L'histoire du département de la marine est intimement liée à celle du bâtiment qui l'abrite. C'est à la fin de l'année 1789 que l'administration centrale de la marine quitta l'hôtel des affaires étrangères à Versailles pour s'installer rue Royale, dans l'ancien garde-meuble de la couronne. Tout au long du XIXe siècle, alors que le ministre de la marine dispose d'attributions plus étendues que n'importe quel autre de ses homologues, se concentre en un lieu unique, au centre de Paris, un outil bureaucratique léger et réactif au service d'une gestion extrêment centralisée. L'auteur de cet article porte un regard d'historien du droit sur l'organisation institutionnelle et le cadre géographique de l'administration centrale de la marine et des colonies au XIXe siècle.
[...] Aujourd'hui encore, au 2 rue Royale, on peut voir une plaque portant l'incription ministère de la Marine bien que, depuis plusieurs décennies, l'hôtel n'abrite plus que l'état-major général de la marine. Classé monument historique, l'hôtel a fait l'objet de plusieurs restaurations depuis le début des années 1980. Le garde-meuble de la Couronne avait été édifié entre 1757 et 1774 par Soufflot, sur les plans du premier architecte du roi Gabriel. Le garde-meuble fut pillé à la révolution, et dans ses murs fut jugé et enfermé Louis XVI dans l'attente de son exécution; la veille de ce jour de janvier 1793, il demandait encore: a-t-on des nouvelles de Lapérouse ? [...]
[...] L'échec de l'expérience d'une grande direction à vocation militaire aura de graves et directes conséquences sur l'incapacité de la marine française à organiser un débarquement sur les côtes allemandes durant la guerre franco-prussiennexvii. Les flottements dans l'organisation centrale, l'inaptitude de la marine à se doter d'une véritable tête militaire, perdureront longtemps encore. Comme l'a noté Philippe Masson, la direction suprême manque de fermeté et on voit apparaître des errements qui ne feront que se développer, au cours de la période suivante, et qui ne seront pas encore totalement corrigés à la veille de la première guerre mondiale »xviii. [...]
[...] - Matériel scientifique des écoles de navigation (Décret du 31 décembre 1860 portant réorganisation des bureaux de l'administration centrale de la marine et des colonies). xv Albert DUCHENE, Un ministre trop oublié: Chasseloup-Laubat, Société d'éditions maritimes et coloniales 1932. xvi Occuperont la fonction de directeur des mouvements : le contre-amiral d'Aboville (1er août 1865-12 août 1865), le capitaine de vaisseau Roussin (12 août 1865-2 novembre 1866), le contre-amiral Dieudonné novembre 1866-8 avril 1868). xviiVoir sur cette question : Jean-Philippe ZANCO, Administration versus strategy ? [...]
[...] Cependant, le sous-secrétaire d'Etat fait double emploi avec le secrétaire général, apparu en 1815, supprimé le 10 août 1844, puis rétabli le 27 décembre 1844. Le flottement s'accentue après la révolution de 1848. Le 23 février, le ministre démissionne, suivi le lendemain par son sous-secrétaire d'Etat et son secrétaire général. François Arago prend la tête du ministère le 24, puis quelques jours plus tard mars) il fait appel à Victor Schoelcher pour le seconder en tant que sous-secrétaire d'Etat ; le 6 mars, Théophile Marec, directeur du personnel depuis la révolution, est nommé à titre provisoire secrétaire général. [...]
[...] Le cabinet devient un élément clé de l'organisation centrale de la marine, l'organe immédiat de la volonté ministérielle, docile et puissant en même temps que souple et disponible. Son rôle est double, civil et militaire : il centralise toute la correspondance à l'arrivée et au départ et supervise les mouvements et l'armement de la flotte. Pour autant, le cabinet n'a rien d'un état-major général, puisqu'il n'a aucun pouvoir de décision ou d'impulsion, ni aucune mission de planification, de coordination ou de logistique en matière de guerre maritime. [...]
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