Synthèse d'Histoire traitant des conséquences socio-culturelles de la guerre de 1914-1918 en insistant sur la rupture entre les valeurs d'avant et d'après-guerre et sur les nouvelles interrogations que suscite ce bouleversement.
[...] Mais ces naufrages, après tout, n'étaient pas notre affaire; Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Nous voyons maintenant que l'abîme de l'Histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu'une civilisation a la même fragilité qu'une vie. ( )Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l'Europe, elle a senti par tous ses noyaux pensants qu'elle ne se reconnaissait plus, qu'elle cessait de se ressembler, qu'elle allait perdre conscience, une conscience acquise par des siècles de malheurs supportables, par des milliers d'hommes de premier ordre, par des chances géographiques, tehniques, historiques innombrables. [...]
[...] Les faits pourtant sont clairs et impitoyables: il y a des milliers de jeunes écrivains et de jeunes artistes qui sont morts; il y a l'illusion perdue d'une culture européenne et la démonstration de l'impuissance de la connaissance à sauver quoi que ce soit; il y a la science atteinte mortellement dans ses ambitions morales et comme déshonorée par la cruauté de ses applications; il y a l'idéalisme difficilement vainqueur, profondément meurtri, responsable de ses rêves; le réalisme déçu, battu, accablé de crimes et de fautes; la convoitise et le renoncement également bafoués, les croyances confondues dans les temps, croix contre croix, croissant contre croissant; Il y a les sceptiques eux-mêmes désarçonnés par des événements si soudains, sl violents, si émouvants et qui jouent avec nos pensées comme le chat avec la souris: les sceptiques perdent leurs doutes, les retrouvent, les reperdent, et ne savent plus se servir des mouvements de leurs esprits. L'oscillation du navire a été si forte que les lampes les mieux suspendues se sont à la fin renversées. Paul Valéry - Variété III, Gallimard LA PLUS GRANDE LIBERTÉ Le seul mot de liberté est tout ce qui m'exalte encore. Je le crois propre à entretenir, indéfiniment, le vieux fanatisme humain. ( ) Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d'esprit nous est laissée. [...]
[...] Il n'y aura plus de budget des cultes, il y aura budget de la science. L'État doit subvenir à la science comme à la religion, puisque la science, comme la religion, est de la nature humaine. Il le doit même à un titre plus élevé; car la religion, bien qu'éternelle dans sa base psychologique, a dans sa forme quelque chose de transitoire; elle n'est pas comme la science tout entière de la nature humaine. Ernest RENAN, L'avenir de la science, pensées de 1848, Paris, Calmann Lévy éd. [...]
[...] Karl Jaspers, Rencontres internationales de Genève Édit. de la Baconnière. L'HOMME EST-IL MORT? Beaucoup de tourments ont disparu, mais il en reste d'autres. A travers les dialogues qui se sont établis d'un bout à l'autre de l'Europe, passe, à l'heure actuelle, la question obsédante, permanente, qui se pose à l'Europe entière si fortement que ne pas commencer par la poser consisterait à parler pour ne rien dire. A la fin du XIXe siècle, la voix de Nietzsche reprit la phrase antique entendue sur l'archipel: Dieu est mort . [...]
[...] Après la Grande Guerre Choc des valeurs et nouvelles interrogations La Grande Guerre, cet évènement historique qui marquera à jamais les manuels d'histoire, ce grand brassage d'hommes, envoyés au front, partageant d'abord la boue de leurs tranchées avec leurs camarades, puis l'euphorie de l'armistice durement méritée. Marqués à jamais, ils en reviennent à leur vie civile, avec la conviction qu'un monde meilleur s'ouvre à eux. Hélas, le bilan de la guerre s'avèrera négatif sur bien des points et plaidera chez certains en faveur du sentiment de l'absurde et d'un profond pessimisme. [...]
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