Même si ce n'est qu'après l'assassinat de Préfet Erignac en 1998 que la lutte contre la violence terroriste en Corse est devenue un enjeu d'Etat, le terrorisme sévit sur « l'île de beauté » depuis 1975 sans qu'aucune solution n'ait été trouvée à ce problème lancinant qui a perverti les règles du jeu institutionnel et alimenté une dérive des comportements individuels et collectifs tant sur le plan moral que politique ou social, caractérisée par le recours systématique à la violence dans un climat de quasi impunité. Dans les affaires corses, plus que dans toute autre, l'Etat a fait preuve au fil des années d'irrésolution, d'hésitation et d'opportunisme dans la gestion délicate d'un problème qui eut exigé plus de clarté, de cohérence et de lisibilité politique. Les services de renseignement au même titre que les services répressifs ont pâti de cette situation. Leur efficacité est plutôt moindre en Corse que sur le continent alors que leur action est ici plus qu'ailleurs déterminante. Cette carence de l'Etat dans ses missions régaliennes essentielles a favorisé la dégradation de la situation en Corse caractérisée par un climat de violence grandissant et de tensions exacerbées au sein même de la famille nationaliste.
Au lendemain de l'assassinat du préfet Erignac, la question nationaliste corse est devenue l'objet d'une appropriation politique de la part d'une personnalité gouvernementale (Premier ministre ou ministre de l'Intérieur), dotée d'ambitions électorales, animée par la volonté d'apporter une réponse originale à un problème qui empoisonne la vie politique française depuis trois décennies.
[...] C'est dans ce contexte que la crise algérienne s'exporte au-delà de la Méditerranée. En effet, les réseaux d'approvisionnement, de soutien et de financement des groupes terroristes algériens sont pour la plupart basés en Europe et notamment en France. La France s'inquiète publiquement en 1993 et 1994 de la possible conquête du pouvoir algérien par les islamistes[6] et cette inquiétude est interprétée comme une opposition politique et diplomatique à la victoire du FIS. De plus, Paris manifeste concrètement sa volonté de démanteler ces réseaux qui opèrent sur son sol et un premier coup de filet commun des RG et de la DST dans les milieux islamistes donne lieu, en 1993, à 105 interpellations et à de nombreuses condamnations. [...]
[...] Face à cette déferlante terroriste, les magistrats des pays concernés ont réagi avec fermeté et dans un esprit de coopération tout à fait exemplaire. Cette coopération policière et judiciaire a permis dans un premier temps de déstabiliser les supports logistiques et dans un second temps l'arrestation des responsables des différents mouvements. La bande des quatre d'AD a été interpellée à Vitry aux Loges en février 1987 marquant ainsi un coup d'arrêt définitif aux exactions de cette organisation. Mais cette issue est le résultat d'une coopération sans précédent entre des magistrats européens conscients de l'enjeu de cette lutte et des services de police et de renseignements de ces mêmes pays. [...]
[...] Nathalie Cettina, spécificité de la gestion organisationnelle de la lutte anti-terroriste en Corse Rapport de recherche 4 (Mars 2006) du CF2R. Comité de Solidarité des Prisonniers Politiques Arabes AIS, branche armée du FIS créée le 19 juillet 1994. GIA, créés dès la crise de juin 1991 et initialement dirigés par deux membres du FIS. GSPC, créé en 1996 à partir d'éléments dissidents des GIA. Cf. propos de François Léotard, alors ministre de la Défense, et de Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur. [...]
[...] Ils mettent en particulier en évidence la nouvelle collusion entre le terrorisme et le grand banditisme, à l'image des réseaux ben Belli et Kelkal. Les résultats sont en partie obtenus grâce à la collaboration avec les services alliés, dans le cadre du Club de Berne réunissant les représentants des services de sécurité européens et du Club Méditerranée permettant de fructueux échanges de renseignements entre le DGSE française, le SISMI italien, et les services spéciaux algériens, marocains et tunisiens. Les succès de la LAT n'empêchent pourtant pas les groupes armés algériens de poursuivre leurs tentatives sur le sol français, heureusement toutes déjouées. [...]
[...] Les liens ainsi mis en exergue avec des individus en Italie, en Belgique, en Algérie, au Royaume- Uni, au Canada et aux Etats-Unis confirmaient de manière éclatante l'internationalisation du terrorisme islamiste radical. Ainsi, après les attentats du 11 septembre, la France renforce sa lutte contre le terrorisme islamique. Fin 2001, les services français stoppent la préparation d'un attentat du GSPC contre l'Ambassade des Etats-Unis à Paris puis en décembre 2002, à Paris, quatre membres de la cellule du GSPC à Francfort sont arrêtés en possession de matériel chimique et militaire. [...]
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