Le mois de février 1848 est marqué par des montées de mécontentement du peuple, qui ne supporte plus la situation créée par la Monarchie de juillet, régime inégalitaire, en proie à une forte crise économique, pratiquant la censure, la restriction des libertés et provoquant la misère des classes populaires. Le 24 février, un sentiment de révolte éclate à Paris, unissant les différentes classes sociales : étudiants, bourgeois et ouvriers s'allient pour s'insurger contre la Monarchie du roi Louis-Philippe et son impopulaire premier ministre, François Guizot. C'est ainsi que les Parisiens, envahissant la Chambre des députés et l'Hôtel de ville, prennent le pouvoir et proclament la seconde République ce même jour. C'est alors une République idyllique, se voulant fraternelle et sociale qui se met en place, où Lamartine, poète romantique et intellectuel réputé, semble tenir les rênes du Gouvernement provisoire. Le peuple victorieux manifeste sa joie et sa foi dans ce nouveau régime instauré.
[...] Peu nombreux se trouvent être des hommes politiques de métier, ce gouvernement étant majoritairement dirigé par des bourgeois et des aristocrates légitimistes, ne laissant que très peu de place aux socialistes, représentants du monde ouvrier et des classes populaires. Ainsi, la formation de ce gouvernement provisoire s'effectue dans désordre spontané, brutal et improvisé, donnant une naissance précipitée et confuse à cette République révolutionnaire. Les élections du 23 avril 1848 organisées de manière totalement improvisée, provoquent l'inquiétude et l'emportement des socialistes qui craignent l'influence des notables ruraux sur le vote de la masse paysanne et provinciale qui n'a pas été éduquée en matière de politique, et risquerait de voler au peuple sa victoire Face à cela, le Gouvernement composé majoritairement de républicains modérés cède peu, acceptant de décaler la date d'élections, initialement prévue le 9 avril, de quelques jours. [...]
[...] Certaines villes provinciales revêtent le drapeau rouge, symbole des révoltes et des luttes armées populaires. Des émeutes contre l'Ancien Régime éclatent un peu partout aux alentours de Paris. L'imprimerie du journal La Presse se verra détruite, quant au château du banquier Rothschild à Suresnes, il sera détruit à la suite d'incendies prémédités. On pourra donc remarquer que la France, en dehors de Paris, se trouve étouffée dans un contexte de désordre social ambiant, bien loin des temps d'euphories lyriques et républicaines. [...]
[...] Ces révoltes sociales provinciales seront loin d'être les dernières au sein de la IIe République instable, désordonnée et incompétente. En effet, les mesures prises par le Gouvernement ont engendré le gonflement massif et incontrôlé des ateliers nationaux, bondés par les quelque ouvriers inscrits. Ce trop-plein d'employés non seulement entraîne un manque cruel de tâche à accomplir, les ateliers se révélant vite ne remplir plus qu'une fonction charitable, loin du projet fixé par le président de la Commission pour les travailleurs, Louis Blanc, mais contribue surtout à creuser le trou de la dette de l'État, dont la situation financière est plus qu'alarmante. [...]
[...] Ainsi, cet ensemble de réformes politiques, représentantes de la nouvelle République instaurée permettent d'établir un régime juste et glorifié par le peuple bienheureux, mais contribuent aussi à nourrir les douces illusions du peuple, qui extasié devant ces grandes libertés instaurées, idéalise cette IIe République, en oubliant les réformes profondes et complexes qu'il reste à établir. En plus de mettre en place toutes ces réformes politiques encourageantes qui réjouissent le peuple, le Gouvernement provisoire traduit sa même volonté réformatrice en tentant de répondre à la demande sociale. En effet, depuis la période de l'Ancien Régime, la population se trouve être majoritairement miséreuse avec 6 millions de Français qui, selon le philanthrope Jean-Baptiste Marbeau, auraient besoin d'être secourus et assistés dans leur vie quotidienne afin de survivre. [...]
[...] C'est alors un peuple français uni et solidaire qui se rassemble pour exprimer un même désir de fraternité et d'ordre, de changement et de libertés . De plus, le clergé et les prêtres s'unissent au peuple victorieux en participant aux fêtes républicaines organisées, et en bénissant les arbres de la liberté, arbres originaires de 1789, plantés pour célébrer l'arrivée de la nouvelle République, mais aussi pour symboliser la liberté et la joie populaire. L'archevêque de Paris, Monseigneur Affre démontre encore de ce désir de fraternité en participant à certains clubs républicains, tout comme le dominicain Lacordaire crée son propre journal intitulé l'Ère nouvelle en avril 1848, appelant le clergé à défendre les idéaux républicains : Égalité, liberté, fraternité Se mettent en place également des décrets qui donnent au peuple à espérer un avenir meilleur, plus juste, plus égalitaire et plus libre. [...]
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