Jusqu'au milieu du XIXème siècle voire même jusqu'au début du XXème siècle pour certains pays, la majorité de la population était rurale. Pourtant, une ombre est portée sur l'histoire des paysans et on a tendance à romancer voire idéaliser l'histoire du paysan. Le monde rural possède certes une vie culturelle riche mais il est aussi et surtout marqué par la violence et les exactions qui ont souvent réglé le sort de la paysannerie. C'est d'ailleurs cette violence qui a conduit à des soulèvements locaux et à des révoltes généralisées.
Le XIXème siècle se pose comme un siècle de modernisation sociale et politique. Dès lors, l'histoire des paysans comporte des ruptures et des permanences. En effet, l'industrialisation et l'urbanisation du XIXème siècle ont exercé un rôle destructeur sur les cadres traditionnels de la vie rurale.
Le but de l'ouvrage est de comprendre comment vivaient les paysans et quels sont les enjeux de l'histoire des paysans. En ce qui concerne le XIXème siècle, comment les paysans sont-ils touchés par le mouvement de modernisation politique et sociale qui traverse l'Europe ?
[...] Alors que l'organisation même du mode paysan est totalement bouleversée en Europe au XIXème siècle (déclin de la commune) le monde paysan se rattache cependant à son folklore pour mieux affronter ces nombreuses mutations Un monde violent a. De l'esclavage à la liberté Le paysan vit dans un monde de contraintes. En effet, le versement annuel d'une certaine somme par les villageois détenteurs de terres héréditaires se pose comme un signe de reconnaissance de la propriété prééminente de la terre par le seigneur. La servilité des paysans fait de ce groupe le groupe considéré comme le plus bas de la société. [...]
[...] De ce fait les agitations paysannes se font incessantes. Entre 1825 et 1855, on dénombre environ 23 cas de violences rurales par an ayant entraîné l'intervention de l'armée. Ainsi la proclamation de l'abolition de l'esclavage fut-elle entourée de considérables précautions de maintien de l'ordre. La disparition des anciens régimes politiques et sociaux en Europe et l'intégration dans les courants de négoce avaient permis une augmentation considérable des niveaux de production mais avaient aussi condamné à mort les anciennes structures communautaires et les droits d'usage. [...]
[...] Jusqu'en 1873, le climat général de prospérité économique rend supportables les effets d'une concurrence qui ne dispose pas encore de tous ses nouveaux atouts. Les paysans européens connaissent même un véritable Age d'Or dont tous profitent à des degrés divers. Les prix des denrées agricoles montent, soutenant l'ensemble des revenus tirés de la terre. Engrais et machines commencent à pénétrer les campagnes les plus modernes : en Angleterre, les moissonneuses, dont le modèle Mac Cormick a été exposé pour la première fois en 1851, assurent presque la moitié de la récolte en 1874. [...]
[...] Cependant, tout au long du XIXème siècle si la productivité augmente, la part des agriculteurs dans la population active diminue. Au XIXème siècle la production agricole est multipliée par 2. Ainsi la modernisation de l'agriculture a t-elle partout accompagnée sinon toujours précédée l'industrialisation. Le perfectionnement de l'agriculture répond aussi à la surcharge démographique des campagnes. Les principaux progrès consistent à étendre les surfaces cultivables par des défrichements ou par l'assèchement des zones marécageuses, ou mieux encore, en pratiquant des cultures fourragères sur la sole laissée habituellement en jachère. [...]
[...] La crise des années 1873-1896 plonge les agricultures européennes dans une crise de longue durée. Les prix agricoles se dépriment fortement, entraînant l'ensemble des revenus paysans dans leur chute. En Angleterre, où le libre-échange a été maintenu pour l'essentiel, les prix agricoles chutent de moitié entre 1870 et 1900, entraînant une baisse d'un tiers des revenus agricoles. Les paysans sont touchés par le mouvement de modernisation politique et sociale d'une manière violente. Leur mode d'organisation autour de la communauté et du village est mis à mal et c'est ainsi leur identité propre qui est menacée. [...]
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