La relation entre le nazisme et l'économie est complexe car, contrairement à d'autres philosophies politiques, comme le marxisme, élaborées sur un mode rationnel, le nazisme revêt un caractère religieux, avec l'évocation d'une renaissance utopique menée par le Führer, aboutissant à la création de la Volksgemeinshaft (communauté du peuple unie). Les nazis ont toujours cherché à susciter une communion en s'adressant à l'affectivité plutôt car l'intellect des Allemands, au travers d'une propagande omniprésente et de manifestations collectives multiples. Il est donc difficile d'associer cette « mystique » qu'est l'hitlérisme à une théorie économique particulière ou à un régime au service d'une classe sociale spécifique. Certains historiens ont même considéré que les discours des nazis n'étaient qu' « un vaste système de bestiales billevesées nordiques » , tandis que certains contemporains assimilaient le nazisme à un « charlatanisme creux et plat » , sans rationalité ni cohérence.
Cette liaison entre le nazisme et l'économie est plurielle et sophistiquée, ce qui peut expliquer le fait que l'historiographie ait été traversée par des thèses contradictoires, depuis les lendemains de la deuxième Guerre Mondiale, sur la nature de cette liaison. Jusqu'aux années 1980-1990, deux thèses principales coexistaient. La première, influencée par le marxisme, assimilait le nazisme au grand capital : « le fascisme au pouvoir, c'est la dictature terroriste et ouverte des éléments […] les plus impérialistes du capitalisme financier » . La deuxième définissait le nazisme comme le parti des classes moyennes, comme un « extrémisme du centre » . A ces thèses simplificatrices se sont substituées des thèses plus nuancées, mettant en relief la complexité du rapport entre le nazisme et l'économie et son évolution qui a été sensible entre le programme en 25 points de 1920 et la politique économique du Troisième Reich, sachant que celle-ci a aussi évolué dans le temps.
D'autre part, dresser le bilan économique du Troisième Reich de manière objective et réaliste apparait difficile car les statistiques existantes sont peu fiables et les déclarations sur les objectifs mensongères. De plus, il faut aussi tenir compte du fait que les méthodes utilisées par le Régime étaient peu scrupuleuses par rapport aux libertés individuelles et au droit des gens, et il est peu évident de distinguer de la croissance ce que celle-ci devait au réarmement intensif.
[...] Pour cela mais également en raison des difficultés du commerce extérieur, Hitler donna un coup d'accélérateur aux tendances dirigistes et autarciques et remplaça Schacht par Göring, qui présida à l'application du second plan de quatre ans, tourné celui-ci vers la guerre. III/ Une économie tournée vers la guerre (1936-1945). Autarcie, dirigisme et réarmement : fuite en avant vers la guerre (1936-1939) La politique de réarmement est antérieure à 1936 mais à cette date, elle s'est considérablement intensifiée et a déterminé le cours de l'économie. Selon Von Krosigk, le IIIe Reich aurait dépensé 10.3 milliards de RM en 1936-1937 dans le réarmement, soit l'équivalent de la période 1933-1936. En 1937- milliards de RM auraient été dépensés et 17 milliards l'année suivante. [...]
[...] Pour comprendre cet échec de la politique nazie en matière d'armement, M. Overy pointe du doigt l'absence d'une centralisation et d'une planification de l'économie équivalente à celle dont bénéficiait l'économie soviétique : pas de ligne directe de commandement entre le Führer et les usines, bureaucratie excessive, confusion entre ministères Si Hitler se rendit assez rapidement compte de cette situation et convoqua, dès 1941, industriels et militaires à Berchtesgaden afin de mettre en place une réelle production de masse, ce n'est qu'avec l'arrivée de Speer au ministère des armements et de la production de guerre en 1942 que la situation évolua. [...]
[...] De plus, en 1938, l'industrie de Biens de production importait de l'ensemble des importations industrielles allemandes, contre en 1928. Ainsi, le Reich était proche de l'autarcie en ressource de matières premières et privilégiait l'armement à la production de biens de consommation pour les ménages et de logements. En effet, alors que la part des biens de consommation dans les importations du Reich régressait et que, selon Blaich, la construction de logements s'élevait à en 1929 contre en 1939, les productions à finalité militaires augmentaient, quant à elles, considérablement : Source : L'Allemagne de 1918 à 1945, A. [...]
[...] Les attentes du peuple allemand en matière économique et sociale étaient donc grandes. Cependant, des exigences plus fortes encore venaient de l'intérieur même du mouvement nazi. En effet, beaucoup de nazis, et les SA en particulier, demeuraient attachés aux propositions sociales du programme de 1920. Or, si les premières actions d'Hitler au pouvoir allaient dans leur sens avec l'infiltration autoritaire de l'économie par les nazis, la proclamation de la fin de la révolution suscita leur colère. La première action des nazis relative à l'économie fut la mise au pas de l'ensemble des organisations économiques et professionnelles. [...]
[...] Par ailleurs, une loi de 1934 renforça ce processus, en interdisant la création de sociétés anonymes dont le capital serait inférieur à marks, et, à partir de 1939, les entreprises n'atteignant pas un chiffre d'affaires minimum furent purement et simplement supprimées. Cet ensemble économique, l'Etat nazi a décidé de l'organiser de manière très hiérarchique : la loi du 6 février 1934 organisa les Groupes économiques, sortes d'associations patronales qui étaient au nombre de sept : 1. Industrie 2. Commerce 3. Banque 4. Sécurité 5. Energie 6. Transports 7. [...]
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