Jaurès est, sans doute, avec Gambetta, l'homme politique le plus vénéré de la Troisième République. Il n'est peut-être pas admiré par un aussi grand nombre de partis, mais il est admiré pour un plus grand nombre de qualités.
Romain Rolland écrivit en parlant de lui : « Jaurès offre un modèle presque unique dans les temps modernes d'un grand orateur politique, qui est en même temps un grand penseur, joignant une vaste culture à une observation pénétrante et la hauteur morale à l'énergie de l'action » (in, « Journal de Genève », 2 août 1915).
Jean Jaurès naît, le 3 septembre 1859, au cœur de la ville de Castres. Sa famille paternelle, d'origine paysanne, a évolué vers le négoce, la bourgeoisie, l'armée. Deux cousins du père de Jean Jaurès sont officiers de marine: le premier, Charles mourra amiral, le second, Benjamin, lui aussi amiral, sera sénateur, ambassadeur et enfin ministre de la Marine.
[...] Etourdi par tant de virtuosité, il interroge Jean sur ses ambitions et lui parle de l' École Normale Supérieure de la rue d'Ulm. Après avoir obtenu le premier prix au concours général, il est reçu premier à Normale devant Bergson. L'entrée dans la vie active L'agrégation de Philosophie en poche, il est nommé au lycée d'Albi et publie deux thèses. A la mort de son père, il obtient à la faculté de Toulouse une maîtrise de conférence de philosophie et en même temps son sérieux lui vaut d'enseigner dans un lycée de jeunes filles. [...]
[...] Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie! Et voilà pourquoi, quand la nuée de l'orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer encore que le crime ne sera pas consommé. Citoyens, si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les dirigeants auront commis et en attendant, s'il nous reste quelque chose, s'il nous reste quelques heures, nous redoublerons d'efforts pour prévenir la catastrophe. Déjà, dans le Vorwaerts, nos camarades socialistes d'Allemagne s'élèvent avec indignation contre la note de l'Autriche et je crois que notre bureau socialiste international est convoqué. [...]
[...] À chaque fois, Jaurès, tant dans les colonnes de L'humanité qu'au parlement, prit parti. Lorsqu'en 1910, Briand déposa un projet de retraites ouvrières et paysannes le parti socialiste entraîné par Jaurès lui accorda un appui. La courte décennie qui s'étend de l'unité à l'assassinat de Jaurès vit les progrès du parti: le nombre des adhérents passa de 40.000 à 90.000 membres, le nombre de ses députés doubla. Ce fut l âge d'or du socialisme républicain, dont la volonté était d'achever la Révolution, de pousser la République jusqu'à son achèvement social. [...]
[...] Tout d'abord par antimilitarisme. N'oublions pas le cinquième couplet de l'Internationale, longtemps interdit: Paix entre nous, guerre aux tyrans Appliquons la grève aux armées Crosse en l'air et rompons les rangs. En 1911 paraît L'armée nouvelle projet de loi de dix-huit articles suivis d'un exposé de près de cinq cents pages. Le but de Jaurès est d'assurer une défense active fondée sur les réserves et non sur la prolongation d'un service militaire qui ne fait qu'accroître le fossé entre la société civile et les grands corps de l'armée. [...]
[...] Les discours Jaurès est aussi doué pour la parole que pour l'écriture: surnommé le «Saint Jean Bouche d'Or du bloc des gauches, Jaurès à la tribune de la Chambre déchaîne les passions. C'est un formidable orateur. Une voix, non de tonnerre, mais de feux de salve. Une gueule, mais le coup de gueule reste distingué. écrit de lui Jules Renard. Ses dons oratoires, sa compétence et son dévouement aux idées socialistes lui valent une grande influence dans les masses populaires comme au sein de l'assemblée. Il possède incontestablement une personnalité charismatique. [...]
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