La IVème République fut sans doute celle en qui la France plaça le plus d'espoir. En effet, après la parenthèse du régime de Vichy, la IVème République semble devoir relever un double défi : faire oublier l'épisode honteux de la collaboration tout en proposant une alternative satisfaisante à une troisième République largement décriée. Cependant, la déception suscitée par la Quatrième République est à la mesure des espoirs qui avaient été mis en elles. En effet, plusieurs griefs lui sont associés, synthétisés par celui du retour à la IIIème. La Quatrième République resterait donc dans les esprits une réédition malheureuse d'un ensemble d'institutions ayant déjà largement montré leur insuffisance. La thèse du retour semble donc faire autorité et l'intitulé même du sujet sous tend l'idée que la IVème République est par définition un retour à la IIIème. Cependant, avant de conclure de manière définitive à la thèse du retour, il convient de s'interroger au préalable sur la nature de ce retour.
Problématique :
En effet, ce retour est-il prévu, est-il au fondement de la constitution de la IVème République ; ou au contraire s'agit-il d'une réédition contingente, progressive des pratiques de la IIIème République? En d'autres termes, la IVème est-elle un retour à la troisième (du point de vue de l'essence) ; ou est- elle plutôt victime de ce retour (il s'agirait donc plutôt ici de son existence)?
Hypothèse :
Ainsi, c'est parce que la Quatrième République tente, d'une part, de se distinguer dans son principe de sa devancière (une nouvelle constitution qui semble, dans un premier temps, tirer des leçons de l'histoire) et parce qu'elle apparaît, d'autre part, dans un contexte de renouveau (après le second conflit mondial) que la Quatrième République n'est pas qu'un retour à la troisième mais précisément plus que cela.
Dès lors, si la Quatrième république a été conçue avec une réelle volonté de se démarquer de son homologue précédente (I), elle n'a cependant pas réussi à enrayer le retour progressif aux pratiques de la troisième (II).
[...] On préfère le terme de mouvement à celui de parti car ce dernier suppose une division. Le vide de la droite classique va lui être très favorable. Enfin, la dernière grande nouveauté du paysage politique de la France est incarnée par le parti Gaulliste, (le RPF). C'est le parti de la fidélité dont l'unité repose sur la personne même du Général. On y trouve les membres de la résistance comme Bidault ou encore Schumann. Au total, on observe un grand renouvellement du personnel politique, la quasi totalité des anciens parlementaires d'avant guerre étant frappés d'inéligibilité. [...]
[...] En ajoutant un alinéa (alinéa la réforme rétablit une égalité presque complète entre les deux chambres en autorisant le dépôt des projets sur les bureaux de l'Assemblée Nationale comme sur ceux du Conseil de la République. On assiste donc au rétablissement d'un véritable bicaméralisme comme sous la troisième. Le vote de la loi fait aussi l'objet d'un réaménagement en donnant au Conseil le droit d'examiner les projets conjointement à l'Assemblée Nationale. Le Conseil de la république se voit donc remonté au rang d'un véritable Sénat. Le second point de la réforme porte sur le rétablissement de la double investiture. [...]
[...] La souveraineté du Parlement est ainsi réaffirmée et conduit à la prédominance de la loi sur la constitution. De plus, le Parlement est, dans l'esprit du personnel politique, assimilé à la démocratie depuis 1877 ce qui compromet tout redressement de l'exécutif. Ainsi, l'équilibre des pouvoirs est mis à mal et, de l'impuissance des gouvernements, découle la résurgence de l'antiparlementarisme. En effet, ces derniers retrouvent l'impopularité connue sous la Troisième. Les maux dont les constituants de la Quatrième avaient tentés d'affranchir la démocratie réapparaissent donc. [...]
[...] Le premier président du conseil de la Quatrième, Paul Ramadier, en répondant deux jours après sa propre investiture aux appels de l'Assemblée sur la composition de son gouvernement trahit déjà l'esprit de la Quatrième république. Ses successeurs se plieront à cette règle informelle affaiblissant ainsi, dès le départ, l'autorité de l'exécutif. En dernier lieu, on assiste aussi à un détournement de la constitution en ce qui concerne la responsabilité ministérielle. Ainsi, la constitution requérait la majorité absolue des députés pour la question de confiance comme pour la motion de censure. Cependant, l'Assemblée nationale abandonne vite la motion de censure pour généraliser l'usage de la question de confiance. [...]
[...] Ce renouvellement des forces politiques est donc aussi et surtout un renouvellement du personnel politique. Ainsi, en 1945, une nouvelle génération d'hommes politiques s'accorde sur la nécessité de rompre avec les pratiques et les institutions d'avant guerre. L'existence d'une nouvelle génération d'hommes politiques contribue ainsi à relativiser le postulat de l'absence d'un exécutif stable et de l'instabilité parlementaire, censées consacrer un retour à la troisième république. En effet, si les gouvernements s'usent vite, les hommes demeurent et s'accordent sur l'essentiel : la modernisation de l'économie, la justice sociale et la défense des institutions. [...]
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