Aux élections européennes de juin 2009, le taux d'abstention des électeurs français s'est élevé à près de 60%. Cette faible mobilisation montre que l'Europe est perçue par beaucoup de français comme une construction lointaine et technocratique, éloignée du quotidien des français. Pourtant, plus de 70% des lois votées à l'Assemblée Nationale, comme dans d'autres assemblées législatives européennes, sont issues des décisions de l'Union Européenne, ce qui met en relief le décalage entre le pouvoir bien réel de l'Europe et le désintérêt qu'elle suscite chez de nombreux français. L'Europe se constitue de l'ensemble des institutions mises en place dans le cadre de la construction européenne depuis 1945. Elle fait aussi référence au sentiment d'appartenance qui lui est attaché : le fait de se sentir européen. L'enjeu est de savoir si un tel sentiment anime une grande partie des Français, à travers l'opinion publique française et également l'action des dirigeants politiques français. Ainsi, la France a été un élément moteur de la construction européenne depuis le début, emportant dans l'immédiat après guerre, l'adhésion populaire à la réalisation de la paix. Cependant, l'Europe est désormais mise à mal par l'euroscepticisme ambiant. L'engagement pour le projet européen n'est donc pas constant chez les Français.
Dans quel sens la perception de l'Europe par les Français et l'action des hommes politiques français ont-elles influencé l'édification de l'Europe et de son image ? Quels sont les liens qui unissent le peuple français à l'Union Européenne ?
Dans la décennie d'après guerre l'Europe est considérée comme l'opportunité de recréer la paix et la prospérité économique; à partir des années 1960, les Français font valoir leur conception de l'Europe à travers l'action des dirigeants politiques sans empêcher l'évolution des institutions européennes. Cependant, l'Europe est toujours au coeur de débats souvent controversés, les élargissements et l'approfondissement de la construction européenne laissant les Français perplexes (...)
[...] Les Français sont sensibles à cette communauté de valeurs, la France étant le pays de la création de la Déclaration des Droits de l'Homme associée à la Convention Européenne des Droits de l'Homme est encore une juridiction très active, garante des droits fondamentaux à travers le contrôle de conventionnalité. De surcroit, l'Europe semble le moyen le plus efficace de la réconciliation franco-allemande. Ainsi, le français Jean Monnet impulse l'établissement de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier en 1951. [...]
[...] Les Français et l'Europe Aux élections européennes de juin 2009, le taux d'abstention des électeurs français s'est élevé à près de 60%. Cette faible mobilisation montre que l'Europe est perçue par beaucoup de français comme une construction lointaine et technocratique, éloignée du quotidien des français. Pourtant, plus de 70% des lois votées à l'Assemblée Nationale, comme dans d'autres assemblées législatives européennes, sont issues des décisions de l'Union Européenne, ce qui met en relief le décalage entre le pouvoir bien réel de l'Europe et le désintérêt qu'elle suscite chez de nombreux français. [...]
[...] Nonobstant, les Français semblent de moins en moins en phase avec l'Europe. L'Europe constitue toujours un enjeu actuel dans la vie politique française, bien que l'approfondissement et l'élargissement sont de plus en plus associés à une impression de distension du lien avec les Français et d'une absorption progressive mais inéluctable de la souveraineté de l'Etat français. L'Europe en pleine expansion laisse le peuple français assez perplexe. En effet, en 1992 la Traité de Maastricht est ratifié par référendum en France à une très courte majorité alors qu'il est à l'origine de la monnaie unique et donc d'une zone de stabilité monétaire, gage de croissance des échanges économiques, il instaure également la codécision dans de nombreux domaines pour le Parlement Européen ainsi que la citoyenneté européenne, grand pas en avant vers l'intégration politique de l'Europe. [...]
[...] A partir des années 1960, la conception française de l'Europe est à l'origine de divergences au sein de la Communauté, bien que cela ne paralyse pas l'engagement français dans la construction européenne qui se poursuit tant bien que mal. En 1961, la demande d'adhésion de la Grande Bretagne à l'Europe entraine le refus immédiat du Général De Gaulle, ce qui se reproduit en 1967. La rivalité économique et commerciale et le refus d'une Europe atlantiste, les Anglais étant inféodés aux Etats Unis, sont mis en avant comme des choix émanant des Français. Cette situation de blocage pour l'adhésion britannique ne prend fin qu'avec l'arrivée de Pompidou au pouvoir. [...]
[...] Une fois de plus, l'Europe n'est pas comprise, elle est considérée comme trop opaque. Ce sentiment d'incompréhension s'accroit avec le Traité d'Amsterdam de 1997 et le Traité de Nice de 2001 qui adoptent le fonctionnement de l'Union Européenne à ses nouveaux membres, notamment par une nouvelle pondération des voix au sein du Conseil. La sensation d'être dépassé par l'Europe décuple l'impression d'opacité auprès des Français. En lieu et place de ces aménagements plutôt protocolaires, les préoccupations quotidiennes sont fixées sur le chômage en France et, plus récemment, sur la protection de l'environnement, zone d'ombre de l'action européenne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture