Le XIXe est en Europe le siècle de la naissance des nations et des démocraties, mais c'est aussi le siècle au cours duquel les femmes vont lentement faire entendre leurs revendications. En effet si la plupart des droits politiques accordés aux femmes le seront au cours de la première moitié du vingtième siècle, la « mise à l'agenda politique » du problème des femmes date du XIXe . En 1850 aucun état européen n'accorde le droit de vote aux femmes, et ce à n'importe quel échelon (municipal, régional ou national ). En 1950, soit un siècle plus tard, pratiquement tous les États européens ont accordé aux femmes le droit de vote et l'éligibilité. Les exceptions sont alors le Portugal, la Grèce (où la discrimination entre les sexes est maintenue par des régimes autoritaires) ou encore la Suisse.
Durant cette période le problème du vote féminin a donc concerné tous les pays européens. Il ne s'agit pas d'un phénomène national, mais d'un problème qui touche l'ensemble de la population du continent et que l'on pourrait dire propre à la « société européenne ». Cependant malgré son caractère transnational, que l'on peut expliquer par la diffusion de courants de pensée libéraux et universels durant tout le XIXe siècle, le suffrage des femmes a été traité à l'échelon national. L'introduction du suffrage féminin n'a donc pas suivi les mêmes évolutions dans toutes les régions de l'Europe en fonction de clivages culturels ou religieux, mais aussi de la situation des différentes forces politiques des pays européens.
Toutefois si les chemins à l'égalité des droits ont été très variés, le droit de vote des femmes est une problématique qui s'est posée partout de la même manière. Tous les pays européens ont eu à répondre à la question « Les femmes peuvent-elles avoir une place dans la sphère politique ? ». A cette question, la réponse a été invariablement positive, bien que certains pays aient mis plus de temps que d'autres à y parvenir.
[...] Parmi les pays latins, c'est en Italie que la question du suffrage féminin est le plus sérieusement agitée. Récemment des femmes-docteurs ont réclamé, en plusieurs villes, leur inscription sur les listes électorales, se basant sur le silence de la loi quant au sexe des personnes appelées à voter. Le ministre consulté a autorisé l'inscription des femmes pour les élections municipales. C'est là une victoire qui a son importance. Bien sûr le suffrage des femmes n'est pas accordé, mais les femmes obtiennent quelques concessions et commencent à poser cette question au sein du pays. [...]
[...] Jusqu'en 1903 la politique des femmes britanniques avait été de persuader pacifiquement les partis politiques et les parlementaires de leur accorder des droits équivalents à ceux des hommes. En 1903 intervient un changement de stratégie. Le mouvement suffragiste modéré voit émerger une frange plus radicale, celui des suffragettes fondée par Emmeline Pankhurst. Contrairement aux suffragistes, les suffragettes entendent recourir à la violence dans le cas où leurs demandes ne seraient pas écoutées. L'indifférence des parlementaires favorisa les débordements des militantes les plus déterminées, qui commirent de nombreux actes de violence tout au long de la belle époque. [...]
[...] Le féminisme se heurtera ainsi à la conviction profonde qu'auront de nombreuses femmes que la politique n'est pas leur affaire. Cette hostilité culturelle peut être considérée comme un élément commun à l'ensemble des pays européens, à l'exception peut-être des pays scandinaves. Les affiches ci-contre en sont un témoignage : l'affiche de droite est une affiche suisse du début des années 1920, la seconde est une affiche britannique de la fin du dix-neuvième siècle. Les deux affiches reprennent le même thème, celui du foyer délaissé et exposent la même idée : la place de la femme est à la maison. [...]
[...] La Révolution a donc ouvert un champ de questionnement pour les penseurs politiques et un champ de possibilités pour les femmes. De premières réformes comme l'abolition de la masculinité (qui donnait aux seuls enfants mâles le droit de succession) ou l'autorisation donnée aux femmes à comparaître devant les tribunaux ont pu laisser penser que l'on allait vers un nouveau statut de la femme. Les lois de 1792 sur le divorce et le contrat de mariage, qui tenaient l'homme et la femme pour également responsables au sein du couple, semblent ainsi être un premier pas vers une égalité civile qui doit conduire à une égalité civique. [...]
[...] Par pays latin on entend : pays de religion catholique ayant adopté entièrement ou en partie le code Napoléon. Les pays latins sont la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie, l'Espagne et le Potugal, mais aussi la Roumanie. On les tient notamment éloignées des romans et plus que tout des romans d'amour, jugés subversifs. En France en 1902 l'Etat ouvre 86 écoles pour filles contre 1429 établissements scolaires pour filles tenus par des congrégations religieuses. Près de des établissements pour jeunes filles sont confessionnels. [...]
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