La première Guerre mondiale marque une rupture dans le sentiment national, et dans la prise de conscience d'un nécessaire recours à l'immigration. Il s'agit pour les scientifiques et les hauts fonctionnaires de l'époque de doter la France d'une politique de l'immigration visant « à assimiler les populations étrangères en vue de préserver l'homogénéité raciale de la nation française. » Ce concept d'assimilation va peser de tout son poids dans l'élaboration de la politique migratoire, mais aussi dans les mentalités de l'époque et va durablement être associé à une sélection des immigrants selon leurs origines. Les premières vagues d'immigration massive dans les années n'échapperont pas cette règle et iront même jusqu'à constituer de l'entre deux guerres à la libération un vaste champs d'étude à la réussite ou à l'échec de la dès lors consacrée assimilation. C'est précisément une de ces études réalisée par l'INED en 1953 sur les travailleurs immigrés Polonais et Italien suite à une enquête sociologique sur le terrain qui a servi de support principal à notre réflexion. Nous nous sommes appuyés sur la fiche n°5 figurant dans les annexes de l'ouvrage de A.Girard et J.Stoetzel, et qui est en fait le rapport d'un enquêteur suite à sa visite dans une famille polonaise du Pas de Calais. Il s'agit pour nous de souligner les insuffisances de la notion d'assimilation et l'aberration des pratiques politiques visant sa stricte application. Ainsi nous retracerons dans un premier temps l'historique des flux migratoires de la Pologne vers la France avant de s'intéresser aux politiques migratoires des années 20 jusqu'à la libération pour enfin souligner notre incapacité à saisir ce que recouvrent le terme d'assimilation, qui pourtant fut l'initiateur de pratiques souvent scandaleuses.
[...] (Confédération des Associations Agricoles des Régions Dévastées) ouvrirent leurs propres bureaux de recrutement en Pologne. De ce fait, le rôle et l'importance de la Mission de la Main d'œuvre décrurent petit à petit à l'exception des visites médicales qui restèrent de sa compétence. De son côté, la Pologne créa l'Office polonais d'émigration, dans le but de contrôler le recrutement de ses nationaux et le respect de la Convention franco-polonaise. À partir de 1924, les différents organismes de recrutement en Pologne se fédérèrent autour de la S.G.I. [...]
[...] Au niveau presse, radio des interrogés continuent à écouter une radio polonaise ou lisent un quotidien polonais. Le calendrier comme la cuisine est mixte dans la plupart des cas, on perpétue les fêtes et les coutumes polonaises, de la même façon que l'on célèbre le 14 juillet. D'autre part si on observe un loyalisme vivace pour le pays d'origine chez la première génération, il s'estompe nettement chez les enfants nés en France. Cette distance dans les modes de sentir et de penser entre les parents du fait de leur naissance en Pologne et les enfants du fait de leur naissance en France se manifeste aussi dans les proportions de la naturalisation. [...]
[...] Ces théories mise en pratique ne trouvent pourtant aucune légitimation dans les textes de loi, et c'est à partir de la fin des années 30 que s'élabore une politique concrète de l'immigration qui ne s'achèvera qu'à la libération en 1945. En 1939 est mis en place un Haut comité de la population. Les experts participent dès 1939 à la construction des textes de lois sur l'immigration. Un grand nombre d'entre eux occupent des postes aux affaires familiales sous Vichy si bien qu'en 1945 le nouveau Haut comité de la population est composé par plus d'un tiers des personnalités et fonctionnaires en fonction aux affaires familiales sous Vichy. Georges Mauco est nommé secrétaire général du haut conseil. [...]
[...] Pourtant les habitudes et les principes, les tentations xénophobes et les préjugés ethniques vont par l'intermède du Haut Comité peser de tout leur poids sur le cadre juridique nouvellement adopté. Si bien d'ailleurs qu'après 1945, comme durant l'entre-deux-guerres, un effort considérable va être mis en œuvre afin d'assimiler les populations ethniquement désirables, comme nous l'avons vu dans l'exemple des Polonais : structure égalitaire entre mineurs français et polonais, organisation réglementée du voyage, délivrance de contrat de travail, avantages en nature, etc, en 1950 on créa même une commission du peuplement et de l'assimilation au sein du ministère de la population. [...]
[...] Jean Girard et Alain Stoetzel, Français et immigrés, l'attitude française, l'adaptation des Italiens et des Polonais, Cahier de l'INED fiche n°5. Plan L'immigration polonaise en France : Historique des flux migratoires de la Pologne vers la France La Convention franco-polonaise de 1919 Politiques migratoires : Le dogme assimilationniste Familialisme et naturalisation comme instrument d'une politique de population Politique du pays d'émigration et structures polonaises dans le bassin houiller Assimilation, sélection ethnique, analyse critique du lexique migratoire. [...]
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