Selon Pierre Legendre, l'Etat est un montage. C'est une représentation, une construction qui se base sur différentes caractéristiques : un territoire, une population et des institutions. Un Etat peut s'unifier grâce à la religion comme nous l'avons étudié au cours de ce semestre.
L'exemple de la construction de l'Etat-Nation turc est particulièrement intéressant dans le sens où pour le fonder sur les ruines de l'Empire Ottoman, Mustapha Kemal eut recours à la laïcité, un principe selon lequel le civil et le religieux doivent être séparés et relégués dans des sphères distinctes (...)
[...] Nora NOUREDDINE La laïcité, moteur de l'Etat Nation en Turquie? Selon Pierre Legendre, l'Etat est un montage. C'est une représentation, une construction qui se base sur différentes caractéristiques : un territoire, une population et des institutions. Un Etat peut s'unifier grâce à la religion comme nous l'avons étudié au cours de ce semestre. L'exemple de la construction de l'Etat-Nation turc est particulièrement intéressant dans le sens où pour le fonder sur les ruines de l'Empire Ottoman, Mustapha Kemal eut recours à la laïcité, un principe selon lequel le civil et le religieux doivent être séparés et relégués dans des sphère distinctes. [...]
[...] En partie grâce à ces piliers, Atatürk a créé une identité, une turcité pour bâtir l'Etat-Nation. Cependant, la Turquie est actuellement en situation de devoir redéfinir sa laïcité tout d'abord parce qu'imposée elle a manqué de bases sociales mais aussi car aujourd'hui on peut considérer que la religion politique revient sous des formes variées, à l'image de l'AKP. De ce point de vue, la perspective d'adhésion à l'Union Européenne aura des conséquences qu'il sera intéressant d'observer. Bibliographie : ANCIAUX Robert (dir.), La république laïque turque, éditions Complexe BOZARSLAN Hamit, Histoire de la Turquie contemporaine, La découverte KABOGLU Ibrahim Özden, L'impact de la loi de 1905 sur la laïcité en Turquie, in Hommes et migrations, 1259 Nombre de signes hors notes : Les millets sont des petites nations qui avaient une autonomie assez étendue, ils élaboraient leurs propres lois et géraient des taxes distinctes, chaque communauté avait sa propre organisation sociale et son propre droit. [...]
[...] Pour Atatürk, c'est un vecteur de modernisation, un moyen de réformer en profondeur un pays en ruine et de lui redonner de nouvelles bases solides. En 1937 est ajouté dans la constitution : l'État Turc est ( ) laïque De plus, cette laïcisation permet une uniformisation et donc une unité de l'Etat. En effet, Son ancêtre Ottoman n'étant pas monolithique comme le prouve l'existence du système des millets[1], il faillait faire émerger une citoyenneté ottomane et pour cela abolir cette société fondée sur des nationalités ethnico-religieuses et favoriser l'avènement d'un État-Nation, un et indivisible. [...]
[...] Le paradoxe disparaît donc en partie puisque l'Islam n'est pas relégué dans la sphère privée, il ne devient qu'un instrument du politique. En conclusion, on a pu constater que l'Etat-Nation Turc est un montage autour de deux piliers qui sont la laïcité et l'Islam. Si un paradoxe apparaît puisque la Turquie a une forte identité musulmane, il disparaît en partie lorsqu'on se penche sur la définition de la laïcité turque. En effet, la lâiklik consiste en une tutelle de l'Etat sur la religion et non en une évacuation pure et simple. [...]
[...] Cette laïcité n'est donc pas synonyme de pluralité des langues de Dieu puisqu'une seule de ces langues fut imposée comme langue de la nation. Quitter l'Islam revenait à quitter donc à trahir la nation. Le paradoxe réside donc dans le fait que la laïcité s'impose dans un cadre identitaire musulman, d'autant plus qu'au moment où la Turquie se proclame laïque, jamais elle n'a été aussi musulmane. Cependant, ce paradoxe disparaît en partie lorsqu'on se penche plus précisément sur la définition de la lâiklik. [...]
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