En 1951 est signé le traité de San Francisco mettant officiellement fin à la guerre entre le Japon et les Alliés (sauf l'URSS), notamment entre le Japon et les Etats-Unis. Ce traité marque aussi le départ des troupes qui ont occupé le Japon pendant 6 ans. Il ouvre une ère de relations très intenses et très chaotiques entre les deux pays. En effet, ces deux pays divergent sur de nombreux points. Par la culture notamment : le Japon a une culture très particulière, différente de celle des Etats-Unis dont certains traits seront très importants pour notre étude : peur d'être isolés du reste du monde, nationalisme vivace (parfois même très vigoureux) qui se traduit par une forte influence des traditions, qui se traduit elle-même par un certain scepticisme vis-à-vis du libéralisme dont les Etats-Unis se réclament et vis-à-vis de la culture américaine en général. Une autre différence très importante est la différence de puissance, d'importance sur la scène internationale : dès 1951, les Etats-Unis sont les leader du monde libre, une superpuissance quand le Japon, pays vaincu de la Seconde Guerre mondiale, reste jusqu'à aujourd'hui un « nain politique ».
Dès lors, il est intéressant de se demander si cette relation, fondamentalement inégalitaire, reste une relation de dépendance -économique, militaire, diplomatique, psychologique, voire même culturelle- de 1951 à nos jours ou si elle connaît des rééquilibrages ?
Pour cela, il est indispensable de comprendre quelle est la situation en 1951 quand les Etats-Unis se retirent du Japon. Nous noterons ensuite une évolution dans les relations de 1951 à la fin des années 1970 : la relation de dépendance tend à s'équilibrer sans pour autant se rompre. Les années 1970 constituent alors un véritable tournant dans les relations entre les Etats-Unis et le Japon, qui conduit à une autonomisation croissante de ce dernier.
[...] En 1951, la société japonaise est donc le fruit d'une transformation opérée sous l'influence américaine. La défaite et surtout l'occupation ont ainsi créé entre les deux nations une relation complexe et passionnelle (JM BOUISSOU), une réelle dépendance psychologique. Malgré un ressentiment inévitable contre les Etats-Unis en tant que pays vainqueur, occupant et qui plus est pays à l'origine des catastrophes atomiques d'Hiroshima et Nagasaki ; les réformes sociales, la démocratie et la protection contre le communisme qu'ils ont apporté leur garantit le soutien des socialistes comme des ultranationalistes japonais. [...]
[...] Le Japon est d'ailleurs le dernier pays à accepter de réévaluer sa monnaie, le 20 août de 16,88%. Cette réévaluation est forte, les pressions américaines ont une nouvelle fois vaincu les réticences japonaises. Face au succès de l'économie japonaise, et à leur déficit commerciaux désormais chroniques, les Américains obtiennent des Japonais l'accord d'Hawaï du 1er septembre 1972 qui exigent notamment une diminution générale des tarifs douaniers de des quotas sur les exportations japonaises et l'engagement japonais de limiter ses excédents commerciaux à 3 milliards de dollars : le Japon fait de nouveau des concessions aux Etats-Unis, ce qui pourrait amener à un réchauffement des relations. [...]
[...] Pourtant, au début du miracle économique, la plupart des Américains se demandaient comment imiter le Japon. Mais en réaction à l'invasion du marché américain par les produits japonais et surtout à l'achat par des sociétés japonaises de secteurs typiques de la culture américaine, de l'American Dream, tels l'industrie automobile ou des semi-remorques ou le rachat du Rockefeller Center par Mitsubishi certains auteurs dénoncent le complot japonais »(Marvin Wolf, 1983) ou le péril jaune dans des livres qui deviennent rapidement des best-sellers. Le Japon devient le bouc émissaire de tout ce qui va mal aux Etats-Unis. [...]
[...] Est-ce que toutes ces pratiques ont été efficaces ? En réalité, comme beaucoup des exportations japonaises sont des produits technologiques sans réelle concurrence, les excédents commerciaux face aux Etats-Unis diminuent peu. La réévaluation du yen permet même au Japon d'investir plus largement à l'étranger : 30% du déficit budgétaire des Etats-Unis sont alors couverts par des banques japonaises : l'influence du Japon s'accroît au grand dam des Américains. Enfin, les résolutions du SII vont dans le sens de ce que désire depuis longtemps le gouvernement japonais. [...]
[...] La politique étrangère que définit Shinzo Abe depuis son arrivée au poste de Premier Ministre du Japon, en 2006 reflète ce dualisme : tout en voulant réécrire la constitution pacifique de 1946, fait des Américains, qu'il dénonce comme un acte de contrition du vaincu envers les vainqueurs il souhaite néanmoins développer une armée offensive amarrée à l'appareil militaire américain, ce que les Américains pressent les Japonais de faire depuis 1951. [...]
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