« De cette guerre surgira inévitablement une nouvelle Europe. [ …] Pour moi, Français, je voudrais que demain nous puissions aimer une Europe dans laquelle la France aura une place qui sera digne d'elle. Pour construire cette Europe, l'Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques. […] Je souhaite la victoire de l'Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout. » Discours de Pierre Laval le 22 juin 1942 cité dans Nouveaux Temps.
1940 est ainsi l'occasion non seulement de la mort du « vieil équilibre européen belligène » (H. de Man) perçu comme une délivrance mais aussi de la pacification définitive du continent. S'enclenche alors avec enthousiasme un engagement sans précédent pour une future fédération européenne, largement relayé par la presse de l'époque et révélant une réalité dérangeante : l'idée d'Europe n'est pas le fait d'une minorité d'opportunistes mais bel et bien d'intellectuels français croyant en l'existence d'une « Europe unie », prétextant « l'accommodation constructive avec l'occupant », la collaboration.
On pourrait donc dire que l'idée européenne se réduisait à une simple illusion des collaborateurs français face à l'inéluctable hégémonie allemande et sa volonté de construction d'un empire racial germano-nordique…et pourtant…
En se demandant tout bêtement : « quelle(s) idée(s) d'Europe ? », « Quels collaborateurs ? », « Quel impact ? », on en vient à la problématique suivante : « L'idée d'Europe chez les collaborateurs : entre illusion compensatoire et ébauche de notre futur, et réelle Union Européenne ».
L'idée d'Europe chez les collaborateurs est d'abord le fait d'une pluralité d'interprétations, entre conception briandiste, « l'Europe d'abord », et vichyssoise qui veut revenir à « l'esprit des nations », à la souveraineté française. Mais l'idée d'Europe, c'est aussi au temps des collaborateurs, un enjeu autour du passé historique et de notre avenir communautaire.
[...] De même, la nation et la souveraineté possèdent un caractère négatif chez les européistes des années 40, puisqu'étant des résistances à la marche du progrès humain. Exemple de Pierre Dominique contre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes La formulation d'une Europe technicienne planiste» Imaginée dès les années 20, elle offrirait aux jeunes générations des postes à conquérir. L'Europe unie pacifiste passe donc par la maîtrise des institutions internationales et par une économie dirigée. Ce nouveau groupe social énonce ses idées en rupture avec les politiques et le parlementarisme. [...]
[...] Selon lui, la France a vocation à exercer le contrôle d'une civilisation définie par son respect de la personnalité humaine son humanisme chrétien contrairement au barbarisme du germanisme et du bolchevisme. C'est donc une Europe spirituelle que l'on prône ici. Le journal-clé incarnant cette vision : Revue universelle Cette vision a eu un impact qui dépassa les seuls milieux catholiques, touchant d'autres intellectuels d'influence (Gillouin, Romier). L'ordre nouveau occidental chrétien s'oppose au modèle d'une Europe unifiée par les révolutions totalitaires. [...]
[...] L'idée d'Europe prise entre deux interprétations A. La vision européiste intégrale sous la figure de Briand : L'Europe nouvelle Genèse de cette idée. Briand (1862-1932), durant l'entre-deux-guerres, est le porte-parole de la génération réaliste et le pèlerin de la paix : création de la SDN en 1920, accords de Locarno en 1925, pacte Briand/Kellogg en août 1928, ou mémorandum sur l'Union Fédérale européenne (01/01/30). La justification de la collaboration à l' Europe nouvelle se fait ainsi au nom de la fidélité au passé, à cette société idéale imaginée par un petit groupe élitiste des années 20. [...]
[...] Le problème étant que le contexte historique des années 20 n'avait rien à voir avec celui des années 40. Le danger de l'Europe à tout prix : ce remplissement quasi hallucinatoire du désir (J.P Narboux) Dans un contexte marqué par la mort de Briand et l'arrivée d'Hitler au pouvoir, il n'est pas étonnant que la génération réaliste majoritairement socialiste prône le pacifisme et invoque le traumatisme de la WWI (en 1933 la violence du IIIe Reich se fait de plus en plus sentir). [...]
[...] Le grand basculement de la conquête nazie est même comparé à la révolution de 1789. Car la vraie histoire politico-événementielle n'a pas bonne presse chez les européistes : pour les hommes de la gauche syndicaliste et pacifiste, c'est la grande responsable de la division du continent. Il s'agirait de faire une histoire dans laquelle celle de la France sera intégrée à celle de l'Europe. (Albertini) pour favoriser les échanges étudiants, les stages et vacances en Europe, comme le montre la création du Comité culturel franco-européen crée par Bonnard ou l'« Institut de Civilisation européenne L'homme européen se définira alors par des valeurs imprégnées de culture et de race qui le distinguera des autres espaces de la planète. [...]
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