L'année 1960 constitue un enjeu majeur de la Guerre Froide. On assiste à une décolonisation massive en Afrique, terrain de toutes les convoitises. Les deux blocs suivent de très près ces mouvements d'émancipation, de peur que tel ou tel pays ne bascule dans le camp adverse. La fondation de ce qui Tiers-monde suscite de nombreuses convoitises. Parallèlement, les Etats-Unis sont très actifs, depuis la présidence de Harry Trumann, sur la scène internationale. On observe la mise en place d'une idéologie précise ayant pour principal objectif la lutte contre le communisme.
C'est dans ce contexte que les États-Unis s'intéressent au sort du Congo. Le pays est riche en minerais et ne doit pas tomber entre les mains soviétiques. Toute la stratégie américaine vise à endiguer cette menace. Le « containment » est la priorité de l'administration Eisenhower et des puissants services de renseignements américains, qui vont multiplier les contacts avec le nouveau gouvernement congolais de Patrice Lumumba. Ce dernier, en pleine guerre froide, doit choisir son camp et ne peut se permettre au vu de la situation intérieure d'adopter une position neutraliste. Il ne résistera pas longtemps, à peine quelques mois. Quel rôle l'administration américaine a-t-elle joué dans le renversement du gouvernement congolais et dans l'assassinat de Patrice Lumumba ?
[...] Non seulement la CIA est au courant des détails de l'opération qui mène Lumumba à une mort certaine, mais c'est encore un agent de l'agence que l'on retrouve à Elisabethville dans la nuit du 17 janvier avec le corps de Lumumba dans son véhicule, cherchant à savoir comment s'en débarrasser Ainsi, les États-Unis ont resserré petit à petit l'étau sur le gouvernement de Lumumba, pour finalement le renverser. Ils ont du début à la fin agi dans la mesure de leurs intérêts. C'est Eisenhower qui intime l'ordre, implicitement, à la CIA de se débarrasser de Lumuba et de son gouvernement. Cette obsession d'assassiner le premier ministre congolais n'a pas seulement agité les cerveaux de la CIA à Washington. [...]
[...] Après la rupture entre H et Lumumba, les États-Unis entrent en action. Pourquoi ? Car, le jour même, où il rompt avec Hammarskjöld, le premier ministre congolais adresse une demande d'assistance militaire à l'URSS, signifiant pour les Américains une radicalisation du comportement de Lumumba et l'escalade dans l'appui soviétique. Aux alentours du 17 août, une importante réunion a lieu dans le cadre du National Security Council en présence du président Eisenhower. Elle porte sur la menace de Lumumba de ne plus faire appel aux troupes de l'ONU et d'une possible intervention soviétique au Congo. [...]
[...] Dans la nuit du 9 au 10 juillet, un soulèvement des soldats noirs d'Elisabethville éclate, et vise les officiers belges qui veulent arrêter l'africanisation. Les forces congolaises sont défaites. Tshombé en profite pour proclamer la sécession de la province katangaise. En réalité, il s'agit d'un prétexte destiné à contrôler la région riche en minerais, via l'Union minière[5], en partie responsable des troubles. L'accession du Congo à l'indépendance amène de fervents anticolonialistes au pouvoir, notamment le premier ministre Lumumba, qui entend bien effacer les vestiges dans l'ancien ordre colonial. Néanmoins, cela ne va pas sans heurter les intérêts belges. [...]
[...] La responsabilité incombe autant aux Américains qu'aux Belges. Le rôle joué par les seconds ne fera pas l'objet de notre propos, ou uniquement dans la mesure où il rejoint les actions de la CIA. Le 19 septembre, l'agence de renseignement américaine envoie à Léopoldville un spécialiste ès poisons le docteur Gottlieb, surnommé pour la circonstance Joé de Paris, qui serait chargé d'introduire une substance chimique mortelle dans la nourriture ou sur la brosse à dents de Lumumba. La mission échoue et le 5 octobre Gottlieb quitte Léopoldville, d'une part parce que le poison n'était plus sûr d'autre part parce que Delvin avait été incapable de trouver rapidement un agent pour infiltrer la résidence de Lumumba La seconde opération est lancée en novembre, toujours avec cette idée d'éliminer le premier ministre qui continue à être politiquement dangereux tant qu'il est vivant. [...]
[...] Il les incite à demander une aide de l'ONU dans le cadre d'une opération de maintien de l'ordre. D'abord réticents, ils finissent par accepter. Le 12 juillet, les autorités congolaises envoient un télégramme à l'ONU, demandant d'urgence une aide militaire contre l'actuelle agression extérieure L'internationalisation du problème congolais débute donc, et ce sont les Américains qui ont contribué à la provoquer. Les jours qui suivent vont réduire à néant la première phase du plan Timberlake. Les troupes belges sont mises sous tutelle de l'ONU, ce qui est inconcevable pour le gouvernement central congolais. [...]
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