Inventer le roman national, XIXe siècle en France, Jules Michelet, Ancien Régime, Révolution française, Pierre Nora, imaginaire d'unité nationale, légitimité nationale, légende républicaine, mythe national, construction identitaire, Walter Scott, agrégation d'histoire, enseignement scolaire, loi Ferry, politisation de l'école, chants patriotiques
"Quelle est la première partie de la politique ? L'éducation. La seconde ? L'éducation. Et la troisième ? L'éducation." Tel est le propos de l'historien et homme politique français Jules Michelet dans son ouvrage "Le Peuple" en 1846. Le rapport au passé et notamment à l'Ancien Régime et à la Révolution française est un enjeu politique central au 19e siècle et constitue le marqueur principal du positionnement politique. De fait, la question de l'invention d'un "roman national", lecture singulière du passé, est dans ce contexte une question éminemment politique. L'expression de "roman national" a été employée pour la première fois dans les "Lieux de mémoire" dirigés par Pierre Nora en 1992, et désigne le produit d'une longue histoire se considérant scientifique et à application pédagogique, qui présente l'histoire de France "des origines à nos jours" de façon linéaire et téléologique.
[...] Il est même difficile de parler de nation pour désigner les pays européens. Mais un mouvement d'écriture de romans historiques va naître en Écosse et s'étendre sur toute l'Europe. En effet l'écrivain écossais Walter Scott va être le premier à écrire des romans contenant des leçons d'histoire, son plus connu étant Ivanhoé. Son roman va répondre aux attentes de construction identitaires qui se font à l'époque. On dit qu'il lance le mouvement des « romans historiques », car dans ses romans, Scott met en scène des coutumes, mobiliers, usages alimentaires, dans différentes couches sociales et à différentes époques historiques. [...]
[...] Ces symboles participent, en même temps que le roman national, à créer une identité française, pour unifier les Français et pour qu'ils respectent les valeurs de la République. On note par exemple la création du drapeau français ou de la Marianne. Aussi on regroupe la nation sous un chant, la Marseillaise. Plusieurs chants patriotiques sont aussi écrits. De plus, il existe des fêtes républicaines, à commencer par celle du 14 juillet, la fête nationale, qui commence à la fête de la fédération du 14 juillet 1790. [...]
[...] Il s'agit de créer une nouvelle religiosité servant l'État pour placer sa souveraineté au-dessus de celle de l'Église. La démarche aboutit surtout à la loi de séparation de l'Église et de l'État de 1905. B. L'armée comme seconde institution de formation de la nation républicaine Le patriotisme est le fait que les individus sont dévoués envers leur pays. L'armée et la guerre en générale créent en partie le patriotisme. En effet, le rôle de l'armée est de défendre la patrie contre l'envahisseur. [...]
[...] Le « roman national » s'inscrit parfaitement dans cette perspective et constitue donc bien un outil politique de premier ordre, en donnant une profondeur et une légitimité historique au mouvement républicain. Il va ensuite permettre la diffusion des idées républicaines par la vulgarisation scolaire ainsi que permettre l'émergence d'une nation telle que pensée par les républicains grâce à sa participation d'un processus d'unification culturelle de la population. Ce phénomène n'est toutefois pas linéaire et fait face à de nombreuses réticences ou oppositions, à la fois de la part du monde clérical et des monarchistes qui n'entendent pas reconnaître de la vision proposée du fait de l'héritage de 1789 qu'elle porte, mais également des libéraux réticents à un trop grand appel aux masses. [...]
[...] L'on se demandera ainsi en quelle mesure l'émergence et la construction du roman national permettent un processus d'affirmation et de diffusion du mouvement républicain en France au 19e siècle. Un tel questionnement invite également à étudier le rôle du roman national dans l'émergence d'un mythe national fondement de l'idée républicaine, mais également à évaluer les réticences et réactions à la vision politique du passé et de la société qu'il met en place. De fait, nous verrons que le roman national permet d'assister à la construction d'une « légende républicaine », permettant l'ancrage progressif du mouvement républicain, et enfin que le « roman national » appelle à la mobilisation d'autres ressources dans la cadre de la construction d'un « mythe national ». [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture