Sans pour autant s'interroger directement sur l'existence d'une alternative au capitalisme,
puisqu'il ne s'agit pas de notre propos ici, on peut tout de même se demander comment la
mondialisation est arrivée au stade qu'elle connaît actuellement. Comment se caractérise la
période allant de la fin du XIXème siècle au début du XXème siècle, période qui a connue la
première phase véritable de la mondialisation ? Dans quelles mesure les Etats-nations ont eu
tendance à se replier sur eux-mêmes au cours de l'entre-deux-guerres ? Quels sont les traits
dominants de la mondialisation contemporaine qui a su émerger à la fin des années 1940 ?
Ceci nous amènera à analyser l'avènement progressif de la mondialisation depuis le
XIXème siècle dans une première partie, à constater une remise en cause partielle du phénomène de mondialisation pendant l'entre-deux-guerres dans une seconde partie, ainsi qu'à étudier les
formes principales de la mondialisation actuelle.
[...] Au début du XXème siècle, l'Allemagne deviendra donc la deuxième puissance industrielle mondiale, derrière les Etats-Unis d'Amérique mais devant la Grande-Bretagne. En réalité, l'étonnant développement allemand suscite rapidement des craintes chez ses voisins, notamment chez les Britanniques qui ont visiblement ratés le tournant et l'adaptation instaurée par la seconde Révolution Industrielle des années 1880. Ce déclin britannique se retrouve aussi bel et bien dans le rapprochement nécessaire entre la GrandeBretagne, la France et la Russie à la fin du XIXème siècle (à l'initiative britannique), qui avait pour but d'atténuer les effets de la Weltpolitik, mise en œuvre par Guillaume II, et qui en bref a pour objectif principal le rayonnement international de l'Allemagne par la conquête coloniale, mais aussi en réalisant des investissements massifs à l'étranger (par exemple : le Bagdad-bahn) ou en diversifiant géographiquement ses pays d'exportation. [...]
[...] Dans tout les cas, on peut constater que le phénomène de mondialisation s'est développé progressivement jusque 1914. Les caractéristiques de son évolution l'ont corroboré, par certains critères comme l'affirmation de la domination des puissances européennes ou la démonstration par la Grande-Bretagne du bien-fondé du libre-échange. Malgré la Grande Dépression et le repli de toutes les puissances européennes et nord-américaines, elle avait choisi de continuer à appliquer les lois du libre-échange seule. Cependant, ce processus, même si il s'inscrit dans une 7 Eric Hobsbawm, L'ère des Empires, 1875- dynamique, est encore très éloigné de ce que l'on peut connaître aujourd'hui. [...]
[...] Par cette décision, la création d'un vaste marché mondial monétaire d'une part, et financier d'autre part, va se constituer. La suprématie de la finance dans l'économie internationale s'illustre donc également par l'expansion considérable des investissements directs à l'étranger (I.D.E.), qu'ont peut définir comme des engagements de capitaux effectués en vue d'acquérir un intérêt durable, voire une prise de contrôle, dans une entreprise exerçant ses activités à l'étranger. Les flux financiers étaient certes déjà présents auparavant mais la croissance de ceux-ci depuis 1945 est tellement considérable qu'elle marque clairement une rupture avec les périodes précédentes. [...]
[...] puis l'O.M.C. ont donc très largement contribué au développement du processus de mondialisation dans la mesure où ils ont réussi à établir une libéralisation du commerce mondial à une échelle relativement importante. La seconde caractéristique majeure dans l'expansion du phénomène de mondialisation depuis 1945 est bien entendu la place de plus en plus prépondérante occupée par la finance et 13 Régis Bénichi, Histoire de la mondialisation 11 dans une plus large mesure, par les flux monétaires et financiers. La création du Fonds Monétaire Internationale en est clairement la preuve. [...]
[...] Ainsi, elle devient la monnaie dans laquelle sont réglés les paiements internationaux. Cette suprématie britannique s'explique notamment par sa puissance économique, industrielle et commerciale, considérable au XIXème siècle par rapport aux autres pays. Comme nous le rappelle Régis Bénichi6, il ne faut pas oublier que les puissances européennes, tout au long du XIXème siècle et même bien après, sont loin d'avoir des intérêts économiques convergents et que par conséquent, les tensions politiques et les rivalités économiques s'en trouvent renforcées Le développement industriel fulgurant de l'Allemagne, unifiée depuis 1870 sous le Zollverein, vient bousculer l'hégémonie britannique. [...]
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