[...] Alcide De Gasperi, premier ministre de 1945 à 1953, deux fois ministre des affaires étrangères et le comte Sforza, ministre des Affaires étrangères de 1947 à 1951, engagent l'Italie dans la voie européenne. Tous deux ont une expérience politique antérieure au fascisme. De Gasperi a été député au parlement austro-hongrois (on peut parler de l'expérience mitteleuropéenne d'un habitant d'une zone frontalière parcourue par des tensions et des conflits nationalistes) et l'un des leaders du parti populaire au début des années 1920. Il reste toujours fidèle à ses idéaux démocrates-chrétiens et se considère comme un patriote italien qui défend la souveraineté de l'Italie sur le Sud Tyrol germanophone et essaie jusqu'en 1949 de conserver les droits de l'Italie sur ses colonies pré-fascistes. Autant d'options qui pourraient le faire regarder comme un homme politique dans la tradition nationale du Risorgimento. En matière économique, De Gasperi estime que seul un espace économique continental ouvert aux produits et au travail de l'Italie pouvait alléger le problème dramatique du chômage et permettre l'établissement d'une solidarité concrète entre zones fortes et zones faibles de l'Europe. La démocratie chrétienne italienne dans son ensemble s'est construite à l'origine en réaction contre l'Italie libérale. Son rapport à l'État né du Risorgimento est donc nécessairement problématique. Le monde catholique n'est d'ailleurs pas obligatoirement unanime vis-à-vis de l'Europe. Il redoute souvent que l'influence européenne (et américaine) n'entraîne une certaine sécularisation.
Mais il faut prendre en compte l'influence de Pie XII.
Celle d'Alcide de Gasperi.
Quant au comte Sforza, il appartient à l'élite libérale pré-fasciste. Au début des années 1920, c'est un avocat résolu du rôle de l'Italie comme puissance européenne et méditerranéenne. Après la guerre, son objectif est de refaire de l'Italie une puissance régionale. Cette conception du rôle international de l'Italie d'après-guerre est partagée par de nombreux exilés antifascistes (...)
[...] Les Italiens font certes volontiers le choix de l'Europe. La faiblesse de la conscience nationale, trait particulier de l'histoire italienne (pour cause d'unité relativement récente) explique une propension chez beaucoup d'Italiens à trouver un point de référence idéal dans l'Europe unie (cette situation très particulière se reproduira d'ailleurs au début des années 1990). Mais le choix européen est aussi en partie pour les Italiens l'occasion de mieux défendre leurs intérêts nationaux. En cela, ils ne différent pas tant que cela des Français et des Allemands. [...]
[...] HISTOIRE CONTEMPORAINE Penser et construire l'Europe L'Italie et les débuts de la construction européenne Introduction. L'Italie est habituellement décrite comme l'une des puissances qui ont fait le choix européen avec le plus d'enthousiasme. Mais pourquoi cet enthousiasme ? Faut-il le nuancer ? Il faut préciser que des ferments européistes existent dès le début des années 1920 en Italie chez certains intellectuels libéraux, chez des hommes d'affaire comme Giovanni Agnelli, chez certains socialistes. Mais ces ferments sont étouffés par la montée du fascisme. [...]
[...] La plupart des diplomates italiens sont en fait entrés dans la carrière diplomatique pendant la période fasciste. Même s'ils n'étaient pas vraiment fascistes, leur culture politique est proche de celle du nationalisme classique. Les chefs militaires ont un profil assez comparable. Ils sont soucieux avant tout de sauvegarder les intérêts nationaux de l'Italie. De ce fait, ils sont assez critiques vis-à-vis d'un projet comme la CED qui peut menacer la relation qu'ils avaient construit avec les Américains, relation qui doit permettre à l'armée italienne de renforcer le rôle stratégique de Rome dans le cadre du système atlantique. [...]
[...] Les choix européens sont en fait liés assez largement aux traditions et aux buts du début du vingtième siècle, période où a eu lieu la première formation des leaders du milieu du vingtième siècle. B. L'Italie n'est pas une exception. Pour les puissances qui font le choix de l'Europe, c'est un moyen de poursuivre leurs objectifs nationaux : pour la France, il s'agit de contrôler le renouveau de l'Allemagne, pour l'Allemagne, de retrouver un statut international. C. Vers le changement. [...]
[...] Son rapport à l'État né du Risorgimento est donc nécessairement problématique. Le monde catholique n'est d'ailleurs pas obligatoirement unanime vis-à-vis de l'Europe. Il redoute souvent que l'influence européenne (et américaine) n'entraîne une certaine sécularisation. Mais il faut prendre en compte l'influence de Pie XII. Celle d'Alcide de Gasperi. Quant au comte Sforza, il appartient à l'élite libérale pré-fasciste. Au début des années 1920, c'est un avocat résolu du rôle de l'Italie comme puissance européenne et méditerranéenne. Après la guerre, son objectif est de refaire de l'Italie une puissance régionale. [...]
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