C'est une période de fortes turbulences, qui met en cause le consensus républicain tel qu'il avait été installé dès avant 1914, et consolidé par la victoire. On entre dans un climat de guerre civile au moins verbale, mais parfois physique, ce qui mènera au gouvernement de Vichy. Trois éléments : tout d'abord, les événements (le 6 et le 12 février 1934) et les représentations qu'on s'en fait. Un événement est " ce qui arrive et a quelque importance ". R. Raymond en distingue plusieurs : d'abord, l'événement qui impose d'emblée à l'opinion la conviction de son historicité. Cette conviction précoce est souvent confirmée par la postérité. Exemple : octobre 1917, 30 janvier 1933, novembre 1989 : ces événements ont d'emblée été perçus comme des événements historiques, et le sont toujours. Deuxième catégorie, les événements perçus comme tels, mais s'avèrent ne pas avoir de portée historique. Dans cette catégorie entrent tous les faits divers, comme la tempête de 1999 ou la tentative de coup d'État contre Gorbatchev en 1991. Troisième catégorie, les événements dont l'importance n'est pas saisie d'emblée par l'opinion mais s'avèrent après coup historiques. Exemple, l'élargissement de la saisine du Conseil Constitutionnel en 1974. Le 6 février 1934 appartient à la première catégorie : il a d'emblée été saisi comme extraordinaire, par la violence de l'émeute (18 morts), son lieu, ne plein coeur de Paris, sa cible, l'Assemblée Nationale. Mais il est aussi saisi comme important par ce qu'il n'est pas : pour la gauche, c'est la version française de la Marche sur Rome de Mussolini. Les historiens, en particulier depuis S. Bernstein, savent que ce n'est pas le cas : ce n'est pas une tentative de coup d'État. Mais très souvent, la représentation de l'événement est plus forte que l'événement lui-même : dès que les gens croient qu'il s'est agi quelque chose, ils agissent en conséquence. Ainsi, on peut dire que le Front Populaire sort du 6 février 1934. Deuxième élément, la naissance de deux mythe mobilisateurs : l'antifascisme à gauche, et l'anticommunisme à droite, la bipartition qui va couper la France jusqu'à la guerre. L'antifascisme est un élan défensif qui mobilisera toutes les composantes de la gauche, y compris le PC qui devient un parti de gauche à l'époque, contre un ennemi protéiforme à la fois extérieur et intérieur. Ce fascisme, vu de gauche, c'est la réincarnation du blanc éternel, du Chouan, de la Restauration, de Napoléon III. On se fait cette image du fascisme, qui colle davantage à la réalité des ligues françaises. Cet antifascisme est un appel à l'unité du peuple de gauche pour défendre la République et le mouvement ouvrier. Ce sera donc un puissant vecteur de réintégration de la nation, avec toutes ses symboliques, dans le patrimoine des gauches françaises, qui vont désormais mêler drapeaux rouge et tricolore, Marseillaise et Internationale... A droite, l'équivalent est l'anticommunisme, trait d'union de toutes les droites qui vont se cimenter sur ce thème. Troisième élément, la formation à partir de juillet 1934 d'une alliance entre les deux partis séparés lors du Congrès de Tours, socialistes et communistes qui signent un pacte d'unité d'action en juillet 1934, qui prendra en octobre 1935 le nom de rassemblement populaire, en s'étendant à toute la gauche. Pour le PCF, c'est une période très importante car il devient un parti de masse.
[...] En particulier les communistes britanniques qui auront un peu de mal à chanter le God save the King . et leur parti restera un petit parti. Les radicaux, même s'ils se méfient, accueillent favorablement ces propositions. En effet, le parti radical, aussi affadi soit-il, se veut toujours un parti de gauche. Ensuite, ce n'est pas les radicaux qui font le pas, mais les communistes, qui acceptent les thèmes défendus par les radicaux. Enfin, les radicaux ont un réel désir de sortir de l'impasse politique. [...]
[...] Dès le 7 février au matin, la CGT clame que " le fascisme est à nos portes. " Deuxième interprétation, opposée, ans certains courants de droites extrêmes, en particulier à l'AF, chez les francistes et dans d'autres ligues, l'idée que le 6 février est un coup d' État manqué, car ils auraient ou s'unir et mettre les députés à la Seine. Les Croix de Feu veulent rester dans une voie légalistes, mais les éléments les plus extrémistes des ligues vont se rassembler dans la Cagoule (Comité Secret d'Action Révolutionnaire), organisation conspirative qui préparera un coup d'État, et accomplira des attentats meurtriers. [...]
[...] Elle commence avec les élections municipales de 1935. Dans la plupart des localités, des listes communes socialistes-communistes se présentent. Mais les désistements jouent entre ces listes et les listes radicales. Ensuite, des élections ont lieu en mai 1935 entre le nouveau président du Conseil, de droite, Pierre Laval, qui visite officiellement Staline au printemps 1935, et signe un accord d'assistance mutuelle, le pacte franco- soviétique, qui n'a pas de clause militaire. Or, Laval se plaint que le PC refuse de voter les budgets de défense nationale. [...]
[...] Il sera sauvé par des syndicalistes du bâtiment. La presse d'extrême droite, très influente, appelle quotidiennement au meurtre et à la violence, avec des journaux comme Gringoire, hebdomadaire vendu à exemplaires, à l'origine de droite modérée, qui va se radicaliser dans le sens de la xénophobie, de la haine de la gauche, et du pacifisme de droite. Sa principale plume est Béraud, romancier lyonnais. On trouve aussi Candide, plutôt maurassien, et le plus extrême, Je suis partout, de Robert Brasillach, P-A Cousteau, P. [...]
[...] Ainsi, la SFIO aura à son programme le vote des femmes, les congés payés, la suppression du Sénat, qui ne sont pas au programme du Front Populaire. Pour conclure, si en amplification d'une stratégie internationale, tous les PC d'Europe tendent de conclure des alliances de ce type, seuls les PC français et espagnols y parviendront (Avec le Frente Popular). En dehors de ces deux pays, où les PC sont ultra-minoritaires, ces accords ne se feront pas, même si les PC essayeront tous de se nationaliser et de s'allier aux socialistes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture