Idées socialistes, Résistance, Libération, Léon Blum, Seconde Guerre mondiale, refondation du Parti socialiste, théorisation des institutions nouvelles, SFIO
Dès 1938, face à la menace allemande, les socialistes sont déchirés, et deux groupes vont se constituer : l'un autour de Léon Blum, et l'autre autour de Paul Faure. Pour Léon Blum, le nazisme est un problème majeur, et la guerre doit donc être risquée afin d'éradiquer l'idéologie nazie. Cependant, la profondeur du traumatisme de la Première Guerre mondiale explique qu'une autre partie de la SFIO, regroupée autour de Paul Faure, va se prononcer pour le pacifisme et la lutte pour la paix. Le 3 septembre 1939, lorsque la France déclare la guerre à l'Allemagne, les ministres socialistes du gouvernement Daladier sont impuissants. Les communistes, quant à eux, approuvent le pacte germano-soviétique en septembre et Daladier prononce donc leur mise hors la loi. À l'entrée de la France dans la guerre, la gauche française est démunie, ce qui explique que le 10 juillet 1940, lorsque se réunit le Parlement avec le Maréchal Pétain et Pierre Laval, seuls 36 parlementaires socialistes sur 168 voteront contre la remise des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
[...] Cependant, la charte fut rejetée par les militants. En effet, la SFIO connaissait un malaise depuis les élections législatives de l'automne 1945, où elle était arrivée troisième derrière le Parti Communiste et le MRP (Mouvement Républicain Populaire), fidèle au Général de Gaulle. Aussi, le mécontentement qu'avait créé l'épuration au sein de plusieurs fédérations, la crainte du Parti communiste et la menace du MRP poussa la majorité à rejeter la rénovation du parti proposée par Léon Blum. Au Congrès de 1946, Daniel Mayer, le protégé de Léon Blum fut donc évincé par Guy Mollet, un député-maire du Pas-de-Calais peu connu avant la guerre, mais qui avait été résistant, et qui cristallisera autour de lui la fidélité au marxisme, le mécontentement, et la rhétorique traditionnelle du Parti socialiste. [...]
[...] Sur les 168 parlementaires socialistes de furent exclus définitivement autres suspendus de mandat pendant une législature, et deux soumis à une enquête complémentaire. Tous les élus demeurés à leur poste depuis le 25 juin 1940 sans autorisation explicite du parti furent aussi frappés, et beaucoup d'élus furent également sanctionnés alors même que certains étaient titulaires d'authentiques titres de résistance. En plus de l'épuration, le parti socialiste se referma sur lui- même et se montra très méfiant vis-à-vis des nouvelles adhésions : l'arrivée de résistants qui n'étaient pas déjà membres du Parti socialiste se virent appliquer la règle des 5 ans d'ancienneté afin d'accéder à des postes de responsabilités ou à des candidatures. [...]
[...] BERGOUNIOUX Alain et GRUNBERG Gérard, L'ambition et le remords, Les socialistes français et le pouvoir (1905-2005), Fayard, Paris 610p. Ouvrages spécialisés ANDRIEU Claire, Le Programme commun de la Résistance. Des idées dans la guerre, L'Erudit, Paris BERSTEIN Serge, CEPEDE Frédéric, MORIN Gilles et PROST Antoine Le Parti socialiste entre Résistance et République, Publications de la Sorbonne, Paris SADOUN Marc, Les socialistes sous l'Occupation. Résistance et collaboration, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1982. [...]
[...] C'est d'ailleurs à travers Léon Blum, et le procès de Riom, en 1942, que le Comité D'Action Socialiste va parvenir à prendre de l'ampleur. En effet, les dirigeants du régime de Vichy avaient voulu faire du procès de Riom la démonstration de la responsabilité des hommes politiques de la IIIe République et du Front Populaire dans la défaite de 1940. Léon Blum va cependant réussir à retourner le procès, en faisant de celui-ci un plaidoyer pour la République et pour le bilan du Front Populaire, devenant ainsi le foyer intellectuel et moral de la résistance puisque ses propos se virent publiés dans la revue Le Populaire, que Daniel Mayer était parvenu à rééditer. [...]
[...] Il fallait donc que le parti socialiste participe à la reconstruction républicaine afin d'y intégrer ses idées, et ainsi affirmer sa légitimité au retour des institutions. Le 27 mai 1943, le Conseil National de la Résistance (CNR) réunit les représentants des huit grands mouvements de résistance, des deux grands syndicats d'avant-guerre (CGT et CFTC) et les représentants des six principaux partis politiques de la Troisième République. Au travers des organisations syndicales, ainsi que des grands mouvements de Résistance, il était clair que l'idéologie communiste dominait : Jean Moulin lui-même considérait que le siège accordé au Front National donnait une double représentation au parti communiste. [...]
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