Encore une nuit de deuil au pays de la mort noire. Le puits nº3 de Méricourt est fermé et son ventilateur est remis en marche. La ventilation du puits 2 de Billy-Montigny et du puits 4 de Sallaumines fut arrêtée, permettant ainsi quatre entrées d'air. Les sauveteurs avaient l'air dans le dos ce qui repoussait les "puteux" au lieu de les avoir en plein visage comme c'était le cas les jours précédents. Il est quatre heures du matin, la lueur des lampes éclaire déjà quelques corons. Des groupes circulaient racontant les faits divers parus dans les journaux. Les familles sont à l'écart de toutes discussions alors elles supposent les faits, accusent les ingénieurs de ne pas faire assez pour leurs proches. A la fosse, on a perdu tout espoir de revoir vivants des camarades. Comment survivre dans une telle fournaise ?
[...] C'est sous cette demande expresse que les pompiers parisiens arrivent tôt ce matin. Vers 11heures, on ouvrit les portes des grilles aux familles pour la reconnaissance des cadavres. Les cadavres étaient tous là, dans ce hangar transformé en funérarium de fortune, allongés à même le sol, entourés d'un drap blanc, alignés. Les veuves, avec douleur, se penchent sur chaque cadavre, leur rendant un dernier hommage. Lorsqu'un corps est reconnu, ce n'est pas grâce au visage, mais bien souvent à ce qui leur reste de vêtements. [...]
[...] Encore aveuglés par la lumière du jour, épuisés, ils tentent de raconter leur périple en se dirigeant vers l'infirmerie. À l'infirmerie, leur surprise est grande. Nombreux sont leurs camarades alités, brûlés, amputés. La douleur se lit sur leur visage. En mots hachés, Gustave Bour expliqua sommairement ses principaux faits et gestes de ces deux journées. Les 26 miraculés apprirent à l'infirmerie l'état de santé de cinq autres "échappés". Un de leurs amis, Pierre Devos, qui avait le bras droit arraché, fut transporté chez lui . J.B. [...]
[...] Lenfal est à l'hôpital de Lens en raison de ses fortes brûlures, il est dans un état très grave. Quant à Gaspard Guilmant et Eugène Chozy, le cabaretier au Pont de Sallaumines, dans un état qualifié de très graves, ont des brûlures étendues sur tout le corps. Ayant appris cela, les 26 miraculés virent la chance qu'ils avaient eue d'être sains et saufs. Dans les locaux administratifs, c'est la cohue. Les journalistes souhaitent être les premiers à parler des nouveaux faits. [...]
[...] À la mine, les frontières sont abolies. Au fond, tout le monde est noir alors personne n'est étranger. C'est en signe de solidarité envers leurs camarades de sort que les Allemands sont venus aider nos pauvres mineurs coincés au fond. Ces sauveteurs sont mieux équipés que les Français. Ils ont des masques à oxygène Giesberg, élément indispensable à cause des puteux. Cet effort de solidarité sera remarqué par la presse, on s'empresse de divulguer la nouvelle. Tout le monde est surpris, mais en réalité, la direction savait que vingt-cinq sauveteurs allemands allaient arriver dans la journée, ce fut le résultat d'une demande expresse faite la veille par le gouvernement français sur la proposition de Engel, directeur de l'Association pour les intérêts miniers du district de Dortmund. [...]
[...] À Paris, les télégrammes arrivent en nombre important à l'Elysée. Le Président de la République a déjà reçu, de la plupart des chefs d'Etat des télégrammes qui expriment leurs condoléances pour cette tragédie. Les dirigeants des différents pays tentent de prendre part à ce malheur qui touche la France pendant "la Belle Epoque". Aux fosses, le personnel s'active, il faut répondre aux télégrammes déjà reçus. Un télégramme répondant à celui du maire de Lille est envoyé. Les journalistes l'obtiennent et lisent alors l'inscription :"Sous le coup d'une poignante émotion, devant l'étendue d'un désastre encore sans exemple, au nom des veuves et des orphelins dont le nombre ne peut encore être apprécié, le maire de Courrières remercie M. [...]
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