La conception originelle que l'on se fait de l'Europe est un espace en perpétuel mouvement. Les guerres étaient devenues des faits communs dans le but d'avoir toujours plus de pouvoir grâce à l'agrandissement de son territoire, dans un espace morcelé où une multitude de petits Etats étaient contraints de cohabiter. Difficile dans ce contexte de penser une quelconque identité européenne puisqu'il n'y a pas d'accroche territoriale ni d'unité.
[...] Est-ce pour autant enfin que la construction européenne a mené à la création d'une véritable identité européenne? En 1919, l'Europe sort de la Première Guerre mondiale et le traité de Versailles -qui vient d'être signé- est loin d'être choisi par les protagonistes, mais il impose plutôt contraintes et frustrations, surtout pour les Allemands qui parlent de ''Diktat''. Les rapports ente les Etats de l'Europe ne sont encore que des rapports de force; c'est pourquoi ils risquent à tout moment de céder. [...]
[...] Elle existe, et sa construction qui avance toujours plus ne fait que prouver sa réalité. Son unité s'est construite au fil du temps, préservée par des ''filets'' que sont les aides régionales par exemple. De plus en plus les Etats vivent à son rythme par des calendriers communs, des projets collectifs. Cela contribue à croire à l'existence d'une identité européenne. Mais la question de l'identité porte en elle celle de la reconnaissance. En ce qui concerne les Etats, cette reconnaissance n'est que partielle, les intérêts nationaux passant parfois encore d'abord. [...]
[...] Cela pour montrer que le sentiment d'appartenance à l'Europe n'est pas encore bien implanté dans les pays. Ce sentiment pourrait l'être pour les individus dans les sens où ils se sentiraient citoyens européens et dès lors s'accorderaient à parler d'une véritable identité européenne. Mais jusqu'au moment où les pouvoirs du Parlement ont été beaucoup augmentés et même après, nous avons pu parler de ''déficit démocratique'' pour l'Europe. Il y a deux moyens d'exercer son pouvoir de citoyen européen: par la libre circulation des hommes, et par la possibilité d'être élu dans un pays de la communauté autre que le sien aux élections européennes et municipales. [...]
[...] L'identité européenne se recréera progressivement. Mais l'idée de toujours progresser dans le processus européen est quand même toujours présente, avec la volonté de débloquer la situation dès qu'il y a un problème, une entrave à son bon fonctionnement. C'est le cas par exemple de ''arrangement'' de Luxembourg en 1966, qui répond à la ''politique de la chaise vide'' de de Gaulle, qui s'opposait au renforcement des pouvoirs budgétaires du Parlement et considérait que ce domaine était réservé à l'Etat. Ainsi, la construction européenne naît d'une prise de conscience d'une possible identité européenne, cela grâce à la volonté de la rendre efficace, et ce dans un premier temps par la mise en place d'un espace européen unitaire et cohérent, prélude à un possible sentiment d'appartenance à cet ensemble. [...]
[...] Il y eut bien sûr l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord en 1949, au sein de laquelle l'Union Occidentale regroupait plus particulièrement l'Europe, mais bien plus l'OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique), qui permettait la distribution de l'aide américaine du plan Marshall, était spécifiquement européenne. En son sein fut créée l'UEP (Union Européenne des Paiements), qui a beaucoup favorisé les échanges intra-européens. L'amorce d'une construction européenne est alors posée. Mais surtout il est important, pour créer un sentiment d'appartenance à une entité européenne, de s'impliquer par libre consentement. C'est une grande différence par rapport à avant la guerre où les relations entre Etat étaient contraintes, et c'est la raison pour laquelle la paix ne pouvait alors durer. [...]
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