Carthage avait été fondée selon la tradition en 824 av JC, par des colons phéniciens. Elle avait étendu ses comptoirs et ses colonies sur le littoral du Maghreb, mais aussi en Sicile, en Sardaigne, en Corse et en Espagne méridionale. La cité avait aussi étendue ses limites et constitué un vaste arrière pays, ouvert sur les circuits caravaniers du Sahara. Bijoux, parfums, céramique fine, verroterie, étoffes, armes, tous ces objets précieux sortis des ateliers puniques, mais aussi grecs et orientaux étaient échangés par les négociants carthaginois sur ces routes. Au milieu du Ve siècle av JC, la royauté des Magonides avait laissé le premier rôle à d'autres grandes familles, les Hannonides et leurs rivaux qui exercèrent le pouvoir dans un cadre oligarchique. Rome avait donc tout à craindre d'une aussi grande puissance. Trois guerres puniques opposèrent les deux rivaux. La première (264- 241) permit à Rome de se doter d'une flotte puissante et de conquérir la Sicile et les îles méditerranéennes. La seconde, (218- 202), avec l'invasion d'Hannibal en Italie, faillit provoquer la destruction de Rome qui fut sauvée de justesse par Scipion l'Africain. Son petit fils adoptif, Scipion émilien détruisit Carthage lors d'une troisième guerre qui se termina par un siège de trois ans et la destruction totale de la cité (146- 149).
Le terme de Romanisation est difficile à définir. Dans le Haut empire romain en Occident d'Auguste aux sévères, Patrick Le Roux fait observer qu'il est impossible de se débarrasser du mot même si l'octroi de la citoyenneté romaine qu'il implique au sens premier ne suffit pas à rendre compte de l'acculturation des peuples soumis par Rome. Rome en Afrique, ce furent d'abord des hommes : soldats qui protégèrent les frontières, patrouillèrent dans l'espace maghrébin et régulèrent les itinéraires des tribus nomades, mais aussi des colons installés peu de temps après la reconquête. Ces colons s'associèrent avec les paysans ou avec les nomades indigènes et devinrent de paisibles cultivateurs. Rome en Afrique, ce fut aussi, à côté des colonies de vétérans fondées sur la spoliation des terres aux autochtones, et l'intégration des cités indigènes, à partir du II e siècle ap JC. La poliadisation rend compte de l'importance de la cité en Afrique, cellule sociale et politique composée d'un espace urbain, d'un territoire rural et d'institutions politiques autonomes. L es empereurs romains fondèrent en Afrique des cités ou assurèrent leur développement. Le résultat du processus de romanisation fut la fusion des populations indigènes et des colons romains, dans un même idéal politique qui fut celui de la cité. Le message évangélique toucha précocement l'Afrique au IIe siècle ap JC. Sa diffusion se fit donc dans un cadre déjà formé en grande partie. Le christianisme africain joua un rôle indéniable dans la poursuite du processus de romanisation. Paradoxalement, cette symbiose aboutit avec la disparition du pouvoir impérial en Afrique et la création d'un royaume barbare, l'Etat vandale (430- 533).
Parler de Rome en Afrique, c'est donc aborder trois problèmes étroitement liés : le passage d'une politique d'exploitation coloniale, à une politique d'intégration (I e siècle av JC IIIe siècle ap JC), la question du christianisme et de son rôle dans le processus de romanisation (III-Ve siècles) le débat sur les continuités et les ruptures de la civilisation romaine dans le Maghreb (IIIe VIIe siècles).
[...] C'est l'invasion vandale en 451 qui eut raison finalement de l'armée romaine. La conquête de l'Ouest africain La pénétration de la légion vers l'Ouest et les confins méridionaux du Maghreb répondait à des objectifs stratégiques précis : étendre les frontières de la présence romaine vers la Maurétanie et leur donner une assise solide qui tint compte des succès contre les tribus Gétules ainsi que de leurs itinéraires de transhumance. L'autre objectif de l'armée était d'étendre le réseau des cités de droit romain dans les marges de la Proconsulaire. [...]
[...] Christophe HUGONIOT, Rome en Afrique, Paris, Campus université, Flammarion 350p. Introduction Repères chronologiques : 814 av JC : fondation de Carthage V e siècle av JC : fin de la royauté des Magonides 272 av JC : conquête de Tarente, fin de l'expansion romaine en Méditerranée 241 : Première guerre punique, Rome conquiert la Sicile et les îles méditerranéennes 218 202 : deuxième guerre punique avec l'invasion d'Hannibal en Italie, et Rome est sauvée par Scipion l'Africain. 149- 146 : Troisième guerre punique qui s'achève par la destruction de Carthage par Scipion Emilien. [...]
[...] Ce culte, nommé par les Romains culte de Cereres par les Romains ne disparut pas après la chute de Carthage et s'étendit aux royaumes numides. L'assimilation romaine C'est donc un panthéon enrichi par une ouverture permanente aux dieux extérieurs que les Romains assimilèrent par l'interpretatio romana. Ce procédait consistait à donner aux dieux étrangers une forme romaine tout en conservant leur fonction. Cette assimilation pouvait devenir une fusion pure et simple ou résulter d'une accumulation de fonctions de la divinité interprétée et celle de son substitut. [...]
[...] Sous la pression populaire, le système évolua jusqu'à la réforme démocratique de 220 av JC. Cependant comme on procédait au vote par ordre de classes, les premières classes décidaient du vote et les dernières classes ne votaient jamais. Caius Gracchus à la fin du IIe siècle av JC fit adopter la lex. Sempronia de comitiis qui décidait que l'ordre de vote serait fixé par tirage au sort. - Les comices tributes furent sans doute établies après l'institution des tribuns de la Plèbe vers 449 av JC. [...]
[...] La situation des frontières en Maurétanie est plus contrastée : on peut constater le caractère endémique des troubles que provoquaient l'instabilité et le brigandage des tribus maures, extérieures ou non. Outres les révoltes de 118 et 122, une longue inscription de Maurétanie tingitane gravée en 144 ap. JC permet d'appréhender la menace bien réelle que faisaient peser sur les terres ces tribus bien remuantes. La présence des camps miliaires à l'intérieur même de la Maurétanie tingitane a longtemps justifié cette vision pessimiste. Or celles n'étaient pas forcément signes d'instabilité. Ces troubles récurrents perdurèrent malgré l'intervention de Sulpicius Felix et l'empereur Antonin le pieux (138- 161) dû envoyer des détachements. [...]
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