Le livre de Gérard Noiriel Sur la crise de l'histoire (1996) accorde une place centrale à la sociologie de la communauté historienne, aux facteurs générationnels, aux enjeux institutionnels et de pouvoir, pour rendre compte de la multiplication des discours sur le thème de la crise de l'histoire et propose d'analyser la discipline sous le triple aspect de savoir, de mémoire et de pouvoir.
Daniel Roche publie en 1986 un article dans la revue Vingtième siècle, qui peut être considéré comme une sorte de point de départ de la reprise ouverte du débat des historiens autour de la dimension professionnelle et sociale de leur travail. A contre courant à l'époque, Roche constate une opposition entre une minorité d'enseignants du supérieur et une majorité de professeurs de lycées et de collèges, et le blocage de la mobilité interne entre les 2 milieux dû à la faiblesse des postes offerts après les recrutements importants des années 1960 (...)
[...] Avec les travaux de Lepetit, ce sont les travaux de l'historien François Hartog et de l'ethnologue Gérard Lenclud qui ont le plus contribué à la thématisation de cette notion. Ils se basent sur les travaux de l'anthropologue Marshall Sahlins, mais aussi de Koselleck, de Ricœur, de Nora. Il s'agit d'analyser de manière comparative les diverses formes de conscience historique, [ . ] de construction conceptuelle du temps Le régime d'historicité est défini comme une forme culturellement déterminée de rapport au passé Pour Claude Lefort déjà, le régime d'historicité est le rapport général que les hommes entretiennent avec le passé et avec l'avenir (1952). [...]
[...] Elle maintient en particulier l'enracinement social de toute culture, son ancrage dans un groupe, tout en rompant avec l'emboitement des causalités linéaires de l'économique au mental en passant par le social qui était celui du schéma labroussien des instances hiérarchisées. On peut rattacher à ce courant les travaux de Daniel Roche et de Georges Vigarello. Le premier a développé une histoire sociale de la culture matérielle et intellectuelle en insistant sur l'histoire sociale des appropriations et sur les consommations culturelles. [...]
[...] L'histoire des femmes explore ensuite les questions du corps, de la maternité, de la sexualité, de l'éducation. En 1976 est soutenue la première thèse d'État sur le sujet. L'évolution, dans le sillage des études anglo-saxonnes autour du gender (Scott, 1988), s'est faite dans le sens d'une histoire des relations entre les sexes, et posant la question des pouvoirs, d'une histoire sexuée du travail et des politiques sociales, et enfin d'une histoire culturelle à l'américaine fondée sur l'étude des textes et des représentations. [...]
[...] Elle s'appuie sur des analyses plus complexes, synthétisées par Ricœur dans Temps et récits sur les apports et les limites des courants narrativistes pour la réflexion historienne. La réception et la lecture des travaux de Ricœur par des historiens commencent véritablement la fin des années 1980. Avec les travaus de Ricœur, ceux du sociologue Jean-Claude Passeron sont également devenus une référence historique pour de nombreux historiens. Outre l'appropriation critique historienne des travaux de Ricœur et de Passeron, la place centrale que la notion de preuve est en train de reconquérir dans la réflexion des historiens et la définition du travail de l'historien comme travail d'argumentation traduisent la volonté de nombreux historiens d'expliciter positivement les critères qui permettent de tenir l'histoire pour une connaissance vraie. [...]
[...] Pour Corbin, historien du sensible (2000), entre le social et le sensoriel, les liens ne sont plus de détermination simple, mais à double sens. Mais les réticences contre ce qui constituerait une autonomisation complète du culturel (des représentations) par rapport aux ancrages sociaux reste de mise pour ce courant d'histoire sociale. Ces réticences, exprimées notamment par Jean Luc Pinol (1999), sont en résonance avec celle de Carlo Ginzburg (1997) quand ce dernier note que le succès exagéré de la notion de représentation est corrélatif à la montée du scepticisme et du relativisme en histoire, montée qu'il impute aux positions des tenants du linguistic turn qui précisement coupent les représentations de tout lien avec les réalités sociales. [...]
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