Malgré la filiation maintes fois revendiquée, la tendance anarchiste opère d'abord un mouvement de détachement par rapport à l'influence proudhonienne, dominante au cours des deux premiers congrès sous la forme du mutuellisme. Certes les bakouninistes ont en commun avec l'autodidacte bisontin l'anti-autoritarisme, l'anti-étatisme, mais à partir de 1868 ils s'en séparent sur la question de la propriété privée. Le renouvellement des cadres de la section parisienne à l'occasion des procès intentés par l'Empire la fait passer du mutuellisme au collectivisme « anti-autoritaire », et l'ensemble des délégués français votent au congrès de Bruxelles, avec les marxistes, un texte réclamant la propriété collective du sol. Cependant, cet accord collectiviste rejetant les mutuellistes dans la minorité ne s'avère pas durable. Dès avant la Commune, des tensions se font jour entre marxistes et bakouninistes, et le 5e congrès de l'Internationale, à La Haye (1872) consacre la scission entre « autoritaires » et « anti-autoritaires », ces derniers refusant d'une part toute centralisation, d'autre part la nécessité de mener la lutte également sur le plan politique. En France, le mouvement ouvrier, qui renaît lentement après la répression de la Commune, se structure plus tard : la constitution d'un mouvement anarchiste séparé des autres tendances ne devient effective qu'en 1881, à l'occasion de congrès régionaux...
[...] Qui sont les anarchistes ? En quoi leur culture politique se distingue-t-elle de celles des autres composantes du mouvement ouvrier ? Dans quelle mesure et de quelle manière s'est-elle implantée en France ? Structuration du mouvement anarchiste Pour commencer cet exposé, il convient de se demander qui sont les anarchistes, quels groupes ils constituent, quels sont leurs efforts de coordination du mouvement. Cependant, il faut préciser d'emblée que le titre de ce chapitre est presque métaphorique et peut sembler inapproprié au premier abord : il n'y a jamais eu de parti anarchiste au sens strict et pratiquement ts les efforts d'organisation se sont soldés par des échecs au cours de cette période. [...]
[...] Mais, au-delà de cette dispersion, les leçons de l'Affaire Dreyfus les plus largement partagées sont d'une part la nécessité de préserver une autonomie d'action anarchiste, d'autre part l'importance fondamentale de l'appui populaire, qui a justement fait défaut pour transporter la lutte sur le plan social. C'est à partir de ce constat que va se renforcer une tendance déjà présente dès le début des années 90, le syndicalisme. L'Anarcho-syndicalisme Pour la plupart des anarchistes, à partir des années 90, il s'agit de faire la révolution dans les hommes avant de la faire dans les choses. [...]
[...] Toutefois, les suites de l'Affaire Dreyfus vont rendre les passerelles entre République et anarchisme de plus en plus étroites. Les anarcho- dreyfusards formulent des autocritiques sur leurs erreurs d'appréciation voire leurs errements car non seulement aucune situation révolutionnaire n'a vu le jour, mais même des objectifs restreints comme la libération d'anarchistes emprisonnés ou l'abrogation des lois scélérates ne sont pas remplis. Dispersion des tendances De nouvelles positions font signe des stigmates de l'Affaire Dreyfus : Les individualistes, minoritaires, sont renforcés dans leur attitude de pureté doctrinale refusant toute forme de politique. [...]
[...] Le communisme, légitimé par sa victoire, va marginaliser ou évincer les anarchistes des nouvelles organisations syndicales, et imposer son hégémonie sur la culture révolutionnaire, notamment d'ailleurs en reprenant certains thèmes chers aux libertaires, l'antimilitarisme ou l'antiparlementarisme par exemple. [...]
[...] Un bureau de 5 membres, ayant pour but de constituer des archives et d'entrer en rapport avec les groupes, est formé et fonctionne jusqu'en 1911. Un dernier congrès était prévu à Londres en 1914, mais la 1ère guerre mondiale empêche sa tenue. Au plan national et régional La Fédération révolutionnaire de la région de l'Est est une des seules véritables organisations avec celle du midi et avec l'Alliance des groupes socialistes révolutionnaires de Paris ; elle possède des commissions exécutives, de rédaction, des finances et de contrôle, un journal, Le Révolté, qui tire à 7000 exemplaires. [...]
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