Depuis l'élection de Jules Grévy en 1879, la IIIème République est enfin « républicaine ». Elle a acquis la majorité à la fois à la chambre des députés et au sénat. Pourtant, dès 1878 le conseil municipal de Paris, dominé par les radicaux-socialistes, propose d'édifier un monument à la gloire de la République dans la ville.
Le nouveau préfet de la Seine, Hérold, élu en 1879, approuve et signe le projet. Les représentations de la République sont le plus souvent associées à Marianne. Qui aujourd'hui sait d'où vient le prénom de Marianne et connaît les raisons de la diffusion de ce personnage ? Pourquoi le choix d'une femme dans un monde politique traditionnellement misogyne ? (...)
[...] L'école et plus précisément l'éducation civique est une des nouveautés de la République. La Marianne apparaît à cette époque comme un outil pédagogique d'apprentissage de la République. Cette idée est confirmée par une brochure de 1883 intitulée Evangile républicain, suivie d'Une Constitution républicaine, dont la couverture montrait une femme républicaine désignant du bras, à un petit garçon du peuple, un grand soleil dont les rayons entourent les mots Liberté, démocratie ; le bonnet phrygien coiffe la tête de la femme et se retrouve aussi plus haut, mêlé à la Gloire de rayons (M. [...]
[...] Par exemple, une Marianne coiffée de lauriers est synonyme d'une république modérée alors que la présence du bonnet phrygien illustre plus de radicalisme. Les flambeaux, présents dans les deux statues, font partie de la vulgate républicaine déployée dans l'art monumental. Sur la statue de la place de la République, il est présent sur la figure représentant la liberté (sont aussi présentes les deux autres parties de la devise nationale), et symbolise la lumière éclairant un monde couvert par les ténèbres de l'oppression des peuples. [...]
[...] Le bonnet est l'élément permettant d'identifier le caractère républicain du personnage, que le visage et la silhouette servent à déconsidérer. Différents modèles véhiculant cette idéologie se sont multipliés : la servante qui aide le cuisinier à préparer des plats trop épicés (allusion au programme radical selon l'interprétation d'Agulhon) ; l'institutrice à lunettes dont la robe est retenue par des ornements maçonniques (allusion aux liens étroits entre la politique républicaine et la franc-maçonnerie) ; la commère vociférante qui brandit le drapeau rouge mais aussi la maîtresse de maison gaspilleuse Les statues des places de la Nation et de la République sont inscrites dans un mouvement de remaniement du paysage urbain national. [...]
[...] Le concours et les différents groupes en lice Le conseil municipal de Paris décida en 1879 que le carrefour du Château- d'Eau, aménagé en place, serait désormais appelé place de la République Cette place serait ornée en son centre d'une statue de la République, portant le bonnet phrygien, encore contesté au sein des Républicains en 1879. Cette décision est significative tant par son audace que par son contenu. C'était la première fois que le conseil municipal prenait seul une telle initiative, au lieu de s'en remettre à une Commission de fonctionnaires présidée par le préfet de la Seine, Ferdinand Hérold l'époque. Cette initiative fut entérinée et un concours organisé. Celui-ci eut un grand succès. Trois groupes furent retenus : ceux de Soitoux, de Gautherin et de Morice. C'est ce dernier qui remporta le concours. [...]
[...] Cependant, le mouvement boulangiste est très disparate, certains sont de vrais républicains déçus et d'autres des réactionnaires dissimulés. Par conséquent, la Marianne est également parfois défavorablement représentée pour discréditer le gouvernement en place. La Marianne est également utilisée par la droite pour contrer la gauche. Tant que la République n'a pas durablement gouverné, la droite l'a surtout perçue sous forme de Révolution violente. La femme peut être jeune et ardente, néanmoins, l'expression est farouche et la chevelure détachée. Cette Marianne pourra tenir entre ses mains des armes, symboles de la violence du nouveau régime. [...]
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