L'une des principales caractéristiques du Yémen est la centralité de l'Etat yéménite, et ce depuis la nuit des temps. En effet jusqu'au XIXe siècle l'Etat yéménite s'appuie sur sa centralité et la puissance qu'elle dégage pour se présenter comme la plaque tournante du commerce au sein de la péninsule arabe, s'imposant alors comme un Etat fort et prospère. Deux siècles plus tard, le Yémen apparait pourtant comme un Etat faible, le plus pauvre du monde arabe (le seul pays classé PMA en réalité au sein du monde arabe) et l'un des moins riches au monde. Si la centralité de l'Etat est remise en cause avec la double colonisation, ottomane au Nord et britannique au Sud, la prospérité ne l'est pas, les Britanniques contribuant notamment à enrichir la région d'Aden.
L'une des raisons tient à la mauvaise gestion des richesses par l'imamat qui reprend le pouvoir à la Sublime Porte en 1918, isolant le pays et le plongeant dans le sous-développement. La situation semble cependant s'aggraver durant la période 1962-1990, à l'instar d'un Sud plus pauvre en 1990 qu'il ne l'était en 1960. Rongées par les conflits internes et les interventions extérieures, les deux parties du Yémen sont en effet engluées pendant ces trois décennies dans un marasme aux multiples facettes : tant économique et politique que sociologique. Le leader du Parti Socialiste du Peuple de l'époque, Abdullah Al-Asnaj évoque en ce sens en 1966 un « Second Congo ». En 1990, la réunification est toutefois scellée entre les deux Yémen, et la situation semble alors promise à une amélioration certaine. Il apparait alors important de saisir comment s'est construit ce difficile cheminement vers l'unité et les obstacles qu'il a rencontrés, au sein d'un Etat jadis prospère, au passé glorieux, et désormais bien loin de répondre à son surnom grec d'Arabie Heureuse.
[...] Il est cependant important de ne pas se lancer dans une généralisation à outrance, ces affirmations ne restant que des tendances. Une autre division oppose conservateurs et progressistes : une nouvelle élite éclot dans les années 60 avec la volonté de profiter de la position stratégique du Yémen pour s'ouvrir au monde, tandis que les chefs de tribus refusent cette ouverture potentiellement synonyme de perte de pouvoir pour eux. L'un des autres objets de tensions au sein de cette constellation yéménite concerne la monopolisation du pouvoir par les tribus les plus puissantes, dominant ainsi complètement la classe marchande. [...]
[...] Il a en effet une rive sur la Mer Rouge et l'autre sur l'Océan Indien, avec un accès au détroit hautement stratégique de Bab el-Mandeb, tout en étant à la fois proche de la corne de l'Afrique et des ressources pétrolières saoudiennes. Malgré les avantages qu'elle offre, cette position ne manque pas d'attiser les convoitises, faisant du Yémen un enjeu régional tout en éveillant d'alléchantes perspectives parmi des pays plus lointains tels que la Russie ou la Grande-Bretagne. Ghassan Salamé intitulait ainsi un article sur la situation yéménite Dilemme d'un pays (trop) bien situé. Cette situation stratégique et les intérêts suscités attireront en effet d'abord les colons britanniques et la domination ottomane, avant que ces deux dominations ne se voient détrônées. [...]
[...] Le PSY juge quant à lui la constitution trop vague, pas assez complète ; il approuve cependant le projet tout en en pointant les lacunes en 1981. Les commissions mises en place lors de l'accord de paix obtiennent alors le soutien des deux gouvernements et les travaux entrepris semblent proches d'aboutir. Si en 1981 aucune constitution commune n'est promulguée dans un premier temps, les accords de coopération économique se multiplient entre les deux Etats. Après la crise de 1979, les deux pays semblent donc s'engager avec détermination dans la voie de l'unité, bien que cet engagement ne consiste en 1981 qu'en le renforcement d'accords de coopération économique. [...]
[...] L'Arabie Saoudite lutte à la fois contre l'Egypte et contre la cristallisation des deux Yémen, afin de ne pas voir émerger un pouvoir trop puissant au sud de son territoire. L'Egypte s'engage de manière tant déterminée qu'elle finit par établir une domination sans partage sur le Nord et mène les combats contre l'Arabie Saoudite et les royalistes, bombardant à deux reprises le territoire saoudien et soutenant les territoires séparatistes au sud de l'Arabie. Les troupes égyptiennes auront par ailleurs recours en 1966 au Napalm et aux gaz moutarde pour exterminer les populations résistantes à leur domination. [...]
[...] Ces divisions trouveront un certain écho en 1972. En effet, Aden annonce en 1972 la victoire de ses troupes contre des mercenaires américains dans la baie de Bayhan et organise une tournée anti-saoudienne au sein du monde arabe. En réaction, la RAY menace d'enclencher une guerre et ferme ses frontières dès le mois d'octobre, laissant ainsi place aux combats. Des accords de paix sont signés au Caire le 17 octobre sous la pression de la Ligue Arabe, et verront naître le projet d'une nation unie sous un même drapeau, avec une même capitale. [...]
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