Retard, traditions, archaïsme, sous-développement, à l'opposé du progrès… Les élites espagnoles elles-mêmes dès le XVIIIème ont relayé ces idées. Au XIXème, les élites ont une véritable obsession du retard par rapport aux autres pays européens, et face à un modèle qu'il faudrait enfin suivre. C'est le mouvement « régénérationiste » (cf. J. Costa), dont beaucoup se retrouveront dans la dictature de Primo de Rivera.
Les voyageurs et leurs récits insistent d'ailleurs souvent sur la pauvreté et la misère. On aboutit à une assimilation de l'Espagne à l'Orient, voire à l'Afrique, en tout cas à un territoire non européen ; on développe la thèse de l'Europe avec ses frontières naturelles aux Pyrénées, que l'on étaye en comparant la vallée de Cerdagne, de part et d'autre de la frontière (cf. Luis Buñuel).
Ces approches, insistant sur la caractérisation des situations historiques, relèguent au second plan l'importance du processus de transformation et de ses agents concrets, et intègrent des présupposés théologiques et dualistes qui simplifient la complexité de l'histoire sociale. Cela a permis de considérer l'apparente passivité politique des masses comme partie intégrante d'un état social que les modèles théoriques avaient rendus préalablement familier : le retard économique, la loyauté anthropologique aux puissants locaux, l'enfermement des tensions à l'intérieur d'une environnement local impossible à politiser, la persistance d'un bloc solide de puissants qui auraient survécu à tous les changements politiques, etc.
[...] C'est le mouvement régénérationiste (cf. J. Costa), dont beaucoup se retrouveront dans la dictature de Primo de Rivera. Les voyageurs et leurs récits insistent d'ailleurs souvent sur la pauvreté et la misère. On aboutit à une assimilation de l'Espagne à l'Orient, voire à l'Afrique, en tout cas à un territoire non européen ; on développe la thèse de l'Europe avec ses frontières naturelles aux Pyrénées, que l'on étaye en comparant la vallée de Cerdagne, de part et d'autre de la frontière (cf. [...]
[...] En conséquence, lorsque la paix est pratiquement revenue vers 1842, il y a une faiblesse des institutions et un niveau de cohésion du corps social très bas. Le premier conflit carliste est de 1833 à 1840, le second, qui affecte seulement la Catalogne, en 1846 1849, et le troisième en 1872 Un chemin politique tourmenté Depuis 1840, Isabelle II, déclarée majeure, peut régner sur l'Espagne, après la fin de la première guerre carliste et la mise hors d'état du général putschiste Espartero. Le règne d'Isabelle, vite devenue la mal aimée est marqué par les scandales et les intrigues. [...]
[...] Cette succession est considérée comme illégitime par les tenants de l'ordre ancien, les apostolicos qui au nom de la tradition s'en remettent au frère du roi, don Carlos, dénommé Charles V. On a là l'origine de la première guerre Carliste qui agite l'Espagne de 1833 à 1839. Ferdinand n'est certes pas un libéral, mais il a dû pour assurer la succession à sa fille Isabelle s'appuyer sur les tenants du parti libéral, ce qui les aidera grandement par la suite. [...]
[...] L'administration, rénovée lors de la mise en place d'un nouveau découpage territorial en 1833, n'eut guère d'efficacité. Contrairement à ce qui se passe en France, cette administration se contentait de répercuter les ordres donnés par le pouvoir ; elle ne transmettait pas à l'Etat central les demandes du peuple et ne se préoccupait pas de l'esprit public Absence aussi de modernisation économique ; l'instabilité politique, les guerres, et l'absence d'encouragement et d'investissement ont handicapé le développement de l'industrie, qui fut tardif. [...]
[...] La situation culturelle jouait ici un rôle important : cf. le retard de l'alphabétisme, qui favorisait la concentration du pouvoir entre les mains des élites régionales et locales, puisqu'elles seules possédaient le langage écrit de la nouvelle bureaucratie libérale. Il faut bien comprendre que le renforcement des pouvoirs locaux (et particulièrement du cacique) est, paradoxalement, voulu par le pouvoir central qui permet, de ce fait, une descente de la politique tout en assurant la stabilité politique du régime. Dès lors, on se reconnaît soit dans le camp libéral, soit dans le camp conservateur, jouant en fait du turno politico. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture