Etude de l'ouvrage de Laura Lee Downs, L'inégalité à la chaîne, paru en 1995 aux Etats-Unis sous le titre Manufacturing Inequality : analyse de la représentation du genre par le prisme du travail féminin durant la première Guerre mondiale au sein de l'industrie métallurgique en France et en Grande-Bretagne.
[...] Cette grève fut menée par des femmes, avec l'appui des hommes qualifiés mais sans le soutien du syndicat professionnel. Elle visait alors à lutter contre l'introduction du système Bedaux de rémunération à la pièce, mais se solda par le principe du salaire égal pour un travail égal. Les hommes se mobilisent pour la parité des salaires que si cela peut préserver le leur, et tentent de contrer les systèmes de rationalisation uniquement lorsqu'ils menacent le travail en général Le rôle patriarcal des entreprises et de l'Etat Laura Lee Downs critique certaines approches dualistes, comme celle de Heidi Hartmann, selon lesquelles l'oppression des femmes au sein du monde du travail serait due à deux facteurs indépendants : le patriarcat et le capitalisme. [...]
[...] ) de la population ouvrière des usines Leur arrivée incarne ainsi la volonté patronale de maîtriser le processus de production, mais marque également le développement d'une préoccupation pour la santé des ouvriers, et son impact sur la productivité. CONCLUSION La féminisation de la métallurgie s'appuie donc sur un jeu de représentation qui réorganise les structures de production dans le cadre de l'effort de guerre. Cette féminisation est visible dans les statistiques: à la fin de la guerre, les femmes occupaient des emplois dans la métallurgie française, contre moins de en 1914. [...]
[...] Quelles ont été les conséquences sur les structures de production ? Comment la représentation de la féminité a t-elle influé sur les politiques industrielles et étatiques ? L'auteur réalise une étude croisée de deux pays aux cultures nationales et aux structures étatiques distinctes, mais qui finirent par aboutir à des situations semblables, grâce à des évolutions guidées par une logique capitaliste, une logique patriarcale et une logique aristotélicienne Dans un premier temps, nous étudierons la féminisation de la métallurgie et ses conséquences, avant de nous intéresser au contrôle exercé sur ces nouvelles ouvrières par l'Etat et les entreprises de l'époque LA FÉMINISATION DE LA MÉTALLURGIE ET SES CONSÉQUENCES La nécessaire transformation de la métallurgie durant la guerre La 1ère Guerre Mondiale a mis à mal les deux structures sur lesquelles reposaient l'industrie métallurgique avant le conflit. [...]
[...] Laura Lee Downs, L'inégalité à la chaîne Ce livre, paru en 2002 en France, est en réalité la thèse de Laura Lee Downs, publiée en 1995 aux Etats-Unis sous le titre Manufacturing inequality. Aujourd'hui directrice d'études pour le Centre de Recherches Historiques de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris, Laura Lee Downs s'est penchée sur le travail des femmes entre 1914 et 1939 en Angleterre et en France dans les industries métallurgiques, quasiment exclusivement masculines avant la première Guerre Mondiale, et ses répercussions sur l'organisation du travail dans son ensemble. [...]
[...] Les compétences féminines sont ramenées à leur représentation au sein de la société, et donc à leurs caractéristiques biologiques et leur rôle domestique. Le travail féminin fut alors essentiellement défini par sa dextérité et sa rapidité, ce qui explique l'intégration segmentante des femmes dans la nouvelle organisation du travail. Le travail non qualifié se divise entre celui nécessitant une certaine force physique, qui reste réservé aux hommes, et celui qui n'en exige pas, qui s'ouvre progressivement aux femmes. Le travail qualifié n'échappe pas à cette division, et se sépare entre le répétitif et le raisonné : les hommes sont alors considérés comme plus aptes à réaliser un travail nécessitant une initiative technique et un raisonnement, tandis que les femmes sont définies comme adaptées à des taches apprises par imitation car la femme, quelle que soit sa maîtrise, apporte la même attention à refaire un travail (observation de M. [...]
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