Le XIXème siècle est un « moment pivot » dans l'histoire et l'évolution des faits divers selon Marc Lits. En effet c'est à cette période que les « canards » se perfectionnent, au début du siècle, puis disparaissent peu à peu et laissent progressivement leur place aux faits divers des grands quotidiens. C'est cette évolution, qui va donner véritablement naissance aux faits divers, que nous allons tenter de synthétiser ici (...)
[...] S'intéresser à la naissance du fait divers oblige donc à un rapide passage par l'étude du canard du XIXème siècle. On distingue deux types de canards, qui se différencient par leur format et le public qu'ils visent : ( Canards de petits formats: - Forme de recueil - Public campagnard - Ils sont colportés - Colporteur est souvent même le producteur du fait divers et se pose en témoin de celui-ci. - Textes rédigés pour l'occasion - Goût de l'horrible Exemple de titre de canard campagnard cité par Annik Dubied et Marc Lits : Un crime épouvantable ! [...]
[...] C'est cette évolution, qui va donner véritablement naissance aux faits divers, que nous allons tenter de synthétiser ici. Le développement du canard. Dès le début du siècle, les progrès et perfectionnements du canard sont rapides: -illustrations -travail du texte -impression -diffusion Le fait divers, selon D.Kalifa, est d'ailleurs prêt pour un grand développement dès la fin du XVIIIème siècle, mais ce développement va être retardé par les troubles politiques qui se font dans la lignée de la Révolution française. Il explique ainsi que le fait divers ( ) ne prend sa véritable mesure que lorsque les grands idéaux sont saturés Les faits divers explosent alors dans les occasionnels dès les années 1830. [...]
[...] Le texte est quant à lui bref et marqué par des récits horribles et saisissants. On voit bien que la presse moderne, si elle en change la forme, ne change donc pas le contenu des faits divers qui s'appuient toujours sur les récits de crimes, ce qui fait dire à D.Kalifa qu'à la fin du XIXe siècle, la chronique criminelle ( ) a transformé la presse populaire en une véritable usine à crimes et a réussi à imprimer sa marque sur la plupart des journaux Cette évolution, si elle peut rencontrer des temporalités différentes en Europe se remarque néanmoins dans l'essentiel des pays, on peut par exemple citer le cas du journal belge La Gazette créé en 1870 qui accorde lui aussi une grande partie de sa surface rédactionnelle aux faits divers. [...]
[...] C'est d'ailleurs pourquoi les informations au sein de ces canards ne sont jamais datées. ( Les canards de grands formats : -Public urbain -Titres-sommaires, de taille de plus en plus en plus grande -Simple compilation de textes périodiques déjà parus -Développement rapide de l'illustration - Goût du macabre et de l'atroce (partagé avec les campagnes) -Vente à la criée Ces faits divers occasionnels, nés dès le XVIème siècle, se développent donc considérablement au XIXème siècle sous la forme du canard, mais cette forme va bientôt disparaître ou du moins considérablement se transformer au cours du siècle pour donner naissance au fait divers sous sa forme nouvelle, au sein de la grande presse Le passage du canard aux fait divers On assiste dans la seconde moitié du XIXe siècle à une véritable démocratisation de la presse, (alphabétisation, journaux à prix accessibles, progrès techniques, diffusion élargie Sur le modèle du Petit Journal, de Polydore Millaud qui se vend en 1863 à un sou, la presse moderne va naître, et donner du même coup une dimension différente au fait divers. [...]
[...] C'est d'ailleurs à la suite de la naissance de cette presse moderne que le terme de fait-divers apparaît et se démocratise réellement. Ceux- ci occupent une place à part entière dans les quotidiens, au sein des chroniques, où travaillent des faits diversiers selon le terme employé par Annik Dubied et Marc Lits. Ils sont chargés d'obtenir, par tous les moyens, des éléments à faire figurer dans les chroniques. Ils sont d'ailleurs, comme le rappelle Kalifa, souvent payés à la ligne et obligés d'inventer des histoires pour vivre. [...]
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