Historien face aux mémoires de la Seconde Guerre mondiale, France depuis 1945, Résistance, collaboration, Charles de Gaulle, Henry Rousso, mémoire nationale, régime de Vichy, Robert Aron, mémoire de la Shoah, Maurice Papon
Le 8 mai 1945, c'est la fin de la Seconde Guerre mondiale : l'armistice est signé à Berlin par les alliés. Le bilan humain est très lourd pour la France : on compte près de 470 000 morts, civils et soldats confondus. Pour le pays, il faut alors songer à la reconstruction et oublier les "années noires". Ce terme d'"années noires" fut employé par les historiens pour désigner la période 1940-1944, marquée à la fois par la collaboration en France avec le régime de Vichy ainsi que le génocide juif. Après 1945, plusieurs mémoires vont alors se succéder.
Les mémoires sont un patrimoine constitué par la faculté collective ou individuelle de conserver et de se rappeler des faits. La mémoire est donc un patrimoine vivant, commun à un groupe ou à une société, dont elle assure la cohésion. À partir de 1945 donc, les historiens jouent un rôle très important puisqu'ils se sont énormément intéressés aux mémoires de la Seconde Guerre mondiale, mémoires qu'ils visitent, revisitent et contestent. L'historien est donc en perpétuelle interaction avec ces dernières, qui évoluent beaucoup après la guerre.
[...] Ce choix fut d'ailleurs contesté, car ce dernier n'a pas été arrêté pour des faits de résistance, mais bien parce qu'il était communiste. Enfin, d'autres mémoires émergent durant notre décennie comme celle des soldats des colonies françaises ayant participé à la libération, mais aussi un partage de la mémoire avec l'Allemagne : en 2014, François Hollande invitait le président allemand Joachim Gauck à venir commémorer le massacre d'Oradour-sur-Glane, tout comme Emmanuel Macron le fit en 2017, mais pas en 2018. La mémoire de la 2de Guerre mondiale a donc beaucoup évolué depuis 1945. [...]
[...] On peut alors se demander : comment l'historien agit-il face aux mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France et à ses évolutions depuis 1945 ? Tout d'abord, intéressons-nous à la nature de ces mémoires de 1945 jusqu'aux années 70, puis à leur évolution jusque dans les années 90 et enfin, à leur entretien, des années 90 jusqu'à aujourd'hui. I. De 1945 à 1970 – La nature des mémoires Après 1945, on veut panser les blessures et retrouver une unité. [...]
[...] Les historiens sont appelés à participer à ces procès, ce qui pose le problème du rapport histoire/mémoire, car ils doivent mettre à jour leurs travaux. De plus, en 1985 le film Shoah mentionné précédemment, qui est un film très long constitué de témoignages de déportés ainsi que d'images d'archives, fait sa parution et permet au mot « Shoah » de se généraliser. Suite aux contestations du régime de Vichy et à l'affirmation des mémoires de la Shoah, l'historien est alors face à des mémoires qui tendent à s'apaiser, même si le président Mitterrand avait pu faire ressurgir le passé d'anciens vichystes et fleurissait la tombe de Pétain une fois par an, de 1987 à 1992. [...]
[...] Mais ces mémoires font encore débat durant les années 2000. En 1995, Jacques Chirac reconnaissait la responsabilité de la France dans la déportation de juifs lors d'un discours commémorant la « rafle du Vel d'Hiv ». De plus, le mémorial de la Shoah est fondé en 2005 et de grandes journées de commémorations voient le jour : comme le 27 janvier pour les victimes de l'holocauste ou encore le 27 mai depuis 2013 pour se rappeler de la Résistance. On veut alors entretenir ce qu'on appelle le « devoir de mémoire ». [...]
[...] Mais tout cela fut contesté par des films, d'autres historiens, tandis que la mémoire de la Shoah s'affirmait petit à petit. II. De 1970 à 1990 – l'évolution des mémoires En 1971, Marcel Ophüls sort son film Le Chagrin et la Pité. Ce film est alors frappé de pleine censure puisqu'il fait ressurgir les « années noires » et le « syndrome de Vichy ». La gloire de la France est alors fortement contestée d'autant plus qu'en 1972, Robert Paxton publie son ouvrage La France de Vichy, dans lequel il montre que le régime de Vichy était un régime cohérent de collaboration et que les dirigeants français avaient fait ce choix de collaborer. [...]
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