Cette nuit, un épais manteau de neige a recouvert le bassin minier. Les obsèques officielles et solennelles des 404 victimes ont lieu à Méricourt. Les longs cortèges noirs teintent la neige de la couleur du deuil. Granjouan fait remarquer que "les femmes, épuisées de douleur, les yeux vides de larmes nous regardent sans mot dire, et les gestes traditionnels qui entourent la mort de respect et de crainte se répètent de porte en porte, dans l'alignement inflexible des corons. Il vaut mieux mourir devant des cerisiers en fleurs qu'étouffer dans un trou de charbon".
Au moment où la messe va commencer, des femmes se jettent sur les cercueils en pleurant les morts. Une veuve, accablée par la douleur, ne parvient pas à modérer ses émotions, elle embrasse un cercueil et en pleurant crie "Ch'est a mi, ch'est a mi. Ch'est le mien qui est là-dedans". Le préfet, M. Ouréault, tente de consoler cette femme qui n'est autre que Madame Lanoir, une pauvre femme qui a perdu ses six enfants dans la catastrophe.
[...] Tout le monde pleure, même le ministre ne peut contenir sa douleur. Une chapelle ardente fut élevée à la fosse de Méricourt. Dix-neuf cercueils renfermant principalement des cadavres non reconnus et deux sauveteurs, Antoine Duez et Louis-Alphonse Willerval, morts par asphyxie alors qu'ils tentaient de sauver leurs camarades étaient encadrés par des soldats et gendarmes, sabres au clair. Les discours se succèdent alors, commençant par ceux des élus socialistes de la région qui accusent le système capitaliste comme coupable de cette catastrophe, puis ce sont les discours des délégués mineurs qui appellent à la vengeance, et enfin, ce sont les responsables des compagnies qui, eux, ont du mal à se faire entendre. [...]
[...] Infortuné Courrières, Autrefois plein d'orgueil D'engendrer le travail, de servir l'industrie, Devras-tu voir, hélas ! à ta féconde vie Succéder un cercueil ? Oh ! Que tout l'univers, de l'un à l'autre pôle, Sur ce grand cimetière apporte son obole, Qu'il donne à l'orphelin, Pour qu'on ne puisse voir, quelque jour sur la route, Des enfants obligés, pour manger une croûte, De nous tendre la main ! Tout le monde est ému à la lecture de ce poème si touchant. [...]
[...] Histoire de la mine de Courrières, mardi 13 mars 1906 : les obsèques officielles Cette nuit, un épais manteau de neige a recouvert le bassin minier. Les obsèques officielles et solennelles des 404 victimes ont lieu à Méricourt. Les longs cortèges noirs teintent la neige de la couleur du deuil. Granjouan fait remarquer que " les femmes, épuisées de douleur, les yeux vides de larmes, nous regardent sans mot dire, et les gestes traditionnels qui entourent la mort de respect et de crainte se répètent de porte en porte, dans l'alignement inflexible des corons. [...]
[...] Vous vous êtes d'abord préoccupé de réaliser des bénéfices et vous avez négligé la sécurité des travailleurs. Vous êtes coupable de la mort de nos camarades Coupable, ce mot vient tel un boomerang à la figure du directeur. "Assassin tous n'ont que ce mot à la bouche. Mot de colère, de rage, introduisant la vengeance. Le jour s'achève sur ces mots et leurs maux. La rage a envahi tout le bassin minier. Les familles regagnent péniblement leurs corons, la voix entrecoupée de sanglots. [...]
[...] Le roi d'Italie a évoqué le désastre de Courrières et s'en est montré très affligé. À l'ambassadeur de France. M. Barrère, le roi a renouvelé ses condoléances et lui accorda toute sa sympathie en le priant de vouloir télégraphier directement à M. Fallières, ses condoléances. Au Vatican, la nouvelle effroyable a également touché le Pape Pie X. Profondément touché par la douleur des familles, il a envoyé le télégramme suivant à Monseigneur Williez, alors évêque d'Arras : " profondément affecté par l'effroyable catastrophe qui s'est produite dans les mines de Courrières, nous prenons part à votre douleur, et en pensant à celle de tant de veuves et de tant d'enfants frappés par ce terrible malheur, nous tenons à vous exprimer la douloureuse sympathie dont nous nous inspirons pour demander à Dieu le repos éternel de toutes les victimes et le soulagement de leurs familles." Le pape n'est pas le seul à avoir envoyé ses condoléances en ce jour du 13 mars 1906. [...]
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