Depuis les années 1970 s'affirme un courant donnant une dimension plus politique à l'islam : l'islamisme. Ce courant qui tente de répondre à une crise identitaire s'appuie sur un développement des fondamentalismes religieux. Il revendique une influence croissante dans l'ordre mondial.
En même temps, il y a loin de l'islamisme-démocrate d'un Erdogan en Turquie, qui demande à intégrer l'Union européenne, à celui d'un Oussama Ben Laden, dont le message apocalyptique vise le « grand Satan » américain.
De quelle idéologie se réclament alors ces leaders islamiques ? Faut-il voir dans ce mouvement l'expression cohérente d'une voie musulmane qui s'opposerait à la voie occidentale ou n'est-il que le dernier chant du cygne, une dernière résistance, un prélude à la « sortie de la religion » (M.Gauchet) ?
[...] Autre nouveauté, cet islamisme est doté d'un projet politique précis ; il prône une lutte contre le grand Satan américain et une stricte application des préceptes religieux. Ce nouvel islamisme qui ne périme pas l'ancien, s'incarne principalement dans le réseau terroriste al-Qaida , fondé par Ben Laden, et se traduit par un nouveau terrorisme international, essentiellement dirigé contre les Etats-Unis et leurs alliés. Al-Qaida revendique la plupart des attentats commis depuis 1998 (Nairobi et Dar es-Salaam en Afrique, le 11 septembre 2001 à New York, ou 2002 à Karachi et Bali). [...]
[...] Il n'a pas accepté que les dirigeants d'Arabie laissent les GI stationner leurs troupes non loin des lieux sacrés de l'Islam. Désormais, sa lutte se radicalise contre l'autre supergrand. III.3. L'islamisme à la croisée des chemins Depuis la fin des années 1990, un nouveau courant islamiste s'affirme dans le cadre d'un néo-fondamentalisme qui procède du terrorisme. Il se développe non seulement dans les communautés musulmanes du Sud mais aussi, et il s'agit là d'une nouveauté, parmi celles des pays du Nord. [...]
[...] Le conflit entre les pays arabes et Israël a rapidement tourné à l'avantage de ce dernier. L'échec du nationalisme arabe est symbolisé en 1967 par la défaite humiliante infligée par Israël aux pays coalisés lors de la guerre des Six Jours, à l'issue de laquelle Israël double sa superficie. Cet échec a été exploité par les islamistes qui ont dénoncé le soutien de l'Occident à Israël. L'activisme islamiste redouble donc à la fin des années 1970. Précisément, l'islamisme s'installe pour la première fois au pouvoir à la fin de la décennie 1970. [...]
[...] Rien ne montre mieux la modernité de l'islamisme que son recrutement. Il provient d'enclaves modernistes de la société (écoles normales, universités scientifiques La plupart des militants viennent de familles récemment urbanisées ou des classes moyennes paupérisées. Il y a une parfaite adaptation des islamistes au monde moderne et urbain : utilisation des techniques urbaines en communication, organisation de grandes manifestations L'islamisme ne se cantonne plus aujourd'hui au seul monde arabe : on retrouve chez les jeunes musulmans d'Occident qui en sont adeptes les mêmes caractéristiques sociologiques. [...]
[...] L'islamisme de ce début de siècle est à décliner au pluriel. Entre un Hamas dont les dirigeants sont peut-être plus enclins à la négociation avec Israël que leurs électeurs et l'Iran qui agite l'arme nucléaire au nom de Dieu, l'islamisme montre plus que jamais qu'il est une réaction face à la modernité au sein de certains pays musulmans. L'Occident est certes le repoussoir mais il est aussi le miroir de ce que les pays musulmans pourraient devenir. Dans ce paysage incertain, l'historien se doit d'être un géopoliticien prudent. [...]
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