus largement il estime que la guerre est la « manifestation la plus inacceptable de l'injustice dans les rapports humains » (Vincent Duclert, Jean Jaurès, Combattre la guerre penser la guerre). Pourtant d'un autre côté, il reste partisan d'une armée de défense contre l'ennemi bourgeois et aristocratique allemand. En 1913, lorsqu'apparait la Loi des trois ans, c'est-à-dire la loi qui augmente d'une année la durée du service militaire, Jean Jaurès est contre. [...]
[...] C'est-à-dire la souveraineté du travail. Encore une fois, tout ceci n'est possible en théorie que dans une république puisque celle-ci est la seule à garantir l'égalité des droits des citoyens. De fait si la République assure tout cela elle est de par nature socialiste ce qui explique alors l'engagement de Jaurès envers ce régime. Cependant, Jaurès ne souhaite pas l'éclatement des forces de gauche et notamment des forces socialistes. Il est partisan du Bloc des gauches, c'est-à-dire de l'alliance des forces politiques de gauche lors d'élections au début du XXe siècle. [...]
[...] 1814-1914, Paris, Points Jacques Droz, Histoire générale du socialisme, tome 2 : De 1875 à 1918, 1re éd., Presses Universitaires de France - PUF Vincent Duclert, La République imaginée 1870-1914 - Format compact, Paris, Belin Jean Garrigues et Philippe Lacombrade, La France au XIXe siècle : 1814- 1914, 2e édition., Paris, Armand Colin Gaëtan Gorce, L'avenir d'une idée : Une histoire du socialisme, Paris, Fayard Jacques Julliard, Les gauches françaises 1762-2012, Tome 1 : Histoire et politique, Éditions Flammarion Michel Winock, Le socialisme en France et en Europe, XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil Ouvrages spécialisés : Vincent Duclert, Jean Jaurès, combattre la guerre, penser la guerre, Paris, Fondation Jean-Jaurès Louis Gautier, Jaurès actuel : Les socialistes et la guerre, Fondation Jean- Jaurès Jean-Pierre Rioux, Jean Jaurès, Paris, Perrin Jean-Paul Scot, Jaurès et le réformisme révolutionnaire, Paris, Le Seuil Articles scientifiques : Jean-Jacques Becker, « Jaurès, la paix, la guerre et l'utopie », Cahiers Jaurès N° 180, no p. 21-26. Vincent Duclert, « À la recherche de la nouvelle affaire Dreyfus ? Les socialistes français, la politique et l'histoire », Cahiers Jaurès, 1er décembre 2008, N° 187-188, no p. 117-128. Romain Ducoulombier, « Socialisme et démocratie : une affinité élective », Cahiers Jaurès juin 2009, N° 191, no p. [...]
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