La République libanaise, dès sa fondation par la Constitution de 1926, repose sur une ambiguïté fondamentale qui explique la faiblesse structurelle de l'Etat et sa difficulté à s'affirmer comme une entité unitaire et souveraine. La France y a exercé son influence dans le cadre de la rivalité coloniale avec l'Angleterre dès le XIXe siècle, puis lui a légué un cadre institutionnel, en vertu du mandat confié en 1920 par la SDN .
C'est donc la IIIe République, fille de la laïcité, qui a accouché d'un modèle aux antipodes de ses idéaux : un Etat faible, communautarisé et dépendant des influences étrangères. La mosaïque religieuse préservée par le cadre protecteur du Mont-Liban, les pratiques politiques héritées d'une organisation féodale, et un sentiment d'appartenance national déficient sont donc les symptômes de l'impuissance de l'Etat avant d'en être les causes.
[...] L'accord tacite stipule que les Chrétiens doivent se détourner de l'Occident et les musulmans du monde arabe. George Naccache[2] écrivit en 1949 à ce propos que deux négations ne font pas une nation Ainsi l'existence des communautés n'est pas reniée, mais l'abandon de la tutelle française permet toutefois de tourner le communautarisme dans un esprit de coopération des élites. L'indépendance permet donc à la République libanaise de couper pleinement les ponts avec son aînée qui avait remplacé l'Empire ottoman dans le rôle de l'englobant. [...]
[...] C'est donc la IIIème République, fille de la laïcité, qui a accouché d'un modèle aux antipodes de ses idéaux : un Etat faible, communautarisé et dépendant des influences étrangères. La mosaïque religieuse préservée par le cadre protecteur du Mont-Liban, les pratiques politiques héritées d'une organisation féodale, et un sentiment d'appartenance national déficient sont donc les symptômes de l'impuissance de l'Etat avant d'en être les causes. LES RACINES DU COMMUNAUTARISME OU LA CONDAMNATION DE L'ETAT Le Liban en tant qu'entité géographique, culturelle et sociologique existe bel et bien ; politiquement son affirmation remonte au XVIème siècle avec l'opposition de l'émirat maanide au sein de l'Empire ottoman. [...]
[...] L'alignement de l'appartenance confessionnelle et de l'aspiration politique s'opère. Dès lors la représentation au Liban ne peut plus se concevoir autrement que par le biais de la communauté confessionnelle. Cela constitue la définition la plus aboutie du communautarisme et jette les bases futures d'un Etat dont l'accomplissement dans l'unité est difficile. LA REPUBLIQUE LIBANAISE, UNE FILIATION AMBIGUË La France qui s'est longtemps posée en protecteur des Chrétiens d'Orient, prend le parti de créer un Grand-Liban au détriment de la Syrie en 1920. [...]
[...] Paradoxalement ce n'est donc pas la IIIème République et ses principes laïcs qui se portent en tuteur de la jeune République libanaise, mais une France, fille aînée de l'Eglise. Non contente de renier ses principes, la France favorise ainsi la logique communautaire durant le temps de son mandat, en plus d'écarter tout rêve d'unité arabe. Juridiquement le prisme français de la réalité libanaise va s'imposer au travers d'une Constitution, inspirée des principes libéraux des lois constitutionnelles de 1875, mais qui entérine le communautarisme comme base de la répartition administrative et politique via l'article 95. [...]
[...] Les Accords de Taef de 1989 redéfinissent, sur la base des nouveaux équilibres démographiques, ce qui apparaît comme une nouvelle promesse d'entente nationale, habillée en tutelle syrienne. L'obsession de la refondation nationale est un épisode chronique de l'histoire libanaise : la Révolution du Cèdre de février 2005 en est la dernière illustration. Malheureusement le récit du Liban de ces cinquante dernières années est celui d'un Etat qui n'a pas pu se libérer des influences extérieures, du cadre de pensée hérité de la France et des pratiques politiques féodales et claniques. [...]
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