La guerre d'Algérie est restée longtemps plongée dans le silence. D'aucun des acteurs ne voulaient jeter la lumière sur leur expérience et les autorités ont agi en ce sens. Paradoxalement, aujourd'hui, le témoignage devient un élément considérablement important dans les mémoires relatives à la guerre d'Algérie et au sein même de l'histoire, pénétrant ainsi le caractère scientifique de la discipline.
De même, après une politique de l'oubli à travers des pratiques d'amnistie, on a vu l'apparition d'un type nouveau de politique publique en ce qui concerne la guerre d'Algérie : une « politique de mémoire ». S'inscrivant dans le champ des lois mémorielles que la loi du 13 juillet 1990 dite Gayssot a ouvert, la loi du 23 février 2005 portant « reconnaissance de la nation en faveur des Français rapatriés » est révélatrice des revendications mémorielles divergentes qui sont à l'œuvre au sein de la société française. Ces revendications mémorielles s'appuient sur la société civile à travers un tissu associatif important.
Les luttes mémorielles entre les différentes associations se qualifiant de victimes sont récurrentes dans l'espace public français. Depuis la guerre d'Algérie, les associations de revendication mémorielle cherchent à obtenir des autorités publiques une certaine reconnaissance. Cette quête peut s'effectuer à la fois à l'échelle nationale par ce que l'on a appelé des « lois mémorielles » mais aussi et surtout au niveau local.
À l'échelon local, cela se traduit par la création de musées, de mémoriaux ou de stèles. Il est fréquent que les autorités publiques locales aussi bien que le Parlement aient des liens avec ses associations, voire subissent une certaine pression électoraliste.
[...] Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. Il a rendu fécondes des terres vierges [ Je veux dire ici [ ] tous les colons n'étaient pas des exploiteurs. Il y avait parmi eux [ ] des hommes de bonne volonté [ ] qui croyaient remplir une mission civilisatrice [ ] qui croyaient faire le bien[4]. Il reprend le souhait de la communauté pied-noir de lutter contre le stéréotype du colon. Alors que Nicolas Sarkozy était en Algérie plaidant pour enterrer la repentance, à Paris, la mairie organisait la cérémonie d'inauguration du carrefour Bollardière. [...]
[...] Depuis, les choses sont devenues moins claires. Prochasson dresse un tableau assez noir de l'histoire contemporaine. Selon lui, celle-ci a inévitablement recours aux témoignages et à l'émotion. Il ne reste qu'au témoin à verser dans la nostalgie ou à calmer sa souffrance car on sollicite d'abord les victimes, les faibles, les dominés, les vaincus. L'histoire orale s'est d'abord donnée pour mission de récupérer la parole évanescente des oubliés de l'histoire. L'historien préfère le témoin à qui il est arrivé quelque chose. [...]
[...] En effet, un homme peut évoquer son passé en faisant appel aux souvenirs des autres. Il s'agit de points de repère qui existent hors de lui, et qui sont fixés par la société. On peut dire que l'individu a besoin de ces instruments que sont les mots et les idées qu'il emprunte à son milieu. Mais sa mémoire ne se confond pas avec celle des autres. Elle est limitée étroitement dans l'espace et dans le temps. Il en va de même avec la mémoire collective. [...]
[...] La mémoire n'a pas fini de nous occuper. Mémoire de la nation, mémoire de groupes, et même mémoire d'individus, elle semble s'être hissée au rang d'une nécessité : elle fonde tout à la fois, et parfois contradictoirement, un vivre-ensemble et un désir de reconnaissance collectif ou individuel. Elle constitue alors une donnée immuable de l'histoire. Les historiens ne peuvent s'en dessaisir, ils participent aussi aux constructions mémorielles qu'ils plaisent à fustiger quand elles vont à l'encontre de leurs opinions ou de leurs intérêts. [...]
[...] On honore les victimes et surtout les vaincus. Ainsi la communauté pied-noir se situe-t-elle exactement dans cette tendance. Se considérant comme lésée dans le discours de l'histoire officielle de la France, elle n'a de cesse de réclamer réparation. Après des demandes de réparations de type matériel, la mémoire pied-noir veut corriger les imperfections et mensonges de l'histoire officielle On a donc vu naître une floraison de projets dans le sud de la France portés par des personnalités politiques ayant des liens étroits avec le milieu pied-noir. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture