Colonisation, parti communiste, discrimination, marginalisation, immigration coloniale, entre-deux-guerres, anticolonialisme, France métropolitaine, immigrants coloniaux
« Les travailleurs coloniaux, bien que placés sous surveillance de l'autorité militaire, ne seraient certainement pas les derniers à se joindre à un mouvement populaire, non certes pour aider les Arabes à faire triompher telles ou telles revendications, mais uniquement pour se livrer au pillage ». Ces mises en garde émises par le Procureur de la République de Marseille en 1917 reflètent d'une part l'emploi des migrants coloniaux comme main-d'œuvre corvéable de substitution pour soutenir l'effort de guerre et d'autre part les considérations xénophobes entretenues à leur égard. À l'issue de la guerre, les autorités françaises tentent de « rapatrier » les soldats et travailleurs coloniaux, mais le gouvernement général d'Algérie rappelle aux préfectures de police que les Algériens ne peuvent pas être expulsés sans leur consentement puisqu'ils sont nationaux français. Ainsi, pour la première fois, l'administration métropolitaine est confrontée au fait que l'immigration coloniale est spécifique et ne peut être traitée de façon identique à l'immigration étrangère.
[...] Mais leur volonté de manifestation devant la réplique d'Angkor Vat a été déjouée par les services de surveillance. C'est ainsi une action coloniale multiforme qui s'institue, en impliquant des partis politiques, des syndicats, des étudiants, des groupes intellectuels et même un État (l'URSS). Toutefois, ces mouvements ne trouveront pas l'écho escompté auprès de la population et ne demeureront que d'une influence limitée. Conclusion Malgré des motivations légitimes, ces actions politiques ne seront presque pas relayées au sein de la population française. [...]
[...] Ainsi, ce n'est que lorsque les coloniaux s'installent en métropole que l'ambiguïté de leur statut s'impose aux yeux de l'administration. Tout d'abord, les indigènes ne sont pas étrangers : cela signifie d'une part qu'ils ne peuvent pas bénéficier de la protection de leur État d'origine (puisqu'ils dépendent de la France) et d'autre part qu'on ne peut pas leur appliquer les principes de la loi sur la nationalité du 26 juin 1889, qui réintroduit le droit du sol dans la nationalité française. [...]
[...] Si la politisation des immigrants a fortement coïncidé avec les mouvements ouvriers, c'est que, comme nous l'avons vu, ceux-ci représentent une grande part des emplois agricoles et industriels. Mais au-delà, c'est aussi l'URSS et le monde intellectuel qui soutient ces migrants coloniaux contre les discriminations dont ils sont victimes. Une action au sein des mouvements ouvriers et du Parti communiste français. L'action politique institutionnalisée en faveur des migrants coloniaux est une des raisons de la scission du mouvement ouvrier français à Tours en décembre 1920. [...]
[...] Mis au ban administratif et économique de la société, les immigrés coloniaux sont donc victimes de stigmatisation sociale. Cette mise à l'écart des migrants contribue in fine à leur stigmatisation sociale La marginalisation sociale latente des migrants coloniaux s'est manifestée plus ouvertement avec l'avènement de la récession économique consécutive à 1929 et une systématisation de la xénophobie. Si la création de ce mot est imputée à Anatole France en 1901 pour évoquer la démagogie dont faisaient preuve les détracteurs du Capitaine Alfred Dreyfus au cours de la célèbre affaire d'espionnage, sa signification s'est très vite élargie au-delà de l'antisémitisme et a été reconnue dès 1906 par le dictionnaire Larousse Hostilité manifestée à l'égard des étrangers, de ce qui est étranger. [...]
[...] Les immigrants coloniaux en France métropolitaine pendant l'entre-deux- guerres et leurs actions politiques Comment la condition imposée aux immigrants coloniaux, dans la France métropolitaine de l'entre-deux-guerres, a-t-elle conditionné leurs actions politiques ? Introduction Les travailleurs coloniaux, bien que placés sous surveillance de l'autorité militaire, ne seraient certainement pas les derniers à se joindre à un mouvement populaire, non certes pour aider les Arabes à faire triompher telles ou telles revendications, mais uniquement pour se livrer au pillage Ces mises en garde émises par le Procureur de la République de Marseille en 1917 reflètent d'une part l'emploi des migrants coloniaux comme main-d'œuvre corvéable de substitution pour soutenir l'effort de guerre et d'autre part les considérations xénophobes entretenues à leur égard. [...]
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