Les questions identitaires ont toujours été au coeur des préoccupations des Etats. Les événements de la fin du 20ème siècle ayant bouleversé l'héritage de la Guerre froide et modifié la configuration de la scène mondiale, elles font aujourd'hui encore l'actualité internationale, européenne et nationale. De nouveaux conflits identitaires ne cessent d'apparaître à travers le monde. L'Allemagne unie est d'autant plus touchée par ces bouleversements de la scène internationale que la partition en deux Etats et le régime quadripartite sur Berlin, représentaient la division même de l'Europe et incarnaient parfaitement ces interrogations identitaires. L'Allemagne divisée a ainsi été le symbole des difficultés européennes. Depuis 1990, le thème de la nation, jamais réellement absent de la scène politique interne et européenne, est revenu en force, imposant à l'Allemagne la reprise de sa longue quête d'identité. Avec la réunification, elle se retrouve en effet au cœur d'une problématique identitaire : elle a d'une part redécouvert sa souveraineté et d'autre part initié l'idée d'un dépassement de celle-ci dans un vaste ensemble européen.
Le problème identitaire allemand n'est pourtant pas nouveau. L'Allemagne est en réalité née d'un problème d'identité : contrairement à ses voisins, Anglais ou Français, qui se sont rapidement constitués en États-nations, la naissance de la nation allemande a précédé celle de l'Etat unifié. Ce pays a donc longtemps été identifié à une nation liée essentiellement par une langue et une culture communes et non par un État. C'est cette seconde forme d'identité, l'identité étatique qui nous intéresse ici. Si la nation allemande s'est formée relativement tôt, l'Allemagne a toujours peiné dans son histoire à se constituer en un État unitaire. De la gestation de la nation jusqu'à sa naissance et de la mise en forme d'une identité nationale jusqu'à son dénigrement le plus complet, l'histoire de la construction identitaire allemande d'avant la césure de 1945 est caractérisée par une perpétuelle quête d'identité culturelle d'abord, étatique ensuite, dont les fondements ont évolué en même temps que la conception de la nation et l'Etat allemand. Depuis l'unité réalisée par Charlemagne, l'Allemagne s'était en effet lancée dans la quête d'une reconstitution de la grande unité germanique. Dans une période plus récente, s'est posé le problème de l'unité d'une Allemagne territorialement substantielle. Les premières tentatives de la Prusse n'ayant pas été concluantes, l'unité ne s'est finalement réalisée que sur les ruines de la maison des Habsbourg. Mais les aspects négatifs de la courte période de son histoire, de 1871 à 1945, où cette unité territoriale a existé, l'empêchent de valoriser les éléments d'identité créés à cette époque.
[...] Cependant, toute intervention armée reste soumise à un examen attentif et doit être une exception. Dans le respect de son devoir de paix, la préférence de l'Allemagne va à la prévention et à la résolution des conflits par des moyens civils, comme l'a rappelé le président Johanes Rau en mai 2003 dans son annuel "Discours de Berlin". La possibilité de déployer des effectifs militaires est certes un nouvel instrument de la politique étrangère et de sécurité allemande, mais n'est en aucun cas un objectif en soi. [...]
[...] Mais cette bonne volonté ne suffit pas. Au-delà de la seule adhésion de l'Allemagne au club fermé des membres permanents, c'est une réforme totale de l'ONU qui est en jeu dont la complexité entrave l'aboutissement depuis des années. Parmi les principaux problèmes à résoudre, celui de la surreprésentation de l'Europe semble de loin le plus insoluble. Des propositions ont été faites pour créer un siège européen unique mais il est nécessaire que les Etats membres de l'UE s'entendent au préalable sur une politique étrangère commune. [...]
[...] L'influence de l'Allemagne reste encore limitée par le manque d'une vision mondiale de puissance. C'est plutôt au service d'une Union européenne encore à construire qu'elle semble mettre en valeur ses atouts sous la forme d'une puissance régionale européenne. II- L'affirmation du rôle de l'Allemagne unie sur la scène internationale La formation et la consolidation de son identité nationale entraînent l'Allemagne unie sur la voie de la normalité. Cette normalité retrouvée lui permet d'aborder de manière plus soutenue le second volet de sa quête identitaire : l'affirmation de son rôle sur la scène internationale. [...]
[...] D'une part, le recouvrement d'une position centrale lui a offert un rôle privilégié de stabilisation et de médiation avec l'est de l'Europe. D'autre part, sans jamais viser une politique de puissance, elle a aujourd'hui des intérêts économiques et politiques mondiaux à défendre et souhaite remplir ses devoirs et responsabilités pour assurer la paix et la sécurité mondiale. Le rôle de médiation et de stabilisation de l'Allemagne unie à l'est de l'Europe Le lourd héritage historique et les blessures ouvertes pendant la Seconde Guerre mondiale ont longtemps entravé l'établissement de contacts bilatéraux normaux entre l'Allemagne et les Etats d'Europe centrale et orientale. [...]
[...] En plus d'une tâche de réhabilitation vis-à-vis de l'extérieur, l'Allemagne doit concentrer ses efforts sur une réhabilitation interne des Allemands de l'Est. Le travail sur le passé communiste est d'autant plus délicat que les événements qu'il recèle sont proches dans le temps. La réalité ne cesse de resurgir dans le quotidien de la nouvelle Allemagne : articles de presse, arrestations, licenciements. Pour parachever l'unification, il reste donc à relever le défi posé par le complexe héritage de la Staatssicherheit, la police politique. [...]
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