Toutes les cultures sont en perpétuels changements, ceux-ci plus ou moins rapides, plus ou moins brutaux, plus ou moins sanglants. A tel point que l'on verrait presque la culture comme une entité vivante, avec ses propres buts et convictions, qui ne cesse de se mouvoir sans que l'on puisse réellement la prévoir, mais néanmoins avec une logique implacable qui nous pousse à l'étudier et à essayer de la comprendre. Mais d'où proviennent ces changements ? Sont-ils intrinsèques ou résultent-ils de l'influence de facteurs extérieurs ? Afin d'apporter des éléments de réponse à ces questions, nous les étudierons au travers d'une période charnière dans l'histoire atypique du Japon : l'ère Meiji.
Il suffit d'ouvrir n'importe quel magazine ou livre traitant du Japon pour être confronté aux expressions « Japon : terre de contrastes », ou autre « Le Japon : entre tradition et modernité ». Des clichés ? Peut-être. Et pourtant, si ces idées devaient puiser une origine, elle remonterait très probablement à l'air Meiji ; l'adolescence de la civilisation japonaise. Cette période, datée de 1868 à 1912, correspond à la modernisation extrême du Japon et à son ouverture aux civilisations extérieures. Elle verra une refonte totale, pratiquement sans transition (une vingtaine d'années), en matière de structure politique, juridique, commerciale, militaire, industrielle, maritime et surtout culturelle et sociale. Toutes les strates de la population, du paysan à l'empereur, seront touchées par ces changements et la transformation de la société japonaise sera quasi-totale. Quasi-totale, car derrière le mot d'ordre universel de l'époque : « Imiter l'occident afin de devenir son égal », les japonais n'entendaient pas qu'ils devaient oublier qui ils étaient et devenir des occidentaux. Il restera quelque chose en eux d'inchangé que l'occident ne comprendra jamais car les japonais ne le comprennent pas eux-mêmes et ne cherchent pas à se l'expliquer. C'est cette partie de la civilisation sur laquelle les événements extérieurs n'ont pas de prise et qui définira réellement ses caractéristiques.
[...] Les Daimyo seront alors nommés gouverneurs de leurs anciennes possessions et recevront un salaire, renonçant ainsi à une grande partie de leurs richesses. Deux ans plus tard, les fiefs seront transformés en préfecture et les Daimyo perdront tous privilèges. Leur loyauté à l'égard de l'empereur fut exemplaire. La tâche s'avérait plus rude pour les Samouraïs, représentant prés de de la population. En 1873, le service militaire universel porte un grand coup à leurs prérogatives, ils ne sont désormais plus les seuls combattants du pays. [...]
[...] Il sera adoré de ceux qui le verront vivre de l'intérieur et moqué des autres, qui ne le verront que de l'extérieur. Et c'est cette partie intérieure la véritable propriété culturelle de l'homme, composante de la grammaire culturelle du peuple sur laquelle en dépit de leurs efforts, l'économie, la politique, la répression n'ont que peu de prise, joyaux de l'homme en société jalousement gardé en son sein et dont il ne pourrait, même s'il le voulait, pas se séparer. Bibliographie Danielle Elisseeff, Histoire du Japon, Editions du Rocher Jean-François Sabouret, Japon, peuple et civilisation, La découverte/poche Edwin O. [...]
[...] Sujet : Le Japon de l'ère Meiji : Culture et changements. Avant-propos Afin d'envisager une étude historique sur le Japon, il est important de se familiariser avec certains termes, qui, s'ils nous sont souvent connus, ne nous évoquent pas de définitions exactes. Ere meiji : Nom d'ère signifiant “gouvernement éclairé” correspondant au règne de l'empereur Meiji Mutsuhito (1868-1912). Shogun / Shogunat : si au départ le Shogun était le titre donne à certains généraux de campagnes, il s'avère qu'ils étaient en fait des sortes de dictateurs militaires gouvernant à la place de l'Empereur dont ils tenaient leur autorité, l'Empereur demeurant le chef spirituel de la nation japonaise (comparable à l'actuelle reine d'Angleterre). [...]
[...] Mais au Japon, comme dans presque toute l'Asie, rien ne remplace rien et tout se superpose au préexistant. Il n'y a donc rien de paradoxal au fait que c'est à compter de l'ère Meiji que l'ensemble de la société japonaise reprit à son compte l'idéal demeuré jusqu'alors celui des Samouraïs, reposant sur des vertus simples, déclinées au sein d'une société strictement hiérarchisée : l'autorité patriarcale, l'austérité, la loyauté. Ces qualités confucéennes fournissaient d'indispensables repères. Ainsi, le pragmatisme japonais a simplement rejeté inconsciemment les structures et institutions démodées lorsque celles-ci se sont montrées inadaptées aux conditions nouvelles. [...]
[...] Nous verrons dans une première partie quels seront les circonstances et les détails de la grande mutation du Japon sous l'ère Meiji, puis le rôle et l'influence des civilisations extérieures durant cet épisode, et enfin ce qu'il en est vraiment resté et ce qui n'a pu être changé au cours de cette période. La grande mutation Les origines du changement La période qui précède l'ère Meiji est celle du Shogun Tokugawa. Cette lignée a la main mise sur le Japon depuis près de 3 siècles, et met en œuvre tous ses efforts afin de stabiliser le Japon, mais également de l'isoler. Cependant, le shogunat se rendra compte à ses dépens que figer les institutions politiques ne permet pas d'enrayer le cours naturel de l'évolution historique, ni d'ailleurs les mécanismes économiques et sociaux. [...]
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